Lexique de vieux sindarin

Quatre Anneaux
Helge Kåre Fauskanger — Mars 1999
traduit de l’anglais par Damien Bador
Articles de synthèse : Ces articles permettent d’avoir une vue d’ensemble du thème traité mais ils nécessitent une bonne connaissance des principales œuvres de J.R.R. Tolkien.

A

  • abóro « Avar », « Elfe qui ne quitta jamais la Terre du Milieu ni n’entama la marche [depuis Cuiviénen] ».

Dans « Les Étymologies », ce mot était dérivé du radical AB-, ABAR- « refuser, dénier »1), et la forme primitive donnée était ábârô (ou ábâro), comprenant la terminaison personnelle (masculine / agentive) –ô : un ábârô est ainsi un « refusant » (c’est-à-dire, quelqu’un qui a refusé l’invitation des Valar de venir à Valinor). Lorsqu’il n’est pas final, le â long primitif devient ó en vieux sindarin ; pour un autre exemple, cf. ndóko (q.v.), dérivé de ndâkô. (Dans des mots monosyllabiques, â peut devenir ó même lorsqu’il est final ; cf. « main », dérivé de .) Cependant, les -â, -ê, -î, -ô, -û longs primitifs sont simplement abrégés ; la qualité des voyelles reste inchangée : par conséquent, le –ô final de ábârô devient –o dans abóro. – La reconstruction ábârô et le radical AB-, ABAR- sont remplacés par des informations que Tolkien a fournies dans une source plus récente d’environ un quart de siècle que « Les Étymologies », nommément l’essai « Quendi and Eldar », datant d’environ 19602). Dans WJ, p. 370, le radical dont les mots quenya et sindarin pour Avari sont dérivés est dit être ABA. Ce radical « probablement dérivé d’un élément négatif primitif, tel que *BA « non » ! (…) il exprimait le refus de faire ce que d’autres pouvaient souhaiter ou encourager. » La plus vieille forme est désormais dite être abaro, non pas ábârô, comme dans les Étym., avec des â et ô longs. Tandis que Tolkien considérait initialement le r faire partie du radical ABAR donné dans les Étym.3), abaro doit être analysée comme une concaténation du nouveau radical ABA et de la terminaison agentale –ro, plus longue. Cette nouvelle reconstruction est dite avoir donnée l’eldarin commun abar4), qui aurait aussi été la forme en vieux sindarin. La forme plurielle #abari aurait donné le pluriel sindarin Evair, qui est attesté en WJ, p. 380 (dit être une forme n’étant connue que des maîtres du savoir). La reconstruction antérieure ábârô, donnant le vieux sindarin abáro, produisait à la place le sindarin (« noldorin ») Afor, pl. Efuir, plus tard Efyr (LRW, p. 347 – dans ces mots, f est juste une façon particulière d’écrire le v ; lire Avor, pl. Evuir, Evyr). Il semblerait que toutes ces formes aient été rendues obsolètes par les concepts ultérieurs de Tolkien présentés dans « Quendi and Eldar ».

  • alpha « cygne ».

La forme primitive donnée est alk-wâ, dérivée du radical ÁLAK « précipitation, ruée » (LRW, p. 348). Alk-wâ semblerait être une formation adjectivale (terminaison –wâ, voir katwe à ce sujet), le mot primitif avait donc probablement la même signification que le radical : « précipitation, ruée », plus tard utilisé comme nom signifiant « (quelqu’un) se précipitant », appliqué à un animal. Dans toute la branche lindarine de la famille des langues elfiques, le kw primitif se changea très tôt en p (WJ, p. 375, cf. p. 407 n. 5), ainsi alk-wâ, alkwâ devint d’abord alpa (forme qui persista en telerin d’Aman), mais dans l’évolution du vieux sindarin, un changement subséquent transforma les p, t, k suivant une liquide l ou r en ph, th, kh respectivement. D’où la forme alpha (qui donna à son tour le sindarin alph, pl. eilph – voir UT, p. 265, note de bas de page). Comparer avec salpha et pour d’autres exemples de p, t, k > ph, th, kh après l ou r voir bértha-, parkha, parthóbi, pelthaksa, sulkha. (Pour des mots où ce changement n’a pas lieu, voir awarta, ngurtu, orko/orkui, ortie, ortóbe. Puisque les formes ultérieures du sindarin sont awartha, gurth, orch/yrch et ortho, il semblerait que ce changement ait fini par avoir lieu ; les formes anormales pourraient s’expliquer s’il s’agissait de vieux sindarin ancien, donnant par la suite #awartha, #ngurthu, #orkho/orkhui, #orthie, #orthóbe.)

  • ammale, ammalinde « oiseau jaune, “bruant jaune” », dérivé du radical SMAL « jaune »5).

Les formes primitives données sont asmalê, asmalindê ; ces exemples indiquent qu’en vieux sindarin, l’agglomérat sm était assimilé en mm entre voyelles. Les deux mots présentent un a préfixé, qui est probablement juste une réduplication de la voyelle radicale, et le suffixe –ê est probablement une terminaison féminine. Asmalindê présente une terminaison féminine plus longue –indê, qui n’est pas autrement attestée en tant que forme primitive, mais voir le quenya –indë comme dans Serindë (Þerindë) « Couturière »6).

  • anda « long », seulement attesté dans le composé andatektha, q.v.

Dérivé du radical ÁNAD, ANDA7), qui n’est pas glosé ; la forme primitive est ici andâ avec la fréquente terminaison adjectivale –â, quoique aucune forme vieil sindarine ne soit listée ici (mais les termes sindarins ultérieurs and, ann sont mentionnés).

  • andatektha « marque longue » (= q. andatehta, un symbole écrit utilisé pour indiquer qu’une voyelle est longue ; listé dans LRW, p. 391 s.v. TEK).

Composé de anda et tektha (q.v.), n’étant pas attestés en vieux sindarin par ailleurs. La forme « noldorine » descendant de andatektha est dite être andeith dans les Étym., correspondant au sindarin andaith dans le SdA, App. E : « Dans ce mode [le mode de Beleriand des tengwar], la longueur vocalique était habituellement indiquée par un ‘accent aigu’, appelé andaith “marqueur long” dans ce cas. »

  • ango « petit-fils, descendant ».

Dérivé du radical ÑGYÔ, ÑGYON8) qui est glosé de façon similaire ; il faut probablement le considérer comme un affermissement du radical , YON « fils »9), puisque Tolkien nota une référence croisée vers ce radical. Les formes quenyarine et telerine apparentées à ango sont respectivement indyo et endo ; ensemble, ces formes pointent vers un ñgjô primitif, identique à la forme ÑGYÔ listée par Tolkien (y = j). Les détails peuvent être débattus, mais il nous faut probablement faire l’hypothèse d’un développement similaire à ñgjô > #ñdjô > #ñdô > #añdo > ango (comparer le développement quenya #ñdjo > #iñdjo > indyo et le telerin ñgjô > #ñdjô > #ñdô > #eñdo > endo). La raison pour laquelle un a (en quenya un i, en telerin un e) apparurent devant le ñ est à l’évidence que cette consonne initiale était syllabique (quenya Ingoldo ; la forme sindarine Angolodh n’était pas usitée en pratique, mais sa forme vieil sindarine aurait néanmoins été #Angolodo). – Le terme ango « petit-fils, descendant » ne fut à l’origine d’aucun terme sindarin, probablement parce que ceux-ci auraient été confondus avec ang « fer » (vieux sindarin #anga) après la perte des voyelles finales.

  • anu « un mâle (des Hommes ou des Elfes), un animal mâle ».

Dérivé du radical 3AN10), simplement défini comme « mâle ». La forme primitive serait #3anû, une terminaison masculine assez bien attestée étant ajoutée au radical (cf. par exemple kherû « maître »11), d’où dérive le quenya heru « seigneur »). Concernant la perte du 3 initial (également reconstruit comme donnant h), cf. elwa, dérivé de #3elwâ.

  • Araume < Oroume « Oromë », nom d’un Vala.

Dans « Les Étymologies », ce mot était dérivé de ORÓM12),une forme redoublée de ROM « bruit fort, sonnerie de cor, etc. » (LRW, p. 384 ; cf. romba, róma). La forme primitive de ce nom est donnée : Orômê13). La terminaison –ê est surprenant de la part d’un Vala masculin, puisque celle-ci est normalement féminine. Dans ce cas, doit peut-être s’interpréter comme une terminaison abstraite ; cf. WJ, p. 400, où il est dit que les Eldar interprétèrent ce nom comme signifiant « sonnerie de cor ». D’Orômê, Tolkien dériva d’abord le vieux sindarin Oroume ; nous nous serions plutôt attendus à ##Orúme, puisque le ô primitif se changeait en ú en v. sind. (voir brúna, par exemple). Peut-être « ou » est-il simplement une autre façon d’écrire ú ; voir doume sous dogme. Cet étrange « ou » devient ensuite au dans Araume (quoique ú devrait normalement rester inchangé en sindarin !), et en même temps, le o initial devient mystérieusement a (un genre de dissimilation ?) Cette évolution semble être assez particulière ; Tolkien se dirige tout droit vers la forme Araw du sindarin classique, peut-être choisie avant qu’il s’efforce de déterminer les détails phonologiques. La signification précise du nom reste vague ; elle est simplement en rapport avec les cors ou les sonneries de cor. Cependant, cette explication du nom Oromë/Araw est rendue obsolèe par l’essai « Quendi and Eldar », écrit approximativement un quart de siècle après. Tolkien rejeta l’interprétation « sonnerie de cor » ou « sonneur de cor » comme une simple étymologie populaire de la part des Elfes ; il n’y avait en fait aucune connection réelle avec le radical ROM après tout. Tolkien décida que le nom d’Oromë était en fait adapté de la forme que ce nom avait dans la langue des Valar. En valarin, le nom désignait simplement Oromë et n’avait aucune étymologie plus détaillée14). La forme valarine originale était Arômêz (avec une variété spécifique de ô, ouverte et proche d’un a) ; la plus ancienne adaptation elfique était Arâmê, devenant plus tard Arômæ (avec un ô proche du a), puis Araum(a), Araumh (mh = v nasalisé) et Arauv, devenant finalement Araw en sindarin classique. La forme Arômæ peut être considérée comme du vieux sindarin. Dans le schéma phonologique utilisé par Tolkien dans « Les Étymologies », le Arâmê primitif aurait donné le vieux sindarin #Aróme, qui n’en est pas très éloigné (mais les idées de Tolkien concernant le développement du sindarin se modifièrent clairement au cours des ans, et il n’est pas surprenant qu’il n’y ait pas un accord parfait entre « Les Étymologies » et l’essai « Quendi and Eldar », écrit beaucoup plus tard).

  • awarta « délaisser, abandonner ».

Dérivé du radical WAR- « faire place, céder, ne pas supporter, laisser tomber, trahir »15) ; la forme primitive serait awartâ-. Le suffixe verbal –tâ est très courant ; la préfixation de la voyelle radicale signale probablement un intensif. Par opposition, voir le verbe plus simple warie « trahir », dérivé du même radical, mais sans voyelle préfixée (ni terminaison). – La forme awartha doit être du vieux sindarin ancien, car plus tard, les t suivants des r devinrent th (donnant possiblement awartha-, forme attestée ultérieurement en sindarin). Comparer avec bértha-, dérivé de #berthâ-.

B

  • Bala « Puissant, Dieu, Vala ».

Dans « Les Étymologies », ce terme est dérivé du radical non-défini BAL (LRW, p. 350) ; une entrée plus tardive BEL « fort » est cependant comparée à BAL, donc la signification basique pourrait être en rapport avec le « pouvoir ». La forme primitive de bala est donnée : *bálâ, une formation qui semble être bâtie sur le modèle de Bánâ < BAN ; voir Bana ci-dessous. Dans WJ, p. 403, Tolkien donne certaines informations concernant le quenya Vala, un proche parent de Bala. Vala (et par conséquent Bala) est au sens propre un verbe « a pouvoir », et la forme plurielle Valar (vieux sindarin #Bali ?) peut être interprétée comme signifiant « ils ont pouvoir ». Par la suite, ces verbes furent également utilisés comme noms : « un Pouvoir / Puissant, les Pouvoirs / Puissants ». – Le terme Bala en tant que tel ne semble pas avoir de descendant indépendant en sindarin ; le terme utilisé dans ce langage pour désigner un Vala, Balan, descend des formes allongées Balane, Balano.

  • Balandor « Valinor », # « Terre des Valar »16).

Composé de Bala « Vala » et de ndor « terre », q.v.

  • Balane forme fém. de Bala, « Valië »17).

Du primitif #Balanê, c’est-à-dire la forme plus basique Bala (cf. supra) accompagnée de la terminaison féminine –nê. Voir Balano.

  • Balano forme masc. de Bala « Vala (masculin) »18).

Du primitif #Balanô, c’est-à-dire la forme basique Bala (voir ci-dessus), à laquelle est ajoutée la terminaison masculine –nô. En sindarin ultérieur, après la perte des voyelles finales, le masc. Balano et le fém. Balane convergèrent en un nom neutre pour désigner un Vala, Balan.

  • Balthil un nom de l’Arbre Blanc de Valinor19).

La forme sindarine infléchie, Belthil, est traduite par « Radiance divine » dans l’Index du Silmarillion. Ce terme semble être un composé simple de deux radicaux, BAL et THIL20). BAL génère des termes pour « Vala » et par conséquent « divin(e) » (voir Bala ci-dessus), tandis que THIL est dit21) être une variante du radical SIL, signifiant « briller argenté » (LRW, p. 385 ; comparer avec L, p. 425, troisième note de bas de page). La formation Balthil semble être assez similaire à Narsil, dite22) être « composée de 2 radicaux basiques sans variation ni ajout ».

  • Bana «Vana », nom d’une Valië (la forme quenya s’écrit Vána dans le Silmarillion publié).

La forme primitive donnée est Bánâ. La terminaison –â est habituellement adjectivale et jamais explicitement féminine ; elle pourrait simplement être une suffixation avec allongement de la voyelle radicale, mais à l’origine, bánâ pourrait avoir été un adjectif utilisé plus tard comme épithète de cette déesse (comparer avec le nom quenya d’une autre déesse, Varda, originellement un adjectif signifiant « élevé, sublime » ; voir barada). Bánâ est dérivé du radical BAN23), qui n’est pas défini en tant que tel, mais qui semble en rapport avec la beauté : c’est la source du quenya vanya « beau, splendide ». Si bánâ est réellement un adjectif, il pourrait avoir une signification similaire. En vieux sindarin, le composé Bana-wende (« #demoiselle de Vána » ou même « #Demoiselle-splendide ») était également utilisé ; voir wende. – Dans WJ, p. 383, des informations tirées d’une source tardive (c. 1960) indiquent que le nom quenya de cette Valië, Vána est en fait tiré d’un radical WAN ; ce radical est en rapport avec la pâleur, également associée à la beauté (de façon similaire à l’angl. fair). Il est probable que dans ce texte, la forme primitive soit supposée être #Wânâ, qui donnerait # Wóna en vieux sindarin.

  • barada « élevé, noble, sublime » (ou « raide, fortement incliné » si = sindarin baradh, le mot qui en a découlé).

Dérivé du radical BARÁD24), lui-même non-défini mais suggéré être une forme étendue de BAR, hypothétiquement dit signifier « élever »25) ; BARÁD pourrait signifier quelque chose comme « #élevé, soulevé », et par conséquent « élevé, noble, sublime ». La forme primitive est dite être barádâ, présentant la terminaison adjectivale normale –â (en quenya, le nom de la déesse Varda, La Sublime, est dérivé de cet adjectif primitif).

  • baraha, anciennement barasa « chaud, brûlant ».

Dérivé du radical non-défini BARÁS26), dit ne se retrouver qu’en « noldorin » (lire : sindarin). La forme primitive donnée est barasâ (accentuée sur la syllabe finale), comportant la fréquente terminaison adjectivale –â. En vieux sindarin, la plus vieille forme était barasa, devenant plustard baraha avec lénition du s intervocalique en h. Pour d’autres exemples de cette lénition, cf. pelehi, thelehi sous pele, thele ; voir aussi kheleha.)

  • barane « marron, basané, brun sombre ».

La forme primitive serait # baráni, c’est-à-dire le radical BARÁN (LRW, p. 351) accompagné de la terminaison –i, très commune dans les adjectifs de couleur primitifs (en particulier, comparer avec karani « rouge », dérivé de KARÁN, LRW, p. 362). La forme composée quenya varni- préserve la qualité originelle de la voyelle finale (varnë hors d’un mot composé, avec la même transformation des –i finaux courts en –e qu’en vieux sindarin ; ce changement semble avoir eu lieu à l’étape de l’eldarin commun, et est donc partagé par le vieux sindarin, le quenya et le telerin).

  • barasa « chaud, brûlant » ; voir baraha (la forme tardive).
  • Barathi, également Barathil « Varda, Elbereth »27).

La forme Barathil semble être secondaire, avec une terminaison féminine ­-il plus longue, que l’on retrouve dans khíril « dame » (et dans Bradil, un autre nom pour Varda, plus tard biffé). Le second élément du nom sindarin normal de la déesse Varda, Elbereth, dérive de Barathi (avec un élément el- « étoile » préfixé) ; voir elen-barathi. D’après RGEO, p. 74, le sindarin bereth (dérivé de barathi) signifie « épouse », utilisé pour la femme d’un roi, d’où venant à signifier « reine » : Varda est à la fois la Reine des Valar et l’épouse de Manwë. Dans L, p. 282, Elbereth est traduit par « Dame des étoiles », apportant encore une glose différente pour bereth, d’où barathi « dame ». Dans « Les Étymologies », le radical BARATH, dont Barathi est dérivé n’est pas défini clairement, mais il est simplement suggéré être « en relation avec BAR et BARÁD ». Pour ce dernier, voir barada. Ici, le radical le plus basique est clairement BAR, hypothétiquement défini par « élever », et donc capable de produire des mos pour quelque chose de haut ou de noble ; BARÁD et BARATH sont clairement de simples formes étendues de BAR, et BARÁD (donnant naissance à des mots pour « élevé, noble, sublime, raide ») est dit avoir « fusionné » avec BARATH. Tolkien dérivait Barathi du primitif Barathî, possédant la terminaison féminine –î. Puisque Barathî était définie comme « épouse de Manwë, Reine des Étoiles », il semble sous-entendu que c’était le premier nom que les Elfes primitifs donnèrent à Varda. Barathî aurait dû donner #Varsi en quenya ; cependant, Tolkien a imaginé que ce nom primitif avait fusionné avec l’adjectif barádâ « élevé, noble, sublime », qui était l’origine véritable du nom quenya Varda. Néanmoins, le nom ancien perdura en sindarin, et donna l’élément final du nom ultérieur Elbereth. – Il semble quelque peu douteux que Tolkien ait voulu que barathî signifie simplement « épouse » lorsqu’il écrivit « Les Étymologies », quoique c’est ainsi qu’il définit le sindarin bereth dans RGEO, p. 74, nombre d’années plus tard. Barathî devait probablement signifier à l’origine « #celle qui est sublime / noble / élevée ». Après avoir adopté l’interprétation « épouse », peut-être Tolkien imagina-t-il que bereth comprenait la terminaison sindarine féminine –eth, primitive –ittâ28) ; s’il en est ainsi, la forme primitive serait plutôt #berittâ ou #barittâ (et la forme vieil sindarine #berittha ou #barittha).

  • bata « sentier battu, chemin ».

Dérivé du radical BAT29) ; la forme primitive donnée est bátâ (ou báta, mais cette dernière aurait plutôt donné naissance au vieux sindarin **bat). La terminaison –â est parfois utilisée pour former des noms (plus souvent des adjectifs), mais dans ce cas, il pourrait simplement s’agir de la voyelle radicale redoublée et suffixée. Il est aussi possible que –â ait ici une signification locale ; comparer avec rattha, yura.

  • batthô « piétiner » (indiqué être accentué sur la syllable finale).

Dérivé du radical BAT « fouler »30) ; la forme primitive donnée est battâ- (comme batthô, il est indiqué qu’elle est accentuée sur la dernière syllabe). Il est dit que dans battâ, la « consonne médiale [est] allongée dans les formations fréquentatives » : le T du radical BAT « fouler » est doublé pour symboliser la répétition de l’action : « #fouler répétivement » = « piétiner ». En vieux sindarin, les tt primitifs deviennent tth (comparer avec rattha, q.v., dérivé de rattâ ; il est probable que les kk, pp primitifs aient donné kkh, pph : quoique nous n’ayons aucun exemple explicite, les mots sindarins plus tardifs suggèrent la présence d’un tel développement en vieux sindarin). Normalement, les –â longs finaux des mots polysyllabiques deviennent –a dans les mots en vieux sindarin (voir abóro). Par conséquent, nous pourrions nous attendre à ce que battâ- donne #battha- plutôt que batthô. Les â longs non finaux peuvent devenir ó(ici écrit ô) en règle générale, de même que les â finaux dans les monosyllabes (voir ). Ce qui fait évidemment la différence est que le –â final de battâ- était accentué (exactement comme la voyelle finale de batthô l’est encore). L’accent aurait été transféré à la première syllabe dans batho, la forme sindarine ultérieure. Lorsque Tolkien écrivit cela, il devait déjà avoir décidé que les voyelles finales originelles disparaissaient en sindarin. Ici, il semble expérimenter avec le concept que les voyelles finales accentuées n’étaient pas perdues, que batthô (accentué sur le –ô) devint d’abord bathó en sindarin, la voyelle finale survivant du fait qu’elle était accentuée, et l’accent ne se déplaçant que plus tard sur la première syllabe, quand le schéma classique d’accentuation évolua. Un verbe sindarin d’une entrée plus ancienne des « Étymologies » pointe dans la même direction : berio « protéger », dérivé de la forme primitive barjâ (baryâ) ; une fois de plus, Tolkien indiqua avec soin que le –â final était accentué31). Il assuma probablement qu’en vieux sindarin, barjâ devenait #baryô (baryó), toujours accentué sur la syllabe finale, qui donnait à son tour le sindarin #berió, plus tard berio, avec l’accentuation sur une autre syllabe. Cependant, il apparaît que Tolkien décida peu après d’une route complètement différente pour dériver les verbes sindarins en –o des formes primitives en –â, rejetant l’idée des « voyelles finales accentuées » qu’il avait testé avec les premières entrées des « Étymologies ». (Dans les entrées plus tardives, même les –â finaux accentués deviennent –a plutôt que –ô en vieux sindarin ; voir khalla.) Au lieu d’assumer que –â était accentué à l’origine, il introduisit la terminaison infinitive –be ; dans « Les Étymologies », elle apparaît pour la première fois dans l’entrée BEW (où buio « servir, suivre » est dérivé du vieux sindarin buióbe, q.v. pour le développement phonologique). Peut-être Tolkien aurait-il dérivé le sindarin batho du vieux sindarin #batthóbe et non batthô, s’il avait trouvé le temps de réviser toutes ses notes pour les rendre conformes avec ses nouvelles conceptions.

  • belda « fort », dérivé du radical BEL de signification similaire32) ; la forme primitive aurait été #beldâ, avec un affermissement médian l > ld et un –â adjectival. (Comparer avec kuldâ « rouge-doré », dérivé de KUL, LRW, p. 365).
  • beleka « puissant, énorme, grand ».

Dérivé du même radical BEL « fort »33) que belda ci-dessus. Tolkien mentionne d’abord une forme bélek, qu’il faut probablement comprendre comme une variante étendue de BEL, avec la voyelle radicale redoublée et suffixée (appelée ómataina, extension vocalique) et ajout d’une consonne –k. La forme primitive bélekâ suit, qui correspond clairement à ce radical étendu, augmenté de la fréquente terminaison adjectivale –â.

  • belka « excessif » – attesté en tant que mot telerin, mais « possiblement du v. nold. », vieux noldorin34).

Bien sûr, aucun mot de vieux sindarin n’aurait pu traverser l’océan et s’intégrer au parler des Teleri d’Aman. Si l’on oublie les difficultés causées par la révision que Tolkien fit de l’histoire de ce langage, belka serait simplement une variante de beleka, dérivé du même radical BEL « fort ». Dans le cas de belka, la forme primitive aurait été # belkâ, avec une terminaison adjectivale –kâ ajoutée directement après le radical (plutôt que la terminaison courte –â ajoutée au radical étendu bélek- comme ci-dessus). Concernant la terminaison adjectivale –kâ, voir par exemple poikâ « propre, pur », dérivé de POY, LRW, p. 382.

  • belle «force (physique) ».

Dérivé du même radical BEL35) que belka et belda ci-dessus : il est fort probable que la forme primitive de belle soit #bellê, puisque la terminaison –ê est souvent abstraite. Le doublement du ll pourrait être une « fortification médiale », quoique l > ld soit plus fréquent. (Noter que l’ilkorin bel est dit dériver de belê sans doublement du l.) On peut concevoir que bellê corresponde au radical BEL avec la terminaison générale et abstraite –lê36).

  • berina « audacieux, brave ».

Dérivé du radical BER « vaillant »37) ; il s’agit d’une formation adjectivale similaire à malina (q.v.), dérivé de smalinâ : ici, le terme primitif serait # berinâ.

  • bértha- « être audacieux » (l’accent indique probablement que la première syllable est accentuée, pas que le e est long).

Dérivé du radical BER « vaillant ». La forme primitive serait #bertâ-, le fréquent suffixe verbal –tâ étant utilisé de façon notablement particulière : pour former un verbe statif, décrivant ce que l’on est plutôt que ce que l’on fait. Normalement, -tâ forme des verbes transitifs ou même causatifs (e.g. tultâ- « faire venir », dérivé de TUL- « venir », LRW, p. 395). – Après r et l, le t primitif devient th en vieux sindarin ; voir alpha. Puisque ngurtu (pas #ngurthu) est dit être une forme vieil sindarine, il se pourrait que cette évolution ait eu lien au cours de la période du vieux sindarin, et qu’une forme antérieure de bértha- ait été #bérta-.

  • besse « épouse » (ou « femme » ?)

Dérivé du radical BES « marié »38) : la forme primitive donnée est bessê. Ce mot pourrait contenir la terminaison (féminine ?) –sê vue dans NDIS-SÊ39), d’où dérive le quenya nissë « femme ». Alternativement, le doublement du S de BES serait une sorte d’affermissement médian, et la terminaison serait simplement le suffixe –ê. – Nous ne pouvons déterminer avec certitude si besse signifiait « épouse » ou simplement « femme » ; le primitif bessê est glosé par « épouse » (reflet fidèle de la racine signifiant « marié »), tandis que le sindarin bess possède une signification plus générale, « femme ». La forme vieil sindarine besse est mentionnée, mais non définie. Elle signifiait probablement toujours « épouse » ; la terminologie de l’entrée BES semble indiquer que c’est le sindarin bess et non la forme antérieure besse qui fut employée pour remplacer les anciens mots pour « femme ». Voir aussi LRW, p. 378.

  • bioro, également biuro « suivant, vassal ».

Dérivé du radical BEW « suivre, servir » ; la forme primitive donnée, beurô, possède la terminaison masculine -rô (souvent agentale, comme ici ; WJ, p. 371). Il semble que le eu primitif devint d’abord iu, puis io ; il faut probablement comprendre que biuro était une forme plus ancienne, devenant plus tard (mais toujours à la période du vieux sindarin) io. Comparer avec sniuma « piéger », dérivé de # sneumâ ; la forme « noldorine » utlérieure hniof (sindarin #nýw) suggère que iu devint plus tard io (#snioma). – Dans « Les Étymologies », le nom Bëor est dérivé de bioro. La signification de ce mot, « Vassal », reste la même dans Le Silmarillion publié (chap. 17), mais ce nom y est dit dériver de la langue du propre peuple de Bëor, non de l’elfique : le concept initial de Tolkien semble avoir subit quelques révisions. (En sindarin, les anciens bioro, biuro donneraient býr plutôt que beor ; peut-être Tolkien, désirant garder le nom Bëor, depuis longtemps établi, même après qu’il ait révisé la phonologie du sindarin, le transféra-t-il pour cette raison du gris-elfique à la famille des langues humaines.)

  • Boromíro n. m. « #Joyau fidèle », Boromir (LRW, p. 353 s.v. BOR ; la variante se trouve en LRW, p. 373, entrée MIR).

L’entrée BOR indique que Boromíro représente Boronmíro ; la forme Borommíro dans l’entrée MIR reflèterait nm sous la forme d’un double mm, n étant assimilé. Le premier élément boron, non assimilé, est apparemment plus ou moins semblable au mot indépendant boron, voir ci-dessous. L’élément míro est à l’évidence une variante de míre « joyau », q.v., la terminaison masculine –o se substituant à –e lorsque le mot est en deuxième position d’un nom masculin. – Dans une note de bas de page de l’Appendice E du SdA, le nom Boromir est dit être une forme « mixte », le contexe indiquant qu’il est supposé contenir des éléments quenya et sindarin ; c’est probablement la manière que Tolkien employa pour expliquer pourquoi le m de Boromir n’est pas lénifié en v. Dans « Les Étymologies », Boromir est décrit être « un vieux nom n[oldorin] [plus tard : sindarin] d’origine ancienne ». Par conséquent, même si ce nom existait avant que le SdA ne soit écrit, les idées de Tolkien concernant son histoire précise semblent avoir subies des révisions.

  • boron « constant, homme loyal, vassal fidèle », pl. boroni40).

Dérivé du radical BOR- « endurer »41) ; la forme primitive bóron- est donnée (le tiret suggère qu’une voyelle finale, peut-être le marqueur –o du masculin, était présente à l’origine). La forme bóron- comporte une ómataina (réduplication de la voyelle radicale) et la terminaison –n ; en effet, le radical BORÓN, également listé en LRW, p. 353, est dit être une « extension » de BOR et une « forme verbale » de boron- (noter la différence d’accentuation). La terminaison plurielle que l’on voit dans boroni descend directement du –î primitif. – Pour un parallèle possible avec boron, pl. boroni, dérivé de BOR, voir toron, pl. toroni, dérivé de TOR (voir aussi #thoron).

  • Boronmíro > Boromíro (n. m.)42). Voir Boromíro.
  • [Bradil] (biffé) « Varda ».

Ce nom rejeté pour la déesse des étoiles était dérivé du radical BARÁD43), pour lequel on renverra à l’entrée barada. La forme brad- a perdu la voyelle initiale, inaccentuée, de BARÁD (cf. branda infra) ; la terminaison –il est un suffixe féminin que l’on retrouve dans Barathil et khíril (q.v.)

  • branda « élevé, noble, délicat ».

Le même terme se retrouvait en telerin d’Aman. Dérivé du radical BARÁD, lui-même non défini ; voir barada pour quelques commentaires à propos de ce radical. La forme primitive de branda est dite être b’randâ, qui affiche une perte du A initial, une infixation nasale (ou affermissement médian d > nd) et un ajout de la fréquente terminaison adjectivale –â. Peut-être devons-nous comprendre que la forme la plus ancienne était #barandâ, avec la voyelle initiale intacte, laquelle fut perdue plus tard (parce qu’elle était inaccentuée ?). Comparer avec une forme primitive comme b’rônâ, dérivée du radical BORÓN, voir brûna.

  • brasse « chaleur blanche ».

Dérivé du radical non défini BARÁS44) ; donne des mots pour « chaud, brûlant, fulminant ». Une forme primitive b’rás-sê est donnée (simplement définie par « chaleur ») ; une forme encore plus ancienne pourrait avoir été #barás-sê, avec le premier Aintact (la perte des voyelles inaccentuées dans des formes aussi primitives n’est pas infréquente ; comparer avec #b’ron-, dérivé de BORÓN, voir bronie ci-dessous). La signification précise de la terminaison –së est incertaine (quoique la voyelle finale –ë puisse dénoter un nom abstrait). Dans certains mots, -së semble désigner quelque chose qui est effectué par l’action dénotée dans le radical : khotsê « assemblée », dérivé de KHOTH « rassembler »45), sjadsê (plus tard sjatsë) « faille, entaille » de SYAD « couper à travers, trancher »46), wahsë « tache » de WA3 « tacher, souiller »47). Si le radical non défini BARÁS signifie quelque chose comme « brûler » ou « chauffer », brás-sê pourrait correspondre à ce schéma.

  • bronie « durer, endurer, survivre ».

Dérivé du radical BORÓN48), dit être une forme étendue de BOR « endurer », supposé être une forme verbale à l’origine. Comme d’habitude pour de telles formes étendues, la voyelle radicale a été redoublée et suffixée (ómataina, extension vocalique), devant une consonne ajoutée (ici –n). Bronie présente la terminaison infinitive –ie, également attestée en quenya (voir les commentaires de Tolkien sur le terme en-yalië dans UT, p. 317 ; pour d’autres exemples d’infinitifs vieux sindarins en –ie, voir etledie, ndakie, orie, ortie, tre-batie, trenarie, warie). En ôtant cette terminaison, nous obtenons bron-, qui doit descendre de #b’ron-, une forme du radical BORÓN ayant perdu sa première voyelle, inaccentuée ; voir brûna.

  • Bronwega « #Homme endurant » ; n. m.49).

L’élément bron- est le même que le radical du verbe bronie, voir ci-dessus. Concernant la terminaison –wega « -homme », voir l’entrée en question.

  • brûna (simplement une autre manière d’écrire brúna) « qui a duré longtemps, ancien » (uniquement pour des choses ; implique qu’elles sont anciennes, mais pas transformées ni usées).

Dérivé du même radical BORÓN50) que bronie ci-dessus. La forme primitive est donnée : b’rônâ, avec perte du premier O de BORÓN ; un radical réduit similaire doit être à la base du verbe bronie (voir ci-dessus). B’rônâ présente un allongement de la voyelle radicale et la terminaison adjectivale commune –â. Comme on peut le voir, les ô longs non finaux donnent ú en vieux sindarin (comparer avec rúma, dérivé de #rômâ ou wanúre, de # wonôrê).

  • buióbe «servir, suivre ».

Dérivé du radical BEW de signification similaire51) ; la forme primitive donnée est beujâ- (beuyâ-), avec la fréquente terminaison verbale –jâ, qui ici n’ajoute rien à la signification du radical lui-même. Le développement du eu primitif en vieux sindarin semble présenter des irrégularités. Dans beurô > bioro, biuro, cette diphtongue primitive devient io ou iu. De même, elle devient iu dans #sneumâ > sniuma. Cependant, eu devient ui dans #pheujâ > phuiobe, et également dans le mot présentement étudié : beujâ > buióbe. On pourra noter que Tolkien dériva initialement núma, pas sniuma de #sneumâ (voir núma). Il changea cela plus tard, mais semble avoir considéré la possibilité que eu devienne ú (û) plutôt que iu ou io. S’il en est ainsi, nous pouvons faire la supposition d’une évolution beujâ- > *bûjâ- > buió-. Si nous ignorons l’exemple rejeté núma, nous pouvons simplement assumer que si eu devenait iu, euj (probablement par l’intermédiaire de –eui– > –iui–) donnait ui au lieu de devenir une « triphtongue » ##iui (comparer avec puióbe, tuio, q.v.) – La terminaison –be se retrouvant dans le terme buióbe est intéressant. Elle ne descend pas vraiment d’un élément de la forme primitive beujâ-, mais est une addition tardive. Il semble s’agir d’une terminaison infinitive, et il a été suggéré qu’elle pourrait éventuellement être apparentée à la préposition quenya ve « comme », sindarin be (attestée dans la forme ben « d’après le » dans la Lettre du Roi), si Tolkien imaginait que le #be (bi ?) primitif était quelque élément adverbial ancien. La terminaison adverbiale – vue en quenya, comme dans andavë « longuement » (l’adjectif étant anda) pointe également dans cette direction. – Le terme primitif beujâ-bê (ou #beujâ-bi?) devient buióbe, car les â non finaux donnent ó en vieux sindarin (voir abóro). En sindarin plus tardif, buióbe devint *buiauv > *buiau > buio. La terminaison infinitive -be est ainsi responsable du fait qu’en sindarin (ou tout au moins dans le «noldorin » des « Étymologies », les radicaux verbaux en –a ont des infinitifs en –o. Pour d’autres exemples de la terminaison infinitive –be, voir matthô-be, naróbe, ortóbe, phalsóbe, parthóbi (lire #parthóbe), spharóbe (pharóbe), phuióbe, puióbe, rostóbe, wattóbe.

D

  • daer « marié »52).

On peut se demander s’il ne pourrait pas s’agir d’une mauvaise lecture pour #dair ; comparer avec ndair (également supposé signifier « marié »), dérivé de NDER. Mais une erreur encore plus probable serait que la langue à laquelle appartient ce terme ait mal été identifiée. Le contexte de l’entrée DER est le suivant : Tolkien, expliquant pourquoi l’initiale D du radical DER « homme » devient N de façon irrégulière dans le terme quenya nér (signifiant également « homme »), affirme que ce développement inhabituel est en partie dû au « radical affermi ndere marié, ON daer ». Le « radical affermi ndere » forme une entrée indépendante dans « Les Étymologies » : NDER, expressément affirmée être une forme affermi de der « homme »53). Mais dans cette entrée, le mot n[oldorin] a[ncien] (vieux sindarin) « pour « marié » n’est pas dit être daer mais dair. D’un autre côté, l’entrée NDER liste un mot n[oldorin] (sindarin) doer, qui est dit être le descendant de ndair. Alors qu’il rédigeait « Les Étymologies », Tolkien ne cessa d’hésiter sur la question de savoir si le ai primitif devenait ultérieurement ae ou oe en sindarin, donc doer correspond clairement au daer de l’entrée DER. Il semble donc que le mot daer de cette entrée soit en fait du sindarin, pas du vieux sindarin. Peut-être Tolkien écrivit-il accidentellement « n[oldorin] a[ncien] » devant ce mot alors qu’il voulait écrire « n[oldorin] e[xilique] », noldorin exilique, ou peut-être le transcripteur lut-il « n[oldorin] a[ncien] » pour n[oldorin] e[xilique] ». Daer serait un mot particulièrement atypique pour le vieux sindarin (« vieux noldorin ») ; ce serait le seul mot de cette langue à avoir une diphtongue ae. La vraie forme vieil sindarine, dont le sindarin daer descend, est ndair (q.v.).

  • dalma « paume de la main ».

La partie dal- dérive d’un radical DAL- « plat ». Il serait tentant d’identifier l’élément –ma avec une fréquente terminaison nominale eldarine – comparer avec parma « livre », dérivé du radical PAR « composer, rassembler »54), d’où parma = « #chose composée ». Un dalma serait alors simplement une « chose plate, quelque chose de plat ». Cependant, ce n’était pas ce que Tolkien avait en tête : dans LRW, p. 353 s.v. DAL, il est dit que dalma est en fait un composé, le deuxième élément étant une forme de « main »55). Ainsi, la signification littérale de dalma est « #plat-main ». En vieux sindarin, la forme indépendante de ce terme est (q.v.), montrant la transformation normale â > ó lorsque le â n’est pas le son final d’un mot poly-syllabique ; mais un â final dans un mot poly-syllabique est simplement réduit en –a, ainsi qu’on le voit dans dalma. Ce mot vieux sindarin pourrait toujours avoir été vaguement reconnu comme un composé par les locuteurs de ce langage, mais le mot sindarin qui en descend, dalf, aurait à coup sûr été perçu comme un terme unitaire.

  • « femme », dit être rare et poétique : « fiancée, dame » (LRW, p. 378 ; ce mot est aussi mentionné en p. 354 s.v. DER).

Ce terme était anciennement , globalement identique au radical 1 « femme ». Le changement n > d n’eut pas lieu pour des raisons phonologiques ; d’après LRW, p. 378, il était dû à l’influence du mot dîr « homme » (q.v.) – non que les mots pour homme et femme aient réellement été confondus, mais puisque le mot pour « homme » était dîr, il fut apparemment considéré approprié et symétrique que sa contrepartie féminine soit aussi un mot en d-.

  • dîr « adulte mâle, homme » (elfe, mortel ou d’une autre race dotée de la parole).

Dérivé du radical DER, de signification similaire56) ; ce mot vieux sindarin est aussi mentionné p. 378 (sous 1, où Tolkien explique comment il contribua au fait que « femme » devint ). La forme primitive dont doit être dérivé est mentionnée au début de la même entrée57) : dêr, doté d’une voyelle longue. Cet exemple démontre que les ê longs deviennent î (í) en vieux sindarin ; comparer avec khíril.

  • Dirghel un nom masc.58), signifiant apparemment « homme de joie ».

Cette forme est simplement mentionnée comme une ancienne forme du sindarin Diriel et n’est pas dite être du vieux sindarin en tant que tel ; nous l’incluons ici, quoiqu’il faille probablement le considérer comme plus récent que le reste des formes v. sind. (une forme v. sind. « pure » pourrait être #Dirgelle). Le premier élément est clairement identique à dîr « homme » (voir ci-dessus) ; la voyelle longue est apparemment abrégée devant un groupe consonantique. Le nom ultérieur Diriel est aussi mentionné dans l’entrée GYEL59) dans un contexte suggérant que l’élément –ghel (plus tard –iel) doit être équivalent avec le sindarin gell « joie » (primitif #gjellê, montrant peut-être la terminaison abstraite –lê ; la forme v. sind. serait #gelle). Dans Dirghel, la lénition du g en gh après une liquide (ici r) a déjà eu lieu ; il s’agit d’un développement tardif60) qui n’appartient pas à la période du vieux sindarin. D’un autre côté, il n’a pas non plus perduré jusqu’à la période du sindarin classique, puisque gh n’est plus présent en sindarin (dans le présent environnement, gh est apparemment devenu i : Dirghel > Diriel). – Les textes narratifs en-dehors des « Étymologies » emploient la forme Díriel avec un í long, préservant la voyelle longue de dîr (dír-) « homme ».

  • dissa « jeune femme ».

Dans « Les Étymologies », ce mot est mentionné à l’entrée BES61), mais le radical est manifestement différent. Dissa semble être approximativement le même mot que ndissa, q.v. pour une discussion des terminaisons impliquées. Une forme avec le d- initial au lieu de nd- est assez difficile à expliquer. Le radical de ndissa est NDIS, dit être une forme affermie de NIS « femme »62). La forme dissa requerrait un radical #DIS, qui n’est nul part attesté. Tolkien considéra-t-il l’idée que NDIS soit à la place un affermissement de #DIS plutôt que de NIS ? Dans LRW, p. 375 s.v. NDIS-, il est dit que cette forme de radical était conçue comme un affermissement de NIS pour faire parallèle à la relation entre NDER et DER, deux radicaux signifiant « marié » et « homme », respectivement63). Peut-être ce parallèle fut-il porté un peu plus loin, de sorte que les Elfes extrpolèrent un nouveau radical #DIS de NDIS afin de copier complètement la relation entre NDER et DER, et qu’un nom dissa fut formé à partir de celui-ci, en coexistence avec la forme plus correcte ndissa ? Ou ndissa, comme (pour ) fut-il influencé par dîr « homme » et produisit-il une forme avec un simple d- initial ? Dans le sindarin ultérieur, ndissa et dissa devinrent tous les deux dess (mais le comportement de ce mot lorsqu’il est amené à muter dépend de la dérivation qui est préférée).

  • dogme, dougme, doume « Nuit [comme phénomène], période nocturne, ombres de la nuit ».

Dérivé du radical DO3/DÔ64), indiquant clairement un radical basique DO3 avec une forme alternative qui survint quand la spirante postérieure fut perdue et que la voyelle fut allongée par compensation. Le radical DO3/DÔ n’est pas défini, mais donne des mots liés à la nuit et à l’obscurité. Une forme primitive do3mê est mentionné dans LRW, p. 355 ; la terminaison –mê est abstraite. Elle sert souvent à former un genre de nom verbal ; voir ragme (cf. tulugme également), mais ici –mê > -me semble dénoter quelque chose qui est simplement intangible : la Nuit. Sous la forme dogme, 3 est devenu g ; il s’agit de notre seul exemple explicite de ce changement. Cependant, les formes sindarines ultérieures suggèrent que 3 devint g de manière régulière devant les nasales ; par exemple, taen « hauteur », dérivé du radical TA365), doit représenter le vieux sindarin #tagna (à son tour dérivé du primitif #ta3nâ, une forme ta3na est mentionnée). – Les formes alternatives dougme, doume sont étrange. Si le « ou » de doume représente un ú long, ce mot pourrait être dérivé de #dômê, c’est-à-dire une forme alternative de do3mê, où le 3 était perdu au lieu de devenir g devant une nasale, la voyelle o étant allongée par compensation. Les ô longs primitifs donnaient des ú en vieux sindarin ; peut-être « ou » est simplement une autre manière d’écrire le ú ; cf. Oroume (voir Araume). Si doume est identique à #dúme, il pourrait aussi être dérivé de dômi- « crépuscule », une forme mentionnée dans LRW, p. 354 s.v. DOMO- : il est dit que le quenya lómë « nuit, crépuscule » dérive de do3mê « nuit » et dômi « crépuscule », puisque ces formes convergèrent en quenya. Peut-être furent-elles également confondues en vieux sindarin, dogme représentant do3mê et doume dômi-, avec dougme un compromis entre les deux , sans justification historique.

E

  • Eide « repos, sieste », utilisé comme nom d’une Valië (appellée Estë en quenya), la femme de Lórien.

Une forme vieil sindarine antérieure était Ide. Dans « Les Étymologies », Eide (Ezde, Ide) est listée dans l’entrée EZDÊ66), mais avec une référence croisée vers SED, qui est ici le radical basique : EZDÊ est en fait une reconstruction d’un mot primitif. (Sous SED (LRW, p. 385), est mentionnée la forme Ezda ; il s’agit probablement d’une lecture erronnée pour Ezde.) Dans WJ, p. 403, Tolkien dérive ce nom d’un radical SED, affirmant que esdê devint ezdê en eldarin commun (s étant voisé en z par contact avec la consonne voisée d). Esdê semblerait être la forme la plus primitive, avec réarrangement du radical SED (voyelle-consonne-consonne plutôt que la structure normale consonne-voyelle-consonne) ; la terminaison –ê peut être à la fois abstraite et féminine. Originellement, esdê était à l’évidence un nom commun « repos » ; dans WJ, p. 404, Pengolodh observe que si les formes quenyarines et telerines (Estë, Êde) avaient fini par ne plus désigner que le nom de la déesse, le mot sindarin îdh avait toujours la signification générale « repos ». Cela suggère qu’ici, la terminaison –ê était uniquement abstraite à l’origine, quoique le fait qu’il existât une terminaison féminine identique aurait facilité son application comme nom féminin. La forme eldarine commune Ezdê se rattache au vieux sindarin Ezde listé dans « Les Étymologies ». Devant une consonne, le z devint i (comparer avec mazga « doux » > maiga), donnant Eide. Plus tard, ei devint une monophtongue, donnant Ide (qui à son tour donne Idh comme no, sindarin / « noldorin » d’Estë, comparer avec le nom îdh de WJ, p. 404 mentionné ci-dessus).

  • ekla-mbar « Eglamar », un nom de Beleriand : « Demeure des Abandonnés », par référence aux Elfes qui y furent laissés.

Cette forme, mentionnée dans WJ, p. 365, est ici astérisquée comme si elle n’était pas attestée. Comme ekla-rista plus bas, il n’est pas dit explicitement qu’il s’agit de vieux sindarin, mais cette forme semble appartenir à la même période de l’évolution linguistique que les formes de vieux sindarin (« vieux noldorin ») des « Étymologies », sans tenir compter des révisions de l’histoire de cette langue (transplantée du Royaume Béni en Terre du Milieu). L’élément ekla doit être dérivé de heklâ, un mot quendien primitif défini par « toute chose (ou personne) étant écartée ou laissée en dehors de sa compagnie normale » (plus tard utilisé au sujet des Elfes qui n’allèrent pas en Aman mais restèrent en Beleriand). Le radical est HEKE, dit être probablement un élément adverbial « de côté, écarté, séparé » (WJ, p. 361 ; ce radical ne se trouve pas dans « Les Étymologies »). La terminaison –la (dans hekla) est ici simplement un élément nominatif. Dans « Les Étymologies », -la se retrouve dans les noms de plusieurs objets : makla « épée », dérivé de MAK « épée, combat à l’épée »67), tekla « plume », dérivé de TEK « écrire » (LRW, p. 391, d’où « #chose pour écrire »), et, avec un radical à infixation nasale, tankla « , broche », dérivé de TAK « fixer, attacher »68). Mais dans le mot magla « tacher » du radical SMAG- « souille[r ?], tache[r ?] »69) la terminaison est simplement substantivante, comme dans hekla. Heklâ, la forme adjectivale de hekla, devient ekla en vieux sindarin, car le « q[uendien] p[rimitif] h- ne survécut que dans les dialectes d’Aman. Il disparut sans laisser de trace en sindarin. »70) – Le second élément de ekla-mbar vient du radical MBAR « demeurer, habiter »71), ici utilisé comme un nom, « habitation ». Dans « Les Étymologies », il est suggéré que MBAR est une forme affermie de BAR, signifiant probablement « élever », mais comment la signification « demeurer, habiter » put se développer à partir de « élever » n’est pas expliqué.

  • ekla-rista « Eglarest », un nom de lieu comprenant apparemment rista « coupure ; faille, ravin ».

Comme ekla-mbar ci-dessus, cette forme est astérisquée dans WJ, p. 365, indiquant qu’elle n’est pas attestée. Concernant l’élément ekla, voir ekla-mbar. L’élément rista doit se renvoyer au radical RIS « entailler, déchirer » ou « couper, fendre » (LRW, p. 384, où deux entrées différentes se rapportent à ce radical). Un verbe vieux sindarin rista- « rompre, déchirer » (q.v.) y est mentionné. Le rista de ekla-rista semblerait être un nom dérivé de ce verbe, se référant à une coupure dans le paysage, donc un ravin. La terminaison –ris du sindarin Imladris « Fondcombe » y serait apparentée. Voir rista.

  • elen-barathi un nom de Varda, forme ancestral du sindarin Elbereth (la forme intermédiaire entre le vieux sindarin et son descendant classique est Elmbereth)72).

Concernant barathi, voir l’entrée en question. « D’après la légende elfique », Elen « étoile » est dérivée de l’exclamation primitive ELE « là ! », « voyez ! » (« proférée par les Elfes lorsqu’ils virent les étoiles pour la première fois ») ; elen représente une forme étendue de ELE, avec suffixation du –n à la voyelle radicale redoublée (ómataina). Cela correspond au concept tardif de Tolkien, décrit dans WJ, p. 360 (auquel il est aussi fait allusion dans l’Appendice du Silmarillion, entrée êl, elen). Dans « Les Étymologies », le radical correspondant (EL, LRW, p. 355) est simplement défini par « étoile » ou « ciel étoilé », et il n’y a rien qui suggère qu’une connection ultérieure avec « voyez ! » ait déjà été élaborée par Tolkien.

  • elle « ciel ».

Dérivé du radical 3EL73), de signification similaire ; Tolkien imagina qu’après la perte du 3, les Elfes confondirent ce radical avec EL « étoile, ciel étoilé », originellement distinct (cf.LRW, p. 355). Ce mot, ainsi que son parent quenya hellë, pointe vers une forme primitive #3elli ou plus probablement #3ellê. Le doublement du l pourrait être une sorte d’affermissement médian ; la terminaison –ê pourrait simplement être la voyelle radicale suffixée et allongée. On pourrait concevoir qu’une terminaison –lê plus longue soit présente, mais celle-ci est normalement abstraite ou universelle (voir belle), et le « ciel » est un phénomène relativement concret. Dans « Les Étymologies », le son primitif écrit 3 est dit être une « spirante postérieure » (LRW, p. 360, dans une note éditoriale) ; cela serait la spirante équivalant à g, écrite gh en orquien (comme dans ghâsh « feu »). Il est fort probable que Tolkien ait plus tard décidé que ce son primitif était en fait un h normal ; noter que si le mot quenya ho « de, depuis » et la terminaison génitive plurielle (partitive) –on sont dérivées du radical dans « Les Étymologies »74), le préfixe hó- de signification semblable, de même que la terminaison génitive, sont dérivés du radical HO dans l’essai « Quendi and Eldar », écrit plusieurs décennies plus tard75). Le des premières idées de Tolkien à propos du quendien primitif correspondrait par conséquent à H dans sa conception ultérieure. Noter que ce 3, comme le H plus tardif, est perdu dans la branche sindarine, mais donne h en quenya (elle = quenya hellë, comparer Ekla-mbar = q. Heceldamar ci-dessus). Il semble donc que la forme primitive de elle pourrait être reconstituée en hellê aussi bien qu’en 3ellê (et peut-être le radical 3EL devrait être modifié en #HEL).

  • elwa « bleu (pâle) ».

Dérivé du même radical 3EL « ciel »76) que elle ci-dessus ; la forme primitive serait *3elwâ avec la terminaison adjectivale –wâ (au sujet de laquelle voir katwe) : littéralement « #semblable au ciel » du point de vue de la couleur, d’où « bleu (pâle), azur ».

  • elyadme « arc-en-ciel », lit. « pont-du-ciel »77).

L’élément initial el- représente le radical 3EL « ciel » lui-même. (Il est concevable que elyadme puisse aussi avoir été interprété comme signifiant « #pont-des-étoiles » après la perte du 3 ; comparer avec elle ci-dessus – mais les arcs-en-ciel n’apparaissent évidemment pas la nuit, quand les étoiles sont visibles.) Concernant yadme « pont » (seulement attesté dans ce composé), voir l’entrée séparée.

  • et- préfixe « en avant, dehors », seulement attesé dans le mot etledie (voir ci-dessous) en vieux sindarin.

Ce préfixe a la même origine que le préfixe quenya identique mentionné dans l’entrée correspondant au radical ET78), quoique aucune forme v. sind. n’y soit mentionnée (mais la forme sindarine ultérieure, ed-, l’est).

  • etledie « partir au loin, aller en exil ». Un infinitif constitué de trois éléments : le préfixe et- « en avant, dehors » (voir ci-dessus), le radical verbal led- « aller, s’aventurer, voyager » (LRW, p. 368 s.v. LED- ; c’est là où la forme v. sind. etledie est listée) et la terminaison infinitive –ie (voir bronie à ce sujet). Le passé d’etledie serait #etlende ; voir lende.
  • etledro « exil, exilé »79).

Ce mot pourrait renvoyer à une personne exilée plutôt qu’à « exil » en tant que nom abstrait80) : la signification littérale serait « #partant-dehors », en faisant référence aux Noldor qui quittèrent Valinor pour devenir des Exilés en Terre du Milieu. Au verbe etled- « sortir » (voir etledie ci-dessus) est ajoutée la terminaison agentive (/ masculine) –ro (du primitif –rô, WJ, p. 371 ; comparer avec bioro). Cependant, -ro semble fonctionner comme terminaison abstraite dans le mot vieux sindarin ndakro « massacre, bataille » (verbe ndak- « abattre »). Par conséquent, etledro pourrait être supposé signifier « exil » comme nom abstrait après tout.

  • Etlenna « exilé »81).

Ce terme doit être considéré comme un participe passé du verbe etled- « sortir » (q.v.), d’où littéralement « sorti ». La forme primitive devait être #etlednâ, avec la terminaison –nâ, souvent utilisée pour former des adjectifs et des participes passés. Noter que dn est assimilé en nn en vieux sindarin.

  • Ezde > Eide « Repos », nom d’une Valië, la femme de Lórien (LRW, p. 356 s.v. EZDÊ ; la forme Ezda donnée sous SED82) pourrait être une erreur de déchiffrage du manuscrit). Voir Eide.

F

  • Findekâno« Fingon »83).

La langue à laquelle cette forme est sensée appartenir n’est pas identifiée ; elle est mentionnée être la forme ancestrale du nom sindarin Fingon, c’est pourquoi nous l’incluons ici. Elle semble être un hybride qui n’aurait jamais pu exister à quelque époque que ce soit de l’évolution linguistique ; Tolkien mélange des choses. L’élément finde ne possédait pas cette forme en vieux sindarin ; il s’écrivait phinde (q.v.), car ph ne devint f qu’en sindarin plus tardif. D’un autre côté, l’élément kâno doit même être antérieur au vieux sindarin, car dans cette langue, les â non finaux devenaient ó. La vraie forme vieil sindarine devait plutôt être #Phindekóno. Dans le scénario des « Étymologies », phinde signifie « talent », tandis que l’élément #kóno doit être dérivé du radical KAN « oser »84). Dans cette entrée, la forme sindarine ultérieure caun, -gon dans les composés, est mentionnée ; ces formes auraient été dérivées du vieux sindarin #cóno, du primitif #kânô (plus tard kâno), avec la terminaison masculine –ô ; la signification de ce nom aurait alors été « #personne audacieuse », « #personne brave ». #Phindekóno ou « Findekâno » signifie ainsi « #Brave personne habile ». Cependant, ce n’est pas ainsi que Tolkien expliqua le nom Fingon ultérieurement. Dans PM, p. 345, Fingon est dit être une forme sindarinisée du quenya Findecáno (Findekáno). Le premier élément est supposé être findë « chevelure » (une tresse ou une natte de cheveux), principalement destiné à faire écho au fin- du nom du grand-père de Findecáno, Finwë. Findë « chevelure » est dérivé d’un phindê primitif, qui aurait donné le vieux sindarin #phinde, lequel aurait été confondu avec phinde « talent » des « Étymologies » (dans « Les Étymologies », le quenya findë « tresse, natte de cheveux) correspondait à la place au vieux sindarin sphinde, puisque dans la conception ancienne de Tolkien, le radical pour « chevelure » était SPIN85) plutôt que PHIN). Dans le concept révisé de Tolkien, cáno signifie « commandant », dérivé d’un radical KAN « crier, appeler à voix haute »86) qui est manifestement différent du KAN des « Étymologies ». La forme primitive de cáno est donnée comme étant kânô (dite être la forme ancienne la plus simple, avec allongement de la voyelle radicale et terminaison masculine –ô), ce qui aurait à nouveau donné le vieux sindarin #kóno. Cependant, puisque le nom Fingon est désormais dit être la forme quenya Findecáno adaptée au sindarin, il n’y a plus le moindre besoin d’une forme en vieux sindarin.

G

  • gaia« terreur ».

Dérivé du radical GÁYAS « peur »87). Ce radical semble être une version étendue du radical simple GAY ; voir gêrrha ci-dessous. Gaia doit dériver d’un tel radical simple : primitif #gâjâ (#gâyâ), #gaiâ. Si le radical a une signification verbale « craindre », il s’agirait d’une sorte de gérondif : « effrayé, crainte » = « terreur ». Concernant une formation similaire, comparer avec kânâ « tollé » du radical KAN « crier, appeler à voix haute » (PM, p. 361—362 ; différent du radical KAN « oser » des « Étymologies », LRW, p. 362).

  • gása « le Néant ».

Dérivé du radical GAS « bailler, béer » (LRW, p. 357 ; la forme gása est listée sur la page suivante ; elle n’est pas traduite mais simplement dite être équivalente au quenya cúma, dont la glose dit qu’il se réfère au Néant, c’est-à-dire au vide au-delà du Monde : LRW, p. 365 s.v. KUM). Une forme primitivegâsa est donnée88), mais la forme la plus primitive doit avoir été #gâsâ avant l’abrégement des voyelles finales longues (un –a final court originel n’apparaîtrait pas en vieux sindarin, étant déjà perdu à l’époque de l’eldarin commun). Le mot présente un allongement de la voyelle radicaleet une terminaison –â qui pourrait être utilisée ici comme terminaison nominale ; elle pourrait simplement être une suffixation de la voyelle radicale. Il est surprenant que le premier â de gâsa, #gâsâ apparaissent sous la forme á en vieux sindarin, puisque les â non finaux deviennent normalement ó à la place : #gósa : cela pourrait être une erreur de lecture, comparer tára – Une forme vieil sindarine ultrieure serait #goha, après le change de s en h dans de telle positions cf. kheleha, dérivé de khelesa).

  • gêrrha (antérieurement gǣsra) « horrible ».

Dérivé du radical GÁYAS « peur »89). Cela semble être une forme étendue du radical simpleGAY, mais alors qu’un tel radical est effectivement listé au-dessus de GÁYAS, il ne semble pas avoir une signification appropriée (GAY lui-même n’est pas défini, mais donne des mots signifiants « rouge, de couleur cuivre, rubicond »). Cependant, le radical GAYA « crainte, terreur » est en fait mentionné dans des écrits plus tardifs (PM, p. 363 ; Appendice du Silmarillion s.v. gaer). Quoi qu’il en soit, la forme primitive de gêrrha est donnée en LRW, p. 358 comme étant gaisrâ, la partie gais- représentant le radical GÁYAS et –râ étant une terminaison adjectivale primitive (voir tára à ce sujet). La première forme sindarine de gaisrâ était gǣsra, la diphtongue originelle ai devenant un æ (comme a dans le mot anglais cat, mais plus long). Il semble que le ai primitif n’ait donné un æ long que devant les groupes consonantiques ; noter que ai reste inchangé dans les mots comme yaiwe, q.v. (primitif *yaiwe). Dans la forme tardive gêrrha, le æ long s’est changé en e long (ê). L’agglomérat médian antérieur sr apparaît désormais sous la forme rrh, qu’il faut probablement comprendre comme un R sourd long (puisque les r sourds sont souvent orthographiés rh dans les œuvres de Tolkien). Il semble aue sr ait été assimilé en rr (comparer avec le sm médian devenant mm dans ammale), mais ce double R était sourd, comme le s qui avait été assimilé. Ce mot gêrrha (N.d.T. : erreur dans la version originale, qui donne gerrha sans accent.) donna à son tour le sindarin gaer. Avec l’introduction d’un nouveau radical GAYA dans les écrits tardifs de Tolkien, remplaçant peut-être le GÁYAS des « Étymologies », il pourrait être préférable de dériver gaer d’une forme adjectivale plus simple, gairâ90), donnant #gaira en vieux sindarin. Cela rendrait gaer apparenté au quenya aira « saint »91).

  • Gondambar « Pierre du Monde », un nom de Gondolin.

Il n’est pas dit à quel langage appartient cette forme (mentionnée dans LRW, p. 359 s.v. GOND) ; elle est simplement mentionné comme une forme « ancienne » du sindarin Gondobar, c’est pourquoi nous l’incluons ici. L’élément gond- « pierre » représente probablement un mot vieux sindarin indépendant, #gondo, apparenté au quenya ondo, dérivant clairement du primitif *gondô (cf. L, p. 410 ; PM, p. 374). Ambar « monde » (un mot vieux sindarin uniquement attesté dans ce composé, à moins que Phind-ambar ne soit également considéré comme du v. sind.) est dérivé du radical MBAR « demeurer, habiter »92). Dans la forme ambar (le même mot est utilisé en quenya), la voyelle radicale a été préfixée pour donner une forme « intensive » : cf. l’écriture a-mbar dans LRW, p. 372 s.v. MBAR. Dans « Les Étymologies », Tolkien définit a-mbar comme « oikumenê », un mot grec pour le monde en tant que demeure ou habitation de la race humaine. Comparer la signification du radical MBAR. – Le composé Gond-ambar est littéralement « Pierre-monde » ; le second élément doit se comprendre comme un génitif, d’où « Pierre du Monde » non pas quelque chose comme « Monde (fait) de pierre ». Peut-être un marqueur explicite du génitif était présent à une étape antérieure ; comparer avec WJ, p. 370, où il est suggéré aue le sindarin pourrait avoir développé le –ô flexionnel à la « période primitive ». Un –ô final long appartiendrait à l’étape lindarine commune ou peu de temps après ; le vieux sindarin aurait déjà eu –o. Peut-être Gondambar est-elle une forme intermédiaire entre le Gondobar ultérieur et le vieux sindarin #Gondo-ambaro.

  • #gósa correction possible de gása, q.v.
  • gæ̂sra > gêrrha « horrible »93). Voir gêrrha.

H

  • hwesta « souffler, respirer ; souffle, respiration, brise ».

Dérivé du radical SWES « bruit de souffle ou de respiration »94). Une forme primitive swesta- mentionnée par Tolkien est à l’évidence un verbe « souffler » ; il faut probablement lire #swestâ- avec un â final long, car un a final court aurait disparu à la période eldarine commune. La terminaison –tâ est une fréquente terminaison verbale, parfois causative (voir bértha-), mais ici elle ser simplement un verbe à partir d’un radical non verbal. Noter l’expression utilisée en LRW, p. 388 s.v. SWES : « Q. hwesta- souffler ; hwesta respiration, brise, souffle d’air ; n[oldorin] a[ncien] (i.e. vieux sindarin) hwesta ». L’intention de Tolkien pourrait avoir été que le vieux sindarin hwesta soit à la fois un nom et un verbe, correspondant aux deux signification du mot quenya identique. – Ce mot est notre seul exemple exlicite de la manière dont le sw primitif se comporte en vieux sindarin, devenant hw. Ce digramme doit certainement représenter le même son qu’en quenya, un w sourd (wh anglais dans les dialectes où which est audiblement distinct de witch). – Initialement, le st primitif devient sth en vieux sindarin, mais cela n’est pas le cas ici (**hwestha). Cet exemple, de même que rista, pourrait suggérer que cette transformation n’avait pas lieu en milieu de mot.

  • hyúle « incitation » (ou « cri d’encouragement en combat », si = sindarin hûl, le mot dont il est à l’origine).

Dérivé du radical SIW « exciter, aiguillonner, inciter »95). Son parent quenyq, siulë, pointe vers une forme primitive #siulê avec une terminaison abstraite –lê96), le W du radical SIW devenant une voyelle complète devant les consonnes, produisant la diphtongue iu. Il semble qu’à la période du lindarin commun, cette diphtongue devint yu (ju) après les consonnes dentales, le i devenant une semi-voyelle devant u. (Une note de bas de page dans l’Appendice E du SdA affirme qu’au Troisième Âge, le quenya iu vint similairement à être prononcé comme yu dans l’anglais yule ; dans la branche lindarine, un changement comparable avait à l’évidence eu lieu des siècles auparavant, même si ce n’était que dans certaines combinaisons.) La forme lindarine commune de #siulê était manifestement #syûlê (#sjûlê) ; noter comment le u s’allonge en ú pour maintenir la longueur prosodique de la diphtongue disparue iu. La combinaison sy (sj) devint plus tard hy en vieux sindarin ; le digramme hy représente sans nul doute le ich-Laut allemand, comme dans l’orthographe habituelle de Tolkien pour le quenya (e.g. hyarmen « Sud »). De fait, le quenya hy provient aussi d’un sy- plus ancien dans de nombreux cas, quoique cette transformation ait dû être complètement indépendante de celle ayant eu lieu en Terre du Milieu. (Hy ne survécut pas en sindarin classique, où il devint h, hyúle donnant hûl.)

I

  • Ide « Repos », nom de la femme de Lórien, une Valië (quenya Estë)97). Voir Eide.
  • ien-rinde « année »98).

Littéralement « année-cercle », se référant apparemment à l’année comme cycle (comparer avec le terme quenya coranar « rond-de-soleil »). La langue à laquelle ce terme appartient n’est pas identifiée ; il est mentionné comme forme ancestrale du sindarin idhrin, c’est pourquoi nous l’incluons ici. Ien représente le radical YEN « année » (dans « Les Étymologies » du moins ; dans le SdA, Tolkien utilisa le dérivé quenya yén pour désigner une « année longue », un siècle elfique de 144 années solaires – mais ce n’est apparemment pas la signification ici). Normalement, le y initial primitif demeure y en vieux sindarin (comparer avec yaiwe, yura et peut-être même yen dans yen-panta, quoique ce dernier ne soit pas dit explicitement être du vieux sindarin). Le développement ye > ie semble avoir eu lieu après la période que l’on appelle normalement le vieux sindarin, aussi peut-être que ien-rinde serait #yen-rinde en v. sind. « pur ». Le second élément rinde est clairement identique au mot quenya pour « cercle » mentionné dans « Les Étymologies » à l’entrée RIN99) ; le mot sindarin ultérieur descendant de ien-rinde (idhrind > idhrin) y est aussi mentionné. Le radical RIN lui-même n’est pas explicité, mais tous les mots en dérivant sont en rapport avec les cercles ou les choses circulaires. Rinde devrait probablement être dérivé de #rindê ou possiblement de #rindi, avec affermissement médian N > ND.

  • impanta voir yen-panta
  • in-fant voir yen-panta
  • Indlour, un nom masculin100).

La langue à laquelle appartient ce mot n’est pas identifiée ; il semble être une ancienne forme du nom Inglor, c’est pourquoi nous l’incluons ici. Deux formes formes primitives sont suggérées : Indo-klâr ou Indo-glaurê. L’élément indo signifie « cœur » et est dérivé du radical ID, qui n’est pas lui-même défini, mais voir îdi « cœur, désir, souhait ». La forme la plus primitive serait indô avec une infixation nasale et une terminaison –ô qui pourrait simplement servir à créer un substantif, mais est peut-être aussi une terminaison agentive (si le cœur est considéré être un « désirant »). Klâr n’est attesté nulle part ailleurs mais doit être dérivé du radical KAL « briller »101) ; une forme k’lâ est dite être à l’origine du quenya cala « lumière », aussi, peut-être devrions-nous assumer qu’il existait une forme agentale primitive #k’laro « brilleur » (la terminaison agentive –ro est mentionnée en WJ, p. 371), devenant plus tard klâr en eldarin commun.La suggestion alternative glaurê (dans Indo-glaurê) doit être considérée comme une variante de laurê « or, lumière dorée » avec un g préfixé, dérivée du radical LÁWAR-, qui est dit posséder une forme alternative « noldorine » (lire : « sindarine ») GLÁWAR en LRW, p. 368. Ainsi, Indo-glaurê doit signifier quelque chose comme « cœur d’or », tandis que Indo-klâr pourrait s’interpréter « Cœur brillant ». La forme ultérieure Indlour a perdu le o final de indo et la consonne initiale de glaurê ou klâr (le g pouvait disparaître à cause de la lénition sindarine normale, quoique ce processus appartienne à une période plus tardive que le vieux sindarin ; le k de klâr fut peut-être assimilé en g par le d le précédant, ce g disparaissant ensuite du fait de la lénition). L’ancienne diphtongue au, ou la voyelle longue â apparaît désormais sous la forme ou – une combinaison étrange qui se retrouve parfois dans l’orthographe adoptée par Tolkien. Dans Oroume, ultérieurement Araume, le ou devient au – mais ici un au antérieur devient ou à la place ! Alternativement, le â long (comme dans klâr) devrait normalement devenir le vieux sindarin ó (voir abóro). À l’entrée dogme, dougme, doume nous suggérons que ou puisse être une manière d’écrire un ú ; peut-être le ou de Indlour est une manière différente un ó long ? (Comparer avec « Féanour », de Phay-anâro en LRW, p. 381 s.v. PHAY ; normalement, le â primitif donne le vieux sindarin ó et le sindarin classique au, aw.) En résumé, Indlour est une forme assez curieuse. Dans LRW, p. 381, « Féanour » est listé comme forme « n[oldorine] » correspondant au « n[oldorin] a[ncien] » / vieux sindarin Phayanôr, aussi devrions nous peut-être considérer le nom Indlour comme une forme « noldorine » plus tardive pour le « v. nold. » #Indoklôr. S’il en est ainsi, le nom Indlour ne devrait en fait pas être inclus dans la présente liste.

K

  • kamba? « (creux) de la main ».

Dans « Les Étymologies », ce mot est mentionné à l’entrée MA3, LRW, p. 371. Cependant, kamba lui-même dérive du radical KAB « creux »102). Aucune forme vieil sindarine n’y est mentionnée, mais le quenya kambe (que l’on peut orthographier cambë) y est traduit par « creux (de la main) » (glose que nous attribuons hypothétiquement à kamba également). Cette forme quenya pourrait suggérer que kamba à l’entrée MA3 soit une erreur de lecture pour #kambe. Si nous acceptons kamba, la forme primitive serait très probablement #kambâ, avec une infixation nasale et la terminaison (ici substantive) –â. Puisque cette terminaison est plus fréquemment adjectivale, nous pourrions supposer que #kambâ ait originellement été un adjectif « creux » (de même signification que le radical), plus tard également utilisé comme nom « un creux », dont la signification finit par se spécialiser : le creux d’une main. Le mot sindarin ultérieur, cam, vint à signifier simplement « main ».

  • katwe « modelé, formé ».

La forme primitive est donnée sous la forme katwâ, dérivée du radical KAT « former ». La terminaison –wâ est adjectivale ; comparer par exemple certains adjectifs de couleurs « reconstruits » par Tolkien : laik-wâ « vert », smalwâ « brun clair, pâle », narwâ « rouge » (LRW, p. 368 s.v. LÁYAK ; p. 386 s.v. SMAL, p. 374 s.v. NAR1- narwâ n’est pas marqué d’un astérisque, mais il ne peut s’agir de quenya, du fait de la voyelle finale longue). Puisque le –â final se transforme normalement en –a en vieux sindarin, nous aurions pu nous attendre à obtenir **katwa plutôt que katwe. Cependant, une règle phonologique spécifique pourrait agir ici. Comparer certaines formes données en LRW, p. 400 s.v. YAT, où jatmâ (yatmâ) « pont » donne le quenya yanwë et non **yanwa (voir aussi le vieux sindarin yadme dans elyadme). Il semble que les terminaisons en –mâ, -wâ furent changées en –mê, -wê lorsqu’elles suivaient un t (ou peut-être derrière n’importe quelle consonne dentale, mais s’il en est ainsi, pathwa au lieu de **pathwe constitue une curieuse exception). Par conséquent, katwe pourrait en fait descendre d’une forme modifiée en #katwê.

  • kelepe « argent ».

Dérivé du radical KYELEP, de signification similaire (LRW, p. 366 ; la forme TELEP qui y est aussi donnée est la forme telerine ultérieure de ce radical). La forme primitive n’est pas explicitement donnée dans « Les Étymologies », mais L, p. 426, a kjelepê (qui y est orthographié kyelepê). C’est notre seul exemple explicite d’un kj (ky) primitif étant simplifié en k en vieux sindarin. (Ce changement eut lieu à une époque antérieure, en lindarin commun, lorsque tous les sons palatalisés primitifs furent dépalatalisés : kj > k, nj > n, etc. Ce changement se reflète donc dans les langues qui en descendent : vieux sindarin et classique, et telerin d’Aman.) La terminaison –ê dans kjelepê pourrait simplement être la voyelle radicale suffixée et allongée, mais –ê se retrouve dans nombre d’autres noms primitifs désignant des substances, e.g. mazgê « pâte »103) ou srawê « chair »104).

  • khalla « noble, exalté » (comparer avec orkhalla), dérivé du radical KHAL2 « soulever »105).

La forme primitive donnée est khalnâ (indiquée être accentuée sur la syllabe finale) avec une terminaison –nâ qui parfois sert à former des adjectifs (comparer avec magnâ), mais fonctionne souvent aussi comme terminaison du participe passé. Dans ce cas, khalnâ est littéralement « #soulevé », le participe passé du radical verbal « soulever ». Pour d’autres exemples de l’assimilation *ln > ll, voir skhalla (< skalnâ) et skhella (< skelnâ).

  • kheleha « verre », dérivé du terme khelesa, plus ancien.

(Le transcripteur des « Étymologies » lu kheleha de façon erronnée, lui attribuant la forme « khelelia » : LRW, p. 365 s.v. KHYEL(ES). Le khjelesê primitif ne pourrait absolument pas donner le v. sind. khelelia, mais pour une transformation d’un s intervocalique en h, voir par exemple baraha, dérivé de barasa. Khelesa > kheleha est par conséquent fort plausible. Une erreur de lecture similaire changea pelehi en « peleki » ; voir pele.) Le radical, déjà mentionné, est dit être KYEL(ES) (simplement défini par « verre »), indiquant apparemment un radical simple KHYEL avec une forme étendue KYELES présentant une réduplication et suffixation de la voyelle radicale (l’extension vocalique appelée ómataina) et un –S suffixé. La forme primitive « reconstruite » par Tolkien, khjelesê (orthographiée khyelesê dans LRW, p. 365) possède la terminaison –ê, dont l’une des fonctions est de servir à dériver des noms désignant des substances (voir kelepe ci-dessus à ce propos). Il est suprenant que ce –ê final originel devienne –a dans le vieux sindarin khelesa / kheleha, car normalement –ê donne –e (voir par exemple kelepe dérivé de kjelepê au-dessus). Il se pourrait qu’il s’agisse d’une erreur de lecture et que les formes vieil sindarines soient en fait *khelese, *khelehe ; il ne s’agirait pas du premier cas de confusion éditoriale d’un e et d’un a dans les manuscrits difficiles à lire de Tolkien. – C’est le seul exemple explicite montrant comment le khj- primitif se transforme en vieux sindarin, en devenant kh-, fusionnant avec le kh- originel (inchangé en v. sind.). La dépalatalisation de khj- en kh- reflète simplement la disparition générale de la palatalisation en lindarin commun ; comparer avec kj > k (kjelepê donnant kelepe). – Kheleha produisit le « noldorin » hele, mais dans la vision plus tardive de Tolkien, le mot sindarin pour « verre » est heledh, et il est désormais supposé être un emprunt au khuzdul (nanesque) kheled, non pas un mot elfique : voir l’Appendice du Silmarillion à l’entrée khelek-.

  • khelelia – erreur de lecture pour kheleha, q.v.
  • khelesa (plus tard kheleha) « verre »106).
  • khéro « maître ». Dérivé du radical KHER « diriger, gouverner, posséder » (ainsi glosé dans LRW, p. 364 ; simplement « posséder » dans L, p. 178).

Le mot quenya heru « maître » est aussi mentionné dans cette entrée, et la forme primitive de ce nom est donnée dans L, p. 282 : kherû. Dans ce mot, apparaît la terminaison masculine / agentale –û. Cependant, kherû aurait dû donner le vieux sindarin #kheru, non khéro. Ce dernier pourrait plutôt représenter un autre exemple de la « forme ancienne la plus simple »107) dérivée au moyen de la terminaison masculine / agentive –ô combinée avec un allongement de la voyelle radicale : #khêrô « dirigeant, gouverneur, possesseur ». Cela n’est pourtant pas dépourvu de problème, puisque les ê longs non-finaux donnaient le vieux sindarin í (voir dîr), nous nous serions plutôt attendus à #khíro. Dans le mot sindarin descendant de khéro, hîr, l’ancien ê, é est effectivement devenu î. Il se pourrait que khéro soit une erreur, de Tolkien ou du transcripteur, pour #khíro. Comparer avec le terme khíril (pas **khéril) « dame », qui est listée immédiatement après khéro « maître ». L, p. 282 liste également une forme primitive plus simple khêr. Le contexte suggère que Tolkien avait alors décidé de dériver le sindarin hîr de cette forme, auquel cas la forme vieil sindarine devrait être altérée en #khír.

  • khíril « dame ». Dérivé du même radical KHER « diriger, gouverner, posséder »108) que sa contrepartie masculine khéro ci-dessus. À la place du –o masculin, ce mot présente la terminaison féminine –il. Ici, la transformation attendue du ê long primitif en í vieux sindarin a bien lieu : khêr- > khír-, ce qui renforce la supposition que khéro doive être lu # khíro
  • kukua « tourterelle »109).

La forme primitive que Tolkien dériva du radical non défini est kukûwâ. Kukû- pourrait être onomatopéique, tandis que la terminaison –wâ est probablement adjectivale (voir katwe au jeut de cette terminaison). Peut-être kukûwâ est-il un adjectif se référant au son produit par une tourterelle, plus tard utilisé comme nom pour se référer à l’animal lui-même (pour un autre nom ornithologique en –wâ, voir alpha « cygne », dérivé d’alk-wâ). {Le sindarin kua doit provenir d’une forme courte #kûwâ, peut-être formée à partie de kukûwâ par haplologie.} À l’évidence, la semi-voyelle w fusionna avec le u la précédant, {produisant #kûa, #kuâ > kua} [N.d.T. : en fait #kukûa, #kukuâ > kukua.] {La forme alternative ku perdit également sa voyelle finale, quoique le –â final devienne –a en règle générale en vieux sindarin.}

  • kúma « vide, néant ». Dérivé du radical KUM « néant »110) ; la forme primitive serait #kûma avec allongement de la voyelle radicale et terminaison adjectivale –â.
  • lende« s’aventura ».

Un passé formé à partir du radical verbal LED « aller, s’aventurer, voyager »111) par infixation nasale et ajout de la terminaison –e ; il s’agit aussi d’une manière courante de former le passé en quenya, langage qui possède en fait le même mot, avec une signification identique. L’infinitif de ce verbe est ledie, attesté avec un préfixe (voir etledie). Comparer ndakie « tuer » avec le passé avec infixation nasale ndanke.

  • linde « chanteur / chantant », utilisé comme nom ou partie d’un nom « de nombreuses rivières au cours rapide au son murmurant ».

Mentionné dans WJ, p. 309 comme l’origine du second élément du nom de rivière sindarin Taeglind (le Silmarillion publié emploie la forme Teiglin). Dans WJ, p. 309, ce linde n’est pas explicitement dit être du vieux sindarin, mais il semble appartenir à la même période d’évolution que les formes en « vieux noldorin » des « Étymologies ». La forme la plus primitive serait probablement #lindê. Le radical est manifestmeent LIN, en rapport avec un « son mélodieux et plaisant » (WJ, p. 382 ; comparer avec le radical stem LIN2 « chanter » listé dans « Les Étymologies », LRW, p. 369). La forme #lindê présente un affermissement médian N > ND et une terminaison –ê, qui pourrait être à la fois abstraite (d’où l’interprétation « chantant ») et féminine / agentive (d’où la glose « chanteur » ; voir l’élément final du quenya lómelindë « rossignol » littéralement « #chanteur nocturne »).

  • líre « ligne, rangée ».

Dérivé du radical LIR1, lui-même non défini. La forme primitive serait très probablement *lîrê, avec allongement de la voyelle radicale et ajout d’un –ê final, simple terminaison substantive dans ce cas (pas abstraite ou féminine, comme c’est souvent le cas).

  • litse, ultérieurement litthe « sable ».

Le radical LIT112) n’est pas défini. Litse dériverait de *litsi ou plus probablement *litsê. Quelle signification exactement aurait la terminaison –ê dans ce cas est loin d’être clair (voir brasse pour quelques suggestions à propos de cette terminaison) ; la voyelle finale –ê n’est pas rare dans les mots dénotant les substances. À l’évidence, le changement ts > tth eut lieu au cours de la période vieil sindarine ; cela semble être notre seul exemple explicite de ce changement, quoique les tt primitifs deviennent aussi tth en vieux sindarin (voir batthô, rattha).

  • loga « marécage ».

Cette forme, mentionnée en UT, p. 263 comme l’origine du sindarin , n’est pas explicitement dite être du vieux sindarin (elle est seulement identifiée comme une forme « antérieure »). Cependant, loga est dite dériver du radical log- « humide, trempé, marécageux, noyé » (absent des « Étymologies ») et pourrait représenter une forme intermédiaire entre le *logâ primitif et le sindarin . Une forme *logâ pourrait être un simple adjectif (avec la fréquente terminaison adjectivale –â), ayant une signification proche de celle du radical ; plus tard cet adjectif pourrait avoir été utilisé pour faire référence à un endroit « marécageux » concret, se transformant par conséquent en nom « marécage ». (Le v. sind. loga pourrait toujours avoir été un adjectif ; la glose « marécage » de UT, p. 263, s’applique essentiellement au sindarin .)

M

  • magnâ « talentueux ».

Dérivé du radical MAG « utiliser, manier », dit être apparenté à MA3 « main »113) ; « manier » semblerait donc être la définition la plus littérale de MAG. La forme magnâ ne peut être du vieux sindarin correct, mais est une erreur manifeste, de Tolkien ou du transcripteur, pour #magna. La forme primitive, également mentionnée en LRW, p. 371, était effectivement magnâ ; peut-être les deux furent-elles confondues : en vieux sindarin, les anciens â finaux longs étaient abrégés en –a dans les mots polysyllabiques ; toutes les voyelles finales longues étaient ainsi traitées (voir abóro). – La signification de ce mot est quelque peu surprenante. Puisque les adjectifs formés avec la terminaison –nâ sont souvent vus comme une sorte de participe passé, nous aurions pu nous attendre à ce que magnâ, dérivé d’un radical signifiant « utiliser, manier », signifie « usé, utilisé » (comparer avec skalnâ « caché », dérivé du radical SKAL1 « cacher » ; voir skhalla). À la place, -nâ sert ici de terminaison adjectivale très générale, la signification « utiliser, manier » étant développée dans le sens « être bon pour utiliser ou manier des objets », donc « talentueux ». Comparer avec maite « habile, talentueux », dérivé du radical apparenté MA3 « main ».

  • mai pl. de , q.v.114)
  • maiga « doux, souple », antérieurement mazga.

Dérivé du radical MASAG « pétri, rendu doux par frottement, pétrissage, etc. »115). Une forme primitive mazgâ est listée ; la forme la plus ancienne pourrait avoir été #masgâ, avant que le s ne se voise en z par contact avec la consonne voisée le suivant (un phénomène qui semble avoir eu lieu en eldarin commun ; voir Eide). Mazgâ présente l’habituelle terminaison adjectivale –â. En vieux sindarin (plus tardif), le z devint i devant les consonnes ; comparer avec Eide, dérivé de la forme Ezde plus anciennes. D’où mazga > maiga.

  • maite « habile, talentueux ».

Dérivé du radical MA3 « main »116) ; la forme primitive donnée est ma3iti avec une terminaison adjectivale –iti. Une terminaison plus courte –ti se voit dans des adjectifs comme neiti- « humide, couvert de rosée »117), phoroti « droite » ou « Nord »118). La terminaison longue –iti ne semble pas être directement attestée dans les mots reconstruits par Tolkien lui-même, mais la terminaison quenya –itë dans les adjectifs comme uruitë « incandescent »119) descend clairement de –iti. Le ma3iti primitif devin t déjà maite à la période eldarine commune, après la perte du 3 (H) médian et la transformation du –i final court en –e. En « noldorin », maite donna moed120) ; cela correspondrait à maed dans la version sindarine plus tardive. (Un mot maed similaire, quoique sémantiquement distinct, signifiant « galbé » est mentionné dans PM, p. 366 ; il est dit être dérivé de magit-, ce qui indique probablement une forme complète #magiti.)

  • malda « or » (comme métal).

Dans LRW, p. 386, il est dérivé du radical SMAL « jaune » ; la forme primitive donnée est smaldâ, montrant à l’évidence un affermissement médian l> ld et une terminaison en (ici nominale), possiblement une simple réduplication et suffixation de la voyelle radicale. Cet exemple, comme malina et malo ci-dessous, montre que le groupe initial primitif sm- se simplifie en m- en vieux sindarin. Tolkien considéra aussi laisser le vieux sindarin (« vieux noldorin ») conserver sm-, qui aurait ensuite donné le sindarin / « noldorin » hm- (un m sourd) ; voir LRW, p. 387. Cependant, cette idée fut manifestement abandonee (Anthony Appleyard montra que si elle avait été valide à l’époque du SdA, mallorn aurait été écrit hmallorn). Dans la reconstruction du vieux sindarin par David Salo, le sm initial primitif donne le v. sind. hm- (m sourd), qui devient à son tour un m- voisé en sindarin. – Il semble douteux que l’explication des mots eldarins pour « or » qui est donnée dans « Les Étymologies » ait encore été vliade dans le scénario ultérieur de Tolkien. D’une part, d’après l’entrée SMAL des Étym., le mot quenya pour « or » était aussi malda. Dans le SdA, App. E, le mot quenya pour « or » est dit être malta (mentionné comme nom du tengwa no 18). En accord avec cela, une source tardive établit que le radical eldarin pour « or » était MALAT (PM, p. 366) – pas SMAL. Tolkien avait évidemment décidé de dériver le quenya malta de #malatâ à la place. Ce dernier donnerait le sindatin ancien #malata, donnant à son tour le sindarin malad (comme dans le nom Rathmalad, WJ, p. 191).

  • malina « jaune ».

Dérivé du radical SMAL121) de signification similaire ; la forme primitive donnée est smalinâ. La terminaison –inâ semble basiquement être une variante étendue de la fréquente terminaison adjectivale ou participiale –nâ. D’autres mots vieux sindarins présentant cette terminaison sont berina « brave » et pikina « minuscule », qui doivent être dérivés de #berinâ, #pikinâ. Via le vieux sindarin –ina, le –inâ primitif donna naissance au sindarin classique –en, l’une des terminaisons adjectivales les plus communes en gris-elfique.

  • malo, pl. malui « pollen, poudre jaune ».

Dérivé du radical SMAL « jaune »122) ; sa forme primitive est smalu, avec une terminaison très inhabituelle ; là où –u est présent, il tend à dénoter des parties du corps (e.g.ranku « bras », LRW, p. 382 s.v. RAK) ou des toponymes (e.g. jagu « golfe », LRW, p. 400 s.v. YAG). Smalu est le seul mot en –u qui dénote une substance ; il semble qu’il s’agisse ici simplement d’une terminaison nominale utilisée pour dériver un mot pour « quelque chose de jaune ». En eldarin commun, smalu devint probablement #smalo, donnant malo lorsque le sm initial fut simplifié en m en vieux sindarin. Comme suggéré dans l’article principal ci-dessus, le fait que la forme plurielle comporte toujours un -u- à l’intérieur de –ui pourrait s’expliquer en supposant que la syllabe finale du pluriel primitif #smaluî, #smalui resta inchangée en eldarin commun (tandis que le –u final devint o).

  • map- « prendre, saisir de force ».

Simplement le radical MAP « tenir quelque chose avec la main, saisir »123) sans élément additionnel. Tolkien avait sans doute l’intention que MAP soit apparenté à MA3 « main », que l’on trouve sur la même page des « Étymologies ».

  • matthô-be « manipuler » (à l’évidence, il s’agit simplement d’une manière différente d’écrire matthóbe, matthó-be ; comparer par exemple avec buióbe).

Dérivé du radical MA3 « main »124). La forme primitive est dite être ma3-tâ (le tiret mettant en évidence que –tâ est une terminaison dérivationnelle ajoutée au radical ma3-). Le suffixe –tâ est une terminaison verbale très commune, et on peut voir que la glose « manier » est très littérale, puisque ma3- signifie « main ». Tolkien note que ma3-tâ donna à son tour l’eldarin (commun) mahtâ. Ici, la lettre h représente probablement [x], c’est-à-dire le ach-Laut allemand : la spirante dorsale 3 finit par être dévoisée par contact avec le son sourd t, devenant [x]. Comparer avec wahtê « tacher, souiller » dérivé du radical WA3, à l’évidence un mot eldarin commun provenant du quendien primitif #wa3tê. Wahtê devint watte en vieux sindarin (q.v.), ht étant assimilé en tt, et mahtâ- doit de même être devenu #mattó- au début du v. sind., devenant plus tard matthó- lorsque le double tt devint tth (voir batthô – nous devons pareillement assumer que watte devint plus tard #watthe). Matthô-be présente la terminaison infinitive –be (voir buióbe), et comme la terminaison verbale primitive –tâ n’était ainsi pas finale, le â devint ó (ici orthographié ô) plutôt que –a.

  • mazga « souple, doux »125). Voir maiga (sa forme ultérieure).
  • míre « joyau ».

Dérivé du radical non défini MIR126), sa forme primitive pourrait être #mîri ou (plus probablement) #mîrê. La terminaison –ê peut désigner des substances, donc peut-être #mîrê signifiait à l’origine « joyau » comme substance plutôt que comme gemme individuelle. Cependant, le quenya mírë peut être employé pour désigner un joyau (individuel, concret), et il en va probablement de même pour le mot identique du vieux sindarin (nous savons que c’est le cas pour son descendant sindarin mîr ; comparer avec Les Lais de Beleriand p. 354, où la lune est apparemment appelée menel-vîr ou « #joyau du ciel » [-vîr étant la forme lénifiée de mîr]).

  • pl. mai « main ».

Dérivé du radical MA3127), similairement défini par « main ». Dans cette entrée des « Étymologies », le mot quendien primitif pour « main » est dit avoir été mâ3 avec une voyelle longue (mais brève devant une terminaison : ma3-). Après la perte du 3 guttural, seule aurait été laissée, et cette forme est attestée à l’entrée DAL, LRW, p. 353 (où il est dit que le vieux sindarin dalma « paume de la main » dérive probablement d’un composé de dal « plat » et « main »). Normalement, les –â longs finaux deviennent –a en vieux sindarin (comme le démontre le mot dalma), mais dans une monosyllabe comme cette voyelle se transforme en ó, comme â le fait normalement dans les mots polysyllabiques lorsqu’il n’est pas final (voir abóro). La forme plurielle mai préserve la qualité originelle de la voyelle radicale : dans le scénario linguistique des « Étymologies », la forme plurielle du mâ3 primitif serait #ma3î, devenant #mâî, #maî, mai après perte du 3 : si le a restait long (il pourrait avoir été allongé par compensation lorsque le 3 fut perdu), il redevint rapidement court lorsqu’il fusionna avec la terminaison plurielle –î pour produire une diphtongue aî/ai qui donna ai en vieux sindarin. Ce scénario pourrait devoir être modifié quelque peu au vu de la conception ultérieure de Tolkien concernant l’évolution du mot eldarin pour « main ». Dans VT 39, p. 11, dans un document datant d’environ 1960 (et donc plus de deux décennie postérieur à l’écriture des « Étymologies »), il est dit que le mot primitif pour « main » était maha plutôt que mâ3. Après la perte précoce du h médian en eldarin commun128), maha deviendrait #maa = avec une voyelle longue, qui donnerait à nouveau le vieux sindarin comme ci-dessus. La forme plurielle du maha primitif serait probablement #mahaî, #mahai, qui pourrait aisément évoluer en mai après perte du h (probablement par l’intermédiaire de #mâi).

  • muina « familier, chéri ».

Dérivé du radical non défini MOY129) ; la forme primitive devrait être #moinâ (comparer avec le quenya moina) avec la terminaison adjectivale (ou participiale) –nâ. S’il était possible de donner à MOY la signification « aimer », #moinâ pourrait être considéré comme un participe passé « aimé », donc « chéri ». Noter la transformation vieil sindarine oi > ui (cf. Uigolosse correspondant au quenya Oiolossë).

N

  • naróbe est glosé « il raconte une histoire » (passé narne), mais cette explication ne saurait être prise littéralement : naróbe est clairement un infinitif « #raconter une histoire », présentant la terminaison infinitive –be vue dans de nombreux autres mots décrits comme des infinitifs, tandis que le passé narne signifie simplement « #raconta une histoire », sans élément pronominal.

Dérivé du radical NAR2 « dire, relater »130). Cela correspond au quenya nyar- (voir des mots comme nyarna « conte, saga »). La formulation de l’entrée NAR2 des « Étymologies » suggère que NAR est la forme basique du radical, avec nyar- sa variante quenya. En fait, il n’y aurait eu aucune différence si l’on avait supposé que le radical originel ait été #NYAR, puisque ny (nj), comme les autres consonnes palatalisées, fut dépalatalisée durant la période lindarine commune (voir kelepe), et que la forme vieil sindarine aurait toujours été nar-. Il semble cependant que ce n’est pas ce que Tolkien concevait. – La forme naróbe présente la terminaison infinitive du vieux sindarin –be (voir buiobe). Naró- semble représenter un un radical verbal primitif #narâ-, c’est-à-dire le radical NAR2 avec un –â suffixé qui est apparemment une terminaison verbale dans ce cas ; de telles formations sont relativement rares (voir spharóbe pour un autre exemple). On s’attendrait plutôt à voir le radical NAR2 fonctionner comme un radical verbal « basique », avec un verbe qui soit simplement nar- (aoriste nare), avec l’infinitif narie plutôt que naróbe. Nous n’astérisquons pas nare, narie, car ces formes apparaissent effectivement dans les matériaux de Tolkien, mais avec un préfixe : trenare, inf. trenarie « recompter, raconter jusqu’à la fin ». Naróbe semble être une formation alternative, mais son passé narne se forme directement sur le radical nar- (et non **naróne ou quelque chose d’autre). De même, le passé de trenarie est certainement #trenarne. La marque du passé –ne est bien attestée en quenya, mais c’est le seul exemple connu dans notre petit corpus vieux sindarin. La plupart des verbes dérivés (avec des infinitifs en –be) forment probablement leur passé avec –ne, e.g. buiobe « servir », passé #buione. Cependant, le passé de spharóbe « chasser » pourrait être #spharne (plutôt que #spharóne), d’après le schéma établit par narne.

  • ndagno « tué [comme nom], cadavre ».

Dérivé du radical NDAK « abattre »131), pour lequel voir ndakie. S’il existe une forme primitive, elle donnerait #ndaknô avec la terminaison masculine –nô. Cependant, celle-ci est généralement agentive lorsqu’elle est ajoutée à un radical ayant une signification verbale. Voir certains mot primitfs comme #besnô « mari », dérivé de BES « marier » (LRW, p. 352 ; d’où littéralement « quelqu’un qui se marie, qui s’est marié avec un autre ») et tirnô « guetteur », dérivé du radical TIR « guetter, garder » (LRW, p. 394, mentionné dans le composé khalatirnô « martin-pêcheur »132). Par conséquent, la forme #ndaknô signifierait « tueur » plutôt que « tué ». Par conséquent, il pourrait être préférable de supposer que ndagno est en fait une forme personnelle de #ndagna, un participe passé « tué » dérivé de #ndaknâ avec la fréquente terminaison adjectivale / participiale –nâ (voir khalla). – Devant une consonne nasale, les plosives sourdes devenaient voisées en vieux sindarin, donc kn > gn. Comparer avec ragme, tulugme, yadme.

  • ndair « marié ».

Dérivé du radical NDER133), dit être une forme affermie de DER « adulte mâle, homme »134) ; « l’affermissement » se manifeste comme une nasalisation de la consonne initiale. Dans LRW, p. 375, la forme primitive de ndair est dite être ndêro avec la terminaison –o ; cette forme donne l’ « eld. » (= eldarin commun) ndǣr. Le æ long devient ensuite ai en vieux sindarin. Cette évolution semble assez étrange ; il est difficile de lui trouver un parallèle. Le vieux sindarin ai doit ensuite devenir ae en sindarin (ou oe en « noldorin » ; dans l’entrée NDER, ndair donne le « noldorin » doer, correspondant au sindarin mature daer – qui est attesté, mais la langue à laquelle ce mot appartient est erronément identifiée ; voir daer dans le présent lexiqueà. Cependant, d’autres exemples de ê non finaux primitifs donnent le sindarin î, non ae : on a ainsi par exemple nêthê > sind. nîth et thêrê > sind. thîr (LRW, p. 376—377, 392 s.v. NETH, THÊ) ; voir aussi rênê > sind. rîn dans une source tardive (PM, p. 372). L’exemple dîr (q.v.), de dêr, indique que cette transformation avait déjà eu lieu en vieux sindarin ; nous pouvons supposer que nîth, thîr, rîn représentent les vieux sindarins #níthe, #thíre, #ríne. Si le ê non final primitif donne le vieux sindarin ai en règle générale (d’où #naithe, #thaire, #raine), les formes sindarines auraient dû être **naeth, **thaer, **raen, qui ne sont pas attestées. Si ndair doit effectivement être dérivé de ndêro, nous devons supposer que ce développement est fort irrégulier. Il se pourrait que le ae long de la forme eldarine soit équivalent à ae, représentant une forme avec infixation en A du radical NDER, donnant ndaer, la diphtongue ae donnant ai en vieux sindarin (lequel redonna ae en sindarin). Comparer avec waide, q.v. Une telle évolution ne serait pas entièrement en accord avec le scénario esquissé par Tolkien dans le VT 39, p. 10, où il indique que ae devint un â long dans la branche telerine (lindarine) de la famille des langues elfiques. S’il en était ainsi, la forme vieil sindarine de #ndaer (plus tard #ndâr) devrait peut-être s’écrire #ndór plutôt que ndair135) puisque les â primitifs devinrent ó en v. sind. (devenant à son tour au ultérieurement en sindarin : **daur – mais le véritable descendant sindarin de ndǣr était daer). Mais puisque le VT 39 (p. 10) reproduit un document antérieur d’environ 25 ans aux « Étymologies », il n’est pas surprenant de constater des changements dans le scénario linguistique de Tolkien. Si l’on met de côté les complexités étymologiques, le mot sindarin pour « marié » devrait être daer.

  • ndakie « abattre », passé ndanke.

Dérivé du radical NDAK « abattre »136), lui-même probablement une forme affermie de NAK- « mordre »137). La forme ndakie se forme directement sur le radical, avec ajout de la terminaison infinitive –ie, décrite dans l’entrée bronie. Le passé ndanke est dérivé par infixation nasale et ajout de la terminaison –e ; il s’agit aussi d’une manière habituelle de former le passé en quenya. Voir lende.

  • ndakro « massacre, bataille ».

Dérivé du même radical NDAK « abattre » que le verbe ndakie ci-dessus138). La forme primitive de ndakro serait #ndakrô, qui est une forme relativement surprenante, vu sa signification abstraite ; d’après WJ, p. 371, -rô est une terminaison agentive (/ masculine), et nous nous attendrions à ce que ndakro signifie « tueur » plutôt que « massacre ». (Comparer avec bioro.) Peut-être une bataille est-elle d’une certaine manière personnifiée comme « tueuse » des personnes y participant ? Pour un autre cas possible de nom vieux sindarin abstrait en –ro, voir etledro.

  • ndangwetha « réponse ».

Cette forme, mentionnée en PM, p. 395, comme forme ancienne du sindarin dangweth, pourrait être considérée comme du vieux sindarin (primitif #ndangwethâ avec un final long ?) Dans la source, l’élément final est dit être dérivé du radical gweth « rapporter, rendre des comptes, informer de choses inconnues ou que l’on souhaite connaître ». C’est le seul exemple attesté de ce radical. Le premier élément, ndan-, n’est pas expliqué dans la source, mais est manifestement identique au radical NDAN des « Étymologies »139), signifiant « en arrière ». Ainsi, un ndangwetha ou « réponse » est littéralement un « rapport en arrière ». Clairement, le préfixe ndan- signifie ici simplement « en arrière, en retour », ce qui ne s’accorde pas très bien avec l’explication de Tolkien en WJ, p. 412, où il se réfère à « l’élément *dan, ndan- indiquant l’inversion d’une action, de façon à la défaire ou à annuler ses effets ». Dans ce cas, ndangwetha ne signifierait pas « rapport en arrière » = « réponse », mais « retrait d’informations précédemment divulguées » (dans la mesure où ce mot aurait une quelconque signification). Bien sûr, on peut supposer que l’idée de base ndan- = « en arrière » a pu se développé dans différentes directions dans les diverses langues eldarines.

  • ndîs « mariée »140).

Le véritable radical est NDIS, dit être une forme affermie de NIS « femme » ; l’entrée NIS elle-même141) décrit NIS comme une « élaboration » d’éléments plus simples : INI, , qui sont eux glosés « femme »142) et « femelle »143), respectivement. Noter que la dérivation du radical pour « mariée » par affermissement d’un radical signifiant à la base « femme » est parallèle à celle de « marié », dérivé d’un élément plus simple signifiant juste « homme » ; voir ndair. La forme primitive de ndîs est donnée comme ndîsê144), présentant un allongement de la voyelle radicale et la terminaison féminine –ê. La forme vieil sindarine est cependant surprenante : nous nous attendrions plutôt à #ndíse, avec le –ê originel préservé sous forme d’un –e court. (Comparer avec kelepe, dérivé de kjelepê.) Néanmoins, la forme sindarine « finale » serait dîs dans les deux cas.

  • ndissa « jeune femme » (cf. dissa).

L’entrée NDIS-SÊ/SÂ des « Étymologies »145) semble être elle-même une reconstruction, pointant vers les formes primitives #ndissê, #ndissâ. Concernant le radical NDIS, voir ndîs ci-dessus ; ici il signifie « femme » plutôt que « épousée ». Ndissa doit être dérivé de #ndissâ et le NDIS-SÊ/SÂ de Tolkien suggère qu’une terminaison séparée –sâ soit impliquée, mais l’on ne saurait dire grand-chose de celle-ci. En WJ, p. 416, dans une source considérablement plus récente que « Les Étymologies », Tolkien mentionne le mot primitif neresâ. Il est dit être une « formation adjectivale féminine » de NER « homme », signifiant « celle qui a un courage ou une force virile ». On pourrait spéculer que #ndissâ est une autre « formation adjectivale féminine » en –sâ, de sorte qu’il aurait initialement été un adjectif « #celle qui est féminine » (!), évoluant plus tard en un nom « jeune femme » en vieux sindarin. – La forme alternative #ndissê semblerait inclure la fréquente terminaison féminine –ê ; celle-ci donnerait ndisse en vieux sindarin. Cependant, la terminaison –sê dans b’ras-sê « chaleur » (voir brasse) pourrait n’avoir aucun lien avec celle-ci.

  • ndóko « guerrier, soldat ».

Dérivé du même radical NDAK « abattre » que le verbe ndakie au-dessus146). La forme primitive donnée est ndâkô, avec allongement de la voyelle radicale et la terminaison masculine –ô, souvent agentive ; par conséquent, ndâkô est littéralement « #tueur ». (Dans PM, p. 362, Tolkien se réfère à une formation similaire comme exemple de « la forme agentive la plus ancienne et la plus simple ».) Comme d’habitude, les â longs non finaux se transforment en ó en vieux sindarin ; cf. abóro.

  • ndolo « tête ».

Dérivé du radical non défini NDOL147). La forme primitive serait #ndolô avec une terminaison qui pourrait être masculien, mais sert simplement ici à former un nom, à moins qu’on ne la voit comme une suffixation de la voyelle radicale. Le quenya nóla ne peut descendre de #ndolô ; ce mot doit dériver d’une formation primitive distincte #ndôlâ.

  • ndor « terre » (seulement attestée dans le composé Balandor, « Terre des Valar », Valinor).

Dans « Les Étymologies », les mots eldarins pour « terre » sont dérivés du radical NDOR « demeurer, rester, se reposer, attendre »148). Aucun mot vieux sindarin n’y est listé, mais le sindarin dor est affirmé venir du primitif ndorê. La forme vieil sindarine intermédiaire serait #ndore, dont –ndor dans Balandor pourrait être une forme composée plus courte (de #ndore). – Noter cependant que bien des années plus tard, Tolkien dériva les mots eldarins pour « terre » du radical DORO « désseché, dur, inflexible »149). Quoi qu’il en soit, cette source tardive confirme que la forme quendienne primitive était ndorê (que Tolkien pensait désormais être formée par enrichissement initial d > nd). Ndorê est défini comme « la terre dure, sèche, par opposition à l’eau ou aux fondrières », développant plus tard la signification « terre en général par opposition à la mer », et finalement aussi « une terre » comme région spécifique, « avec des frontières plus ou moins bien définies ». (Les frontières de Balandor, Valinor, étaient bien sûr fort bien définies par la Mer.)

  • nele, pl. neleki « dent ».

Dérivé de NÉL-EK150), apparemment un radical simple #NEL avec une forme étendue présentant un –K ajouté à l’ómataina (la voyelle radicale redoublée et suffixée). Un radical NEL est en effet listé en LRW, p. 376, mais sa signification (« trois ») semblent empêcher tout lien avec NÉL-EK « dent ». Nele, pl. neleki doit représenter un primitif #nelek, pl. nelekî primitif ; comparer avec le quenya nelet, pl. nelci (les –k finaux primitifs devinrent –t en quenya). Noter que les –k finaux suivant une voyelle sont perdus en vieux sindarin, mais survivent au pluriel (puisqu’ils étaient « protégés » par la terminaison plurielle et n’étaient donc pas finaux : #neleki > neleki). Comparer avec oro, pl. oroti et skhapa, pl. skhapati, q.v.

  • nestak- « insérer, ficher »151).

Le sindarin nestegi doit dériver d’une forme plus complète de ce mot : #nestakie, avec la terminaison infinitive –ie (voir bronie). L’élément final de nestak- est manifestement le simple radical STAK « fendre, insérer » lui-même, mais d’où peut venir le préfixe ne- ? Il s’agit probablement d’un élément signifiant « dans ». Une phrase sindarine (ou « noldorine ») mentionnée dans J.R.R. Tolkien – Artist et illustrateur a neledhi pour « entrer dans » (vieux sindarin #neledie, comparer avec la forme attestée etledie, avec un préfixe différent). Un mot sindarin indépendant ned apparaît dans une version de la « Lettre du Roi », dans la phrase nelchaenen ned Echuir « le trente et unième jour du Printemps »152). Si ce « de » représente en fait « dans », il serait possible de le relier à nestak-, cela signifierait alors très littéralement « piquer dans ». Un mot sindarin ned serait normalement considéré descendre du vieux sindarin #net. D’autres souhaitent lier ned aux radicaux NÉD, ÉNED153), signifiant « milieu », « centre », assumant que ned « dans » signifiait originellement « au milieu de ». (Mais si le radical est NÉD, nous nous attendrions à ce que le mot sindarin soit #nedh plutôt que ned.)

  • ngalámbe « parler barbare ».

Ce mot n’est pas explicitement dit être du vieux sindarin, mais semble appartenir approximativement à cette étape de l’évolution linguistique. (Dans « Les Étymologies » cependant, ce mot est astérisqué comme s’il n’était pas attesté — les mots sindarins (« noldorins ») anciens ne le sont généralement pas. De plus, nous aurions pu nous attendre à ce que le premier a, inaccentué, ait déjà disparu en v. sind. ; il n’apparaît plus dans la forme sindarine ultérieure glamm.) Ngalámbe (l’accent indiquant simplement quelle syllabe est accentuée, pas que le second a est long) est dérivé du radical ÑGAL (forme étendue ÑGALAM) « parler fort ou de façon incohérente » (LRW, p. 377 ; Tolkien changea ensuite le radical en ÑGYAL, mais puisque les consonnes palatalisées furent dépalatalisées lors de la période lindarine commune (voir kelepe), ngalámbe, en tant que forme vieil sindarine, ne serait pas affectée par cette révision). Tandis que ngalámbe pourrait probablement s’expliquer comme le radical ÑGALAM (ou *ÑGYALAM) avec un affermissement médian m > mb et la terminaison abstraite , -e, Tolkien imagina en fait qu’il fut influencé par le mot lambe « langue » (n’étant pas attesté ailleurs en vieux sindarin et n’apparaissant pas dans une entrée séparée, mais il ne peut y avoir aucun doute que c’était aussi la forme que ce mot — bien connu en quenya — prenait en v. sind.). Lambe est manifestement dérivé du radical LAB « lécher »154), mais dans « Les Étymologies », ce mot n’est pas listé dans cette entrée (quoique le mot lamba, faisant référence à la langue physique, est mentionné ; il est listé comme un mot quenya, mais avait sûrement la même forme en vieux sindarin). Dans un essai écrit bien plus tard que les Étym., « Quendi and Eldar », datant d’environ 1960, Tolkien expliqua que lambe est littéralement « mouvement de langue, (méthode pour) utiliser la langue »155), d’où le quenya et le vieux sindarin lambe. La forme ngalámbe est mentionnée dans « Les Étymologies » comme l’origine du sindarin glamm « clameur » (Glamhoth étant un nom pour les Orques), mais ce mot est aussi dérivé du radical GLAM156), à son tour signalé être la forme « noldorine » (sindarine) de LAM (de telles préfixions de G étant très communes en sindarin ; voir WJ, p. 411 n. 13) L’idée de Tolkien était que GLAM ait été « influencé » by ÑGAL(AM). Le radical LAM, dont GLAM est une variante, est listé en LRW, p. 367. LAM lui-même n’est pas défini ; tous les mots qu’il génère sont en rapport avec le son. Dans une source bien plus tardive, Tolkien affirma que LAM, LAMA « renvoit à des sons, en particulier des sons vocaux, mais ne s’appliquait qu’à ceux qui étaient confus ou inarticulés. Il était généralement utilisé pour décrire les divers cris des animaux. »157) Dans cette même source, glam (glamb, glamm) est explicitement dit dériver de LAM (appelé une « élaboration » de ce radical). Ce scénario est certainement plus ou moins identique avec celui couché à l’entrée GLAM des « Étymologies »158), puisque GLAM y est dit être une variante de LAM. Mais dans cette source tardvice, rien n'est précisé au sujet d’un autre radical ÑGAL(AM) ou ÑGYAL(AM), ou sur une quelconque influence de lambe « langue ».

  • ngolfine « talent magique »159).

Ce mot n’est pas explicitement dit être du vieux sindarin (ou « v. nold. »). Il est mentionné comme origine du second élément du nom sindarin Fingolfin, c’est pourquoi nous l’incluons ici. La forme vieil sindarine proprement dite serait plutôt #ngolphine, puisque le changement ph > sindarin f eut lieu plus tard. Comme suggéré par la glose « talent magique », il s’agit d’un composé de deux éléments. Ngol- peut facilement s’identifier avec le radical ÑGOL « sage, sagesse, être sage »160), également associé avec la magie (comparer avec le quenya ingolë « connaissance profonde, magie » et le sindarin gollor « magicien »). Le deuxième élément fine, ou mieux #phine vient du radical sous lequel est listé ngolfine : PHIN « agilité, talent »161). Sa forme primitive pourrait être #phini ou #phinê (cf. la forme longue phinde, q.v. ; dans cette entrée nous discutons des raisons pour lesquelles ce radical PHIN pourrait ne plus être valide dans le nouveau scénario de Tolkien). Il est dit que ngolfine contient soit « sphinya soit –phini » ; le premier doit être plus ou moins identique avec l’adjectif phinya « talentueux » (q.v.), tandis que –phini devrait clairement être dérivé de #ñgolphini. – Il convient de noter que Tolkien expliqua plus tard le deuxième élément du nom Fingolfin de façon très différente. Dans PM, p. 344, Fingolfin est dit être une adaptation en fusion en sindarin du double nom quenya Finwë Ñolofinwë. Ñolofinwë est le nom Finwë avec un élément préfixé ñolo- signifiant « sage » (manifestement dérivé du même radical ÑGOL que ngol- dans ngolfine ; voir PM, p. 344). Finwë donna son nom à tous ses enfants, mais ajouta des préfixes pour les distinguer : Curufinwë, Ñolofinwë, Arafinwë (plus tard respectivement connus comme Fëanor, Fingolfin et Finarfin en sindarin, quoique Fëanor soit un hybride quenya-sindarin). Concernant les diverses explications de Tolkien pour le nom Finwë lui-même, voir Phinwe.

  • ngolodo « un de ceux du peuple sage, Gnome » = quenya Noldo162).

La forme primitive est donnée dans PM, p. 360 et WJ, p. 383, comme étant ñgolodô (ME, p. 350 : ngolodô), dérivé du radical ÑGOL « sage, sagesse, être sage »163) ou « connaissance, sagesse, savoir »164). La forme ñgolodô présente une réduplication de la voyelle de base (ómataina) et ajout de la terminaison masculine / animée –dô (qui semble aussi apparaître dans la forme nasalisée –ndô ;voir sthabro, sthabrondo). Le nom de clan Noldor (vieux sindarin #Ngolodi) signifiait « Maîtres du savoir »165) ou « les Sages »166) (« mais sages dans le sens de posséder des connaissances, pas dans celui d’être sagace, d’avoir un jugement sain » ; Index du Silmarillion, entrée « Noldor »).

  • nguru, ngurtu « la Mort ».

Dérivé du radical ÑGUR167), n’étant pas lui-même défini mais ne donnant que des mots désignant la mort. Les formes primitives doivent avoir été #ñgurû, #ñgurtû ; l’origine du t dans cette dernière forme n’est pas entièrement claire (il s’agirait du seul exemple d’une terminaison dérivationnelle en –tû). La terminaison –û pourrait être interprétée comme une terminaison masculine, s’il s’agit de la Mort personnifiée, comme le suggère la majuscule D (le quenya Nuru, par opposition à nuru, est explicitement dit être la Mort personnifiée, un nom de Mandos). – La forme ngurtu doit être du vieux sindarin primitif, puisque le rt originel devint rth (voir alpha et cf. bértha- ; pour un autre mot « privé » du changement attendu rt > rth, voir ortóbe).

  • « femme ». Ce mot est identique au radical 1, de signification similaire168).

Plus tard, fut remplacé par ; voir concernant les raisons de ce changement.

  • nidwa « renforcer, rembourrer ».

Dérivé du radical NID « se pencher contre »169) ; la forme primitive est dite être nidwô. La terminaison –wô est particulièrement inhabituelle, étant uniquement attestée dans ce mot. Il pourrait s’agir d’un équivalent nominal à l’adjectival –wâ (se référer à katwe à ce propos). Un nidwô est apparemment « #une chose contre laquelle on peut s’appuyer ». Normalement, le –ô final primitif devient –o en vieux sindarin, non –a comme dans nidwa. Dans une autre entrée des « Étymologies », 170), il est dit que lorsque wo (avec un o court, explicitement identifié ainsi avec un diacritique) était accentué, il devenait wa en « eldarin » (eldarin commun). Cependant, la voyelle finale de nidwô est longue, et nous ne savons pas si elle est accentuée. Puisqu’il s’agit de notre seul exemple de terminaison en –wô, il nous faut simplement accepter que celle-ci devient –wa en eldarin commun – peut-être ô était d’une façon ou d’une autre dissimilée après w171).

  • nui « lamentation » (ou peut-être « se lamenter »)172).

Le radical NAY est aussi défini de la même manière173), mais cette glose peut aussi bien s’interpréter par « lamentation » que par « se lamenter » (au même titre que le verbe quenya naina- dérivé de ce même radical). Tolkien mentionne la forme primitive naje (naye) ; le –e pourrait être une terminaison abstraite (qui est plus souvent un –ê long). Cependant, naje semble incapable de donner le vieux sindarin nui ; nous nous attendrions plutôt à #nai. Deux formes quenyarines, nai et noi, sont listées ; la deuxième est manifestement apparentée à nui, puisque oi devint ui en vieux sindarin (cf. v. sind. muina, q.v., correspondant au quenya moina). Il semblerait qu’une forme alternative irrégulière noje ait apparut au plus tard en eldarin commun, et qu’elle soit à l’origine du quenya noi et du vieux sindarin nui.

  • [núma] « piège » (et « collet », comme dans le sindarin ?)174).

Tolkien rejeta cette forme, la changeant en sniuma, snýma, mais tous ces mots doivent clairement être dérivés de la même forme primitive (#sneumâ). Voir sniuma.

O

  • orie« s’élever ».

Voir bronie concernant la terminaison infinitive –ie. Le radical or- vient directement du radical ORO « s’élever »175), à son tour une variante de avec voyelle radicale préfixée176)) de signification similaire. Comparer avec ortie.

  • orkhalla « supérieur »177).

Il s’agit de khalla « noble, exalté » (q.v.) avec la terminaison or- « au-dessus », dérivée du radical ORO « dessus ; s’élever ; haut ; etc. »178). Ce composé signifie ainsi « #super-exalté ». – Noter que le descendant sindarin de orkhalla est orchal ; la forme orchel apparaissant par deux fois dans « Les Étymologies » (entrées KHAL2, ORO) est une erreur de lecture. Sous KHAL2, Christopher Tolkien admit que le e de sa lecture était incertain ; la forme correcte orchal se retrouve en WJ, p. 305 (où elle est traduite par « grand [en taille] »).

  • orko, pl. orkui « gobelin » (Orque).

Dans « Les Étymologies », la forme primitive de ce mot est donnée comme étant órku (défini par « gobelin »), dérivé du radical non défini ÓROK179). Ce dernier pourrait se comprendre comme une variante avec voyelle préfixée du radical ROK « cheval », si celui-ci renvoyait à la monture du monstrueux « Cavalier noir sur son cheval sauvage » qui hantait les Elfes auprès de Cuiviénen, en supposant que ce radical ROK était originellement associé avec les créatures de Melkor. La forme plurielle orkui préserve la qualité originelle de la finale primitive –u, alors que les –u finaux courts devinrent normalement –o à la période eldarine commune, d’où le sing. orko (comparer avec malo, pl. malui ; ranko, pl. rankui). Les formes orko, orkui doivent être du vieux sindarin primitif, puisque k devint kh après les r au cours de cette période (voir alpha) : il nous faut supposer que les formes « correctes » #orkho, #orkhui finirent par se développer. – Cependant, ces informations des « Étymologies » pourraient être invalidées par le scénario développé dans l’essai « Quendi and Eldar », écrit plusieurs décennies après. Là, Tolkien dériva les mots elfiques pour « Orque » du radical RUKU, en rapport avec la peur (WJ, p. 389, absent des « Étymologies ») et lista d’hypothétiques formes primitives : urku, uruku, urkô. La première et la dernière deviendraient toutes deux #urkho en vieux sindarin ; uruku apparaîtrait sous la forme #uruk, donnant à son tour le sindarin urug180). Mais le mot le plus courant pour « Orque » en sindarin était orch, qui d’après cette même source devait soit être dérivée de urkô (avec la terminaison masculine –ô ; v. sind. #urkho, pl. #urkhi) soit de urkâ (v. sind. #urkha), originellement un adjectif « orquien » (avec la fréquente terminaison adjectivale –â).

  • oro, pl. oroti « montagne ».

Il existe aussi un singulier long oroto (son pluriel serait probablement aussi oroti), dérivé du radical ÓROT « hauteur, montagne »181). ÓROT est lui-même une extension du radical verbal ORO « s’élever »182), qui semble à son tour être une variante avec voyelle radicale préfixée de 183), de signification similaire. Les formes oro, pl. oroti représentent à l’évidence #orot, pl. oroti, le t disparaissant en position finale, mais étant préservé au pluriel de par la « protection » que lui accorde la terminaison plurielle. Comparer avec les exemples parallèles skhapa, pl. skhapati « côte », et nele, pl. neleki « dent ». – La forme longue oroto descent d’une forme primitive dotée d’un élément supplémentaire suffixé au radical ÓROT, soit #orotô, soit #orotu. Dans le premier cas, le –ô final est peut-être simplement la voyelle radicale suffixée et allongée. Si la terminaison originale était –u, #orotu pourrait appartenir à un large groupe de mots primitifs en –u dénotant des toponymes : jagu « golfe », tumbu « vallée profonde » et tundu « colline, tertre »184). Cependant, si la forme primitive était #orotu, nous nous serions attendu à ce que la forme plurielle d’oro soit **orotui plutôt qu’oroti, et il semble donc plus probable qu’il s’agisse de #orotô.

  • Oroume > Araume « Oromë »; voir Araume, la forme ultérieure.
  • ortie « s’élever ».

Comme orie, de signification similaire, cette forme semble être l’infinitif d’un verbe ; voir bronie concernant la terminaison infinitive –ie. Ortie est dérivé du même radical ORO « s’élever »185) que orie, mais tandis qu’orie semble être directement dérivé du radical, ortie doit être l’infinitif de #orta-, provenant du primitif #ortâ-, avec la terminaison verbale –tâ. Puisque –tâ est parfois utilisé pour former des verbes causatifs (voir bértha-), nous aurions pu nous attendre à ce qu’ortie signifie « lever, élever » plutôt que « s’élever ». (Normalement, les verbes en –tâ sont au moins transitifs.) Une autre forme infinitive dérivé du même radical, ortóbe signifie effectivement « lever, élever » ; voir ci-dessous. (En quenya, le verbe orta- couvre à la fois « lever, élever » et « s’élever ».) Il est très inhabituel qu’un verbe dérivé comme #ortâ- ait un infinitif vieux sindarin en –ie ; normalement, de tels verbes ont leurs infinitifs en –be (et comme nous l’avons déjà mentionné, une forme ortóbe apparaît bien dans « Les Étymologies »). En effet, ortie ressemble à un compromis confus d’orie (l’infinitif du verbe primaire or-) et ortóbe (l’infinitif du verbe dérivé orta-) ; peut-être Tolkien imagina-t-il que les deux furent fusionnés. – L’agglomérat rt devient rth en vieux sindarin (voir alpha), donc ortie doit être une forme primitivedu vieux sindarin, devenant utlérieurement #orthie.

  • ortóbe« lever, élever ».

Dérivé du même radical ORO « s’élever »186) comme ortie ci-dessus ; à nouveau, nous aurions pu nous attendre à avoir à la place #orthóbe. Autrement, comme suggéré supra, le verbe ortóbe se comporte de manière similaire à ce qui était attendu. Il est transitif, comme la plupart des verbes en –tâ (#ortâ-, voir ortie), et présente l’infinitif –be en vieux sindarin, comme le font habituellement les verbes dérivés.

P

  • pano, pl. panui« planche (fixe), en particulier pour un plancher ».

Dérivé du radical PAN « placer, mettre, fixer en place (en particulier pour du bois) ». En tant que radical verbal, PAN est manifestement en rapport avec l’action d’adapter quelque chose à l’endroit où il se place dans une construction. La forme primitive de pano est dite être panô. La terminaison –ô est ici simplement nominative, dénotant « quelque chose fixé à sa place », donc une « planche fixe ». Panô ressemble presque à une formation agentive « quelqu’un qui place », mais normalement, la voyelle radicale est aussi allongée dans de telles formations (**pânô) ; cf. kânô, dérivé de KAN (voir Findekâno). – La forme plurielle panui reflète le pluriel primitif #panôi > #panoi, puisque la diphtongue oi devint ui en vieux sindarin (cf. muina, Uigolosse). Cependant, cette forme plurielle est assez surprenante. Nous nous attendrions à ce que la diphtongue finale se soit déjà simplifiée en –i avant le changement oi > ui. Comparer avec poto, pl. poti « pied d’animal » (primitif potô, pl. #potôi). Quant à la forme plurielle panui, on pourrait s’attendre à ce qu’elle donne #peny en « noldorin » ultérieur, mais la forme plurielle effectivement listée dans « Les Étymologies » est pein (lire pain en sindarin). Pein, pain doivent être dérivés de #pani, non de panui. Il est tentant d’ignorer le pluriel panui comme un genre d’erreur, la lecture #pani résolvant tous les problèmes.

  • panta « plein » (comparer avec yen-panta).

Dérivé du radical KWAT187) ; la forme primitive serait #kwantâ, un adjectif dérivé par infixation nasale et la terminaison adjectivale –â. (La terminaison exceptée, il ne s’agit pas de la façon la plus fréquente de dériver les adjectifs ; comparer avec randa et runda pour les noms dérivés de la même manière.) Comme indiqué dans l’entrée alpha, le kw primitif devint p de façon très précoce dans la branche lindarine de la famille des langues eldarines188) ; voir aussi póre ci-dessous. – Le radical KWAT en tant que tel n’est pas défini dans « Les Étymologies ». Une source bie plus tardive affirme que KWATA est un radical verbal étendu à partir d’un radical simple KWA, qui se référait « évidemment » à la complétude189). – Quelques exemples suggèrent qu’à une étape de la période du vieux sindarin, panta pourrait s’être écrit #pantha ; voir thintha.

  • parkha « sec ».

Le radical PÁRAK190) n’est pas défini mais semble signifier la même chose. Ce radical pourrait avoir été une forme étendue d’un radical plus simple PAR, mais bien que ce dernier soit effectivement listé dans « Les Étymologies », il ne semble guère en mesure de donner naissance à un radical allongé pour « sec » ; PAR signifie « composer, rassembler ». Le vieux sindarin parkha et le quenya parca descendraient de #parkâ, qui présente la fréquente terminaison adjectivale –â. Après la liquide r, le k primitif devient kh en vieux sindarin ; voir alpha.

  • parma « livre ».

La forme primitive est dite être parmâ, dérivée du radical PAR « composer, rassembler »191). La terminaison –mâ est fréquente dans les noms d’équipements (voir WJ, p. 416 n. 33 ; comparer avec LRW, p. 389—390, où takmâ, dérivé de TAK « fixer, attacher », est défini par « chose pour fixer », donnant des mots comme le quenya tangwa « loquet, fermoir » et le sindarin taew « tenant, alvéole, loquet, fermoir, écurie »). Cependant, un parmâ est une « chose composée » plutôt qu’une « chose pour composer ». La terminaison –mâ semble ici être simplement nominative, ce qui est sa signification normale lorsqu’elle est ajoutée à un radical avec une signification adjectivale (voir pathwa ci-dessous).

  • parthóbi [lire #parthóbe] « arranger, composer ».

Puisque dix autres mots vieux sindarins ont des infinitifs en –be (voir buióbe pour la liste), il nous faut conclure que la terminaison –bi (que l’on ne trouve qu’ici) est fort probablement une erreur de lecture pour –be. Ce mot est dérivé du radical PAR « composer, rassembler »192) ; la forme primitive serait #partâ-, avec la fréquente terminaison verbale –tâ, qui ajoute peu à la signification du radical dans ce cas. L’agglomérat rt devient régulièrement rth en vieux sindarin ; voir alpha. EN lui-même, #partâ apparaîtrait sous la forme #partha en vieux sindarin, mais lorsque la terminaison infinitive –be est présente, n’est plus final et devient régulièrement ó à la place.

  • pathwa « espace plan, pelouse ».

Dérivé du radical PATH193), lui-même non défini, mais les mots qui en sont dérivés suggèrent une signification de base « lisse, de niveau ». La forme primitive donnée est pathmâ. La terminaison –mâ est identique à celle de parmâ (voir parma ci-dessus). Elle est simplement nominative dans ce cas, comme dans #kormâ « chose ronde » > quenya corma « anneau » (comparer avec le radical KOR « rond » des « Étymologies », LRW, p. 365, quoique ces mots dérivés ne soient pas mentionnés dans cette entrée). Étymologiquement, Pathmâ est simplement « #quelque chose de lisse », étant utilisé pour un espace plan ou pelouse. Noter le changement thm > thw en vieux sindarin ; il s’agit de notre seul exemple explicitement attesté à ce sujet.

  • pattha « lisse ».

Dérivé du même radical PATH « #lisse, de niveau »194) que pathwa ci-dessus ; la forme primitive est dite être pathnâ, avec la fréquente terminaison adjectivale –nâ. Il s’agit de notre seul exemple attesntant explicitement du changement thn > vieux sindarin tth.

  • pele, pl. pelesi, plus tard pelehi « champ clôturé », vieil anglais tún.

(Pelehi fut erronément lu « peleki » par le transcripteur des « Étymologies » : LRW, p. 380 s.v. PEL(ES). Le pelesi primitif n’aurait absolument pas pu donner « peleki », mais concernant la transformation du s intervocalique en h, cf. par exemple baraha [q.v.], dérivé de barasa. Pelesi > pelehi est donc parfaitement plausible. Une erreur de lecture similaire changea khelesa en « khelelia » ; voir khele.) Le radical, donné sous la forme PEL(ES), semblerait indiquer un radical basique PEL avec une forme étendue PELES (avec ómataina, ou réduplication de la voyelle radicale, et ajout de la terminaison –S). PEL(ES) n’est pas lui-même défini, mais le radical court PEL listé au-dessus pourrait fort bien être la forme basique dans ce cas. PEL signifie « tourner autour d’un point fixe » ; le quenya pel- signifie « tourner autour de ». Il se pourrait que la forme étendue PELES développe l’idée de « tourner autour de » en « encercler », et donc « emmurer, investir ». Il doit y avoir eu une forme primitive #peles (possiblement avec une voyelle finale brève ayant ultérieurement disparu). #Peles devient pele en vieux sindarin, la consonne finale étant perdue. Au pluriel, protégé par la terminaison plurielle et donc en position médiale, le s persista : #pelesi > pelesi. Les cas parallèles attestés sont nele, pl. neleki ; oro, pl. oroti ; skhapa, pl. skapati. Ultérieurement, la forme plurielle pelesi donna pelehi, puisque le s intervocalique devint h (cf. baraha, représentant le barasa primitif). Pour un cas parallèle, voir thele, pl. thelesi, ultérieurement thelehi.

  • pelthaksa « pivot »195).

La forme primitive donnée est pel-takse. Le premier élément est simplement le radical sous lequel ce mot est listé, PEL « tourner autour d’un point fixe ». Concernant takse, Tolkien ajouta une référence croisée vers TAK « fixer, attacher »196). Il se pourrait que la forme primitive indépendante soit en fait #taksê avec un –ê final long, puisque les voyelles finales longues de l’elfique primitif sont habituellement abrégées lorsqu’elles font partie du second élément d’un composé). Une terminaison –sê se retrouve dans un certain nombre de mot primitifs ; dans certains, elle dénote apparemment quelque chose effectuée par l’action dénotée dans le radical : voir brasse. Un #taksê pourrait alors être « #quelque chose de fixé ou qui est attaché ». Un pel-takse est « #une chose fixée qui est pourtant en rapport avec l’action de tourner », « #la chose fixe autour de laquelle quelque chose tourne », donc un pivot. Dans le vieux sindarin pelthaksa, le lt primitif est régulièrement devenu lth (voir alpha), mais la terminaison –a est surprenante. Le –e final court de pel-thakse aurait déjà dû disparaître en eldarin commun. Le quenya peltas, pl. peltaxi pourrait effectivement représenter l’eld. com. #peltaks, pl. #peltaksî. Peut-être un –ks final n’était-il pas autorisé à l’étape lindarine commune, et une nouvelle terminaison –â (plus tard v. sind. –a) fut-elle ajoutée à ce mot ?

  • persôs « cela affecte, concerne ».

Dérivé du radical PERES « affecter, déranger, altérer »197). Persô- doit représenter un radical verbal #persâ- (comparer avec phalsâ-, dérivé du radical PHÁLAS ; voir phalsóbe ci-dessous). La terminaison –s « ça » est apparemment dérivée du radical démonstratif S-198). Ici, les pronoms primitifs su/sû ou so/sô « il » et si/sî ou se/sê [« elle »] sont mentionnés. Le pronom sindarin ultérieur ha « ça » pourrait suggérer qu’il existait aussi un pronom primitif #sa, #sâ « ça ». Comparer avec la terminaison pronominale quenya –s « ça » (comme dans tiruvantes « ils le garderont », UT, p. 305). Persôs pourrait êtr dérivé de #persâ-sa.

  • phaire « radiance ».

Dérivé du radical PHAY « irradier, envoyer des raies de lumière »199). La forme primitive est probablement supposée être #phairê ; la terminaison –rê a ici approximativement la même signification que dans le mot thêrê « air, face, expression » vs. Le radical verbal THÊ « avoir l’air »200).

  • phalsóbe « écumer ».

Dérivé du radical PHÁLAS, forme étendue du radical simple PHAL, lui-même défini par « écume » (LRW, p. 381 ; il n’est pas clair s’il s’agit d’un nom ou du verbe « écumer » ; il pourrait s’agir des deux, puisque verbes comme noms sont dérivés de ce radical)201). Phalsó- doit représenter une ancienne forme verbale #phalsâ- qui apparaîtrait indépendamment sous la forme #phalsa, mais dont la terminaison primitive originelle –â devient ó lorsqu’elle n’est pas finale, comme lorsqu’on lui ajoute la terminaison infinitive –be (voir buióbe). – Phalsóbe donna faltho en sindarin ; ce mot démontre ainsi que ls ne devint lth qu’à une période tardive.

  • pharasse (également spharasse) « chasse, en chasse »202). Voir spharasse.
  • pharóbe (également spharóbe) « chasser »203). Voir spharóbe.
  • phasta « cheveux hirsutes ».

Dérivé du radical PHAS 204), lui-même non défini. Le verbe quenya fasta- « emmêler » pourrait refléter ici la forme la plus basique, un verbe #phastâ- avec la fréquente terminaison verbal –tâ. Celui-ci deviendrait phasta en vieux sindarin, désormais utilisé comme nom « #quelque chose d’emmêlé » = « cheveux hirsute » plutôt que comme un verbe signifiant « emmêler ». Pour d’autres cas possibles de verbes originels utilisés comme noms, voir hwesta, rista.

  • phauka « assoiffé ».

Dérivé du radical PHAU « bailler »205). La forme primitive serait #phaukâ, avec la terminaison adjectivale –kâ (comme dans poikâ, voir ruska – comparer également avec túka). Le quenya fauca est défini par « à la bouche ouverte » aussi bien que « assoiffé, parcheminé » ; puisque le radical signifie « béer », « à la bouche ouverte » ou « #béant » est probablement la signification la plus littérale de #phaukâ.

  • Phayanôr (indiqué être accentué sur la syllabe finale) n. m., « Fëanor »206).

Le nom Fëanor fut toujours présent dans le mythe de Tolkien, mais il le réinterpréta à de multiples reprises. Dans l’ancien « Gnomish Lexicon » (1917), il signifiait « Fabricant de gobelet »207). Dans « Les Étymologies », le nom est interprété par « soleil radiant » : l’élément initial phay- est identique au radical PHAY « irradier, envoyer des rayons de lumière », sous lequel est listé ce nom. Anôr est simplement une autre manière d’orthographier anór « soleil » (ultérieurement Anaur en sindarin, devenant à son tour Anor : cf. SD, p. 306). Anôr est dérivé du radical ANÁR (LRW, p. 348, où la forme primitive anâr- est listée ; le tiret suggérant que quelque voyelle finale n’est pas incluse – il est possible que la forme complète soit supposée être anâro, puisque Phayanôr est dérivé de Phay-anâro en LRW, p. 381 s.v. PHAY ; d’un autre côté, SD, p. 306, cite Anâr sans voyelle finale comme étant « la forme la plus ancienne » du mot désignant le Soleil). Le radical ANÁR lui-même est identifié comme un « dérivé de NAR1 », le radical elfique pour « flamme, feu » (LRW, p. 374). La voyelle radicale est préfixée pour former une variante intensive de cette racine, le Soleil étant la « flamme » ultime. Cependant, Tolkien abandonna cette étymologie dans les sources plus tardives. Son interprétation finale du nom Fëanor est qu’il signifiait « Esprit de Feu » (MR, p. 306, note de bas de page). Il vint à penser que Fëanor était un hybride du pur quenya Fëanáro et du pur sindarin Faenor. Dans le quenya Fëanáro, les éléments sont fëa « esprit » et nár « feu », plus une terminaison (probablement masculine) –o. Fëa « esprit »vient du radical phaya, de signification similaire (PM, p. 352 ; en ancien quenya, fëa était manifestement faya, puisqu’une forme Fayanáro est mentionnée en PM, p. 343). Cela ne rend pas obsolète le radical PHAY « irradier, envoyer des rayons de lumière » des « Étymologies »208), car Tolkien affirma aussi que « la signification ancienne [de fëa et fairë, plus tard utilisé pour “âme”] semble plutôt être “radiance” » (MR, p. 250 ; le mot fairë « radiance » est aussi listé dans « Les Étymologies », quoiqu’il n’y ait là aucune suggestion qu’il puisse aussi signifier « âme »). Le second élément de Fëanáro est nár « feu » ; « Les Étymologies » listent nár et náre, dérivés du radical NAR1 « flamme, feu »209). Comme observé ci-dessus, le –o final doit probablement se comprendre comme une terminaison masculine, quoiqu’il soit concevable qu’il s’agisse d’une terminaison génitive quenya –o (fëa náro = littéralement « esprit de feu »). Cependant, il semble que le quenya utilise plutôt le cas possessif-adjectival –va pour décrire ce dont quelque chose est fait, il s’agit donc d’une interprétation plus sujette à caution. – La forme vieil sindarine de Fëanáro, si elle avait existé, aurait probablement été #Phayanóro – assez peu différent de la forme Phayanôr trouvée dans « Les Étymologies », car si Tolkien révisa ultérieurement l’interprétation de ce nom, les radicaux primitifs impliqués demeurèrent les mêmes. Mais bien sûr, le nom Phayanôr n’était pas supposé être du vieux sindarin lorsqu’il fut rédigé ; il s’agissait de « vieux noldorin », la langue que les Noldor parlaient à Valinor. Lorsque Tolkien révisa l’histoire de la langue aux sonorités galloises de son mythe, la faisant devenir la langue des Sindar de Terre du Milieu plutôt celle des Noldor d’Aman, il élimina incidemment la possiblité qu’une forme du nom Fëanáro (connu seulement au Royaume Béni) ait pu exister dans l’ancienne forme de ce langage. Les Noldor, adaptant le nom Fëanáro au sindarin, ne firent pas leur travail ; ils « auraient dû » reconstruire la forme eldarine commune #Phayanârô, vieux sindarin #Phayanóro, et en dériver la « vraie » forme sindarine Faenor. À la place, comme mentionné ci-dessus, c’est l’hybride quenya-sindarin Fëanor qui apparut. (Cette histoire ne se trouve pas dans « Les Étymologies » ; là, Feanoúr, Féanor est du « noldorin » authentique. Dans la vision ultérieure de Tolkien concernant la phonologie du sindarin, il aurait probablement été impossible de dériver une telle forme, mais – peut-être pour conserver le nom Fëanor, depuis longtemps établi – Tolkien adopta l’explication qu’il ne s’agissait en fait pas de sindarin pur après tout.)

  • phelga « grotte, cave ».

Dérivé du radical PHÉLEG210), semblablement défini. Phelga et ses parents (le quenya felya et le telerin felga) pointent vers une forme primitive #phelgâ. La terminaison –â, souvent adjectivale, semble simplement indiquer un objet inanimé ici. – Des développements ultérieurs dans la vision de Tolkien des langues d’Arda jette des doutes considérables sur la totalité de l’entrée PHÉLEG et les mots elfiques qui en sont dérivés. Cette entrée était supposée expliquer le premier élément du nom Felagund, qui est supposer signifier « #Prince des cavernes » (comparer avec LRW, p. 366 s.v. KUNDÛ) ; Felagund était à cette époque considéré comme un nom elfique. Plus tard, Tolkien expliqua Felagund comme étant en fait une adaptation sindarine du khuzdul (nanesque) Felakgundu, Felaggundu « excavateur » (PM, p. 352 ; voir aussi l’Index du Silmarillion, entrée Felagund – il y est signalé que la traduction « Seigneur des Cavernes » est présente dans le texte du Silmarillion lui-même, mais que cela semble refléter l’interprétation antérieure de Felagund par Tolkien). Dans le nanesque Felakgundu, c’est gundu, non felak-, qui signifie « cave, caverne » ou « salle souterraine »211).

  • phenda « seuil ».

Le radical PHEN212) n’est pas défini ; la forme primitive doit être #phendâ, avec affermissement médian n > nd et une terminaison en –â, indiquant ici un nom inanimé.

  • pheren « bouleau ».

Dérivé directement du radical PHÉREN213), la forme étendue du radical simple PHER, formée par ajout de –n à l’ómataina (voyelle radicale redoublée). Le radical PHER (PHÉREN) est simplement défini par « bouleau ». Comparer avec LRW, p. 352 s.v. BERÉTH, où il est affirmé que « le bouleau était probablement appelé *phéren à l’origine » ; le mot vieux sindarin pheren y est également mentionné.

  • pherna « mât » (faine).

Peut-être à l’origine un adjectif #phernâ, dérivé du radical PHER « bouleau »214), avec la fréquente terminaison adjectivale –nâ. Plus tard, cet adjectif fut peut-être utilisé comme nom « quelque chose en rapport avec les (quelque chose venant des) bouleaux » et appliqué aux faines.

  • Phind-ambar n. m.

Ce nom n’est pas explicitement dit être du vieux sindarin, mais il est mentionné comme forme ancestrale du nom sindarin ultérieur Findabar215), c’est pourquoi nous l’incluons ici. La signification de ce nom est assez obscure ; il semble être un composé de phinde « talent » (q.v.) et ambar « monde » ; voir Gondambar pour une discussion de cet élément. Puisque Gondambar est défini par « Pierre du Monde », peut-être Phind-ambar signifie-il de même « #Talent du Monde », c’est-à-dire la personne la plus talentueuse du monde ?

  • phinde « talent ».

Dérivé du radical PHIN « agilité, talent »216) ; la forme primitive est probablement supposée être #phindê avec un affermissement médian n > nd et la terminaison abstraite –ê. Cela est incompatible avec le scénario tardif de Tolkien, détaillé en PM, p. 362 : le primitif phindê est désormais redéfini pour signifier « tresse », tandis que dans « Les Étymologies », le mot primitif pour « tresse, tresse de cheveux » était spindê (LRW, p. 387 s.v. SPIN ; vieux sindarin sphinde)217). Voir Phinwe.

  • #Phindekóno possible correction de Findekâno, q.v.
  • Phinwe n. m. « nom du chef des Gnomes [=Noldo] », quenya Finwë.

Dans « Les Étymologies », ce mot était dérivé du radical PHIN « agilité, talent »218). D’après LRW, p. 398 s.v. WEG, la terminaison –we vue dans ce nom descend dusuffixe abstrait –wê (voir yaiwe à ce propos). Il semblerait que lorsque « Les Étymologies » furent écrites, Tolkien voulait que le nom Phinwe signifie « Talent ». Cependant, dans une source considérablement plus récente, il affirma que le nom Finwë n’avait pas nécessairement de signification, « c’est-à-dire quelque référérence intentionnelle que ce soit ou connexion avec d’autres radicaux existant déjà en eldarin primitif »219). Dans la même source, la terminaison –we est aussi réinterprétée : non plus expliquée comme un suffixe abstrait, elle est dite être un ancien mot pour « personne », dérivé du radical EWE (absent des « Étymologies »). Cependant, en PM, p. 344, il est suggéré que le nom Finwë était au moins associé avec des mots pour « chevelure » (comme le quenya findë), quoique Tolkien dit clairement que cela ne devait pas être considéré comme une « preuve concluante » que le nom Finwë ait réellement été apparenté à ces mots. Cela se réfère aux idées révisées de Tolkien concernant la signification du radical PHIN, désormais en rapport avec les cheveux plutôt qu’avec le talent – voir phinde ci-dessus.

  • phinya « talentueux ».

Dérivé du même radical PHIN « agilité »220) que phinde « talent ». La forme primitive serait #phinjâ avec la terminaison adjectivale bien attestée –jâ (l’origine du –ya du nom quenya = « elfique, quendien », dérivé du primitif kwendjâ, WJ, p. 360, 393). – Noter que le #nj primitif persiste dans le mot vieux sindarin (orthographié ny). Cela démontre qu’il y a une distinction entre nj = n palatalisé et nj = n suivi de j (comme dans ce cas, puisque phinya = phin + ). Les sons palatalisés étaient déjà dépalatalisés à la période lindarine commune (cf. kelepe, dérivé de kjelepê), donc si le nj de #phinjâ avait été un n palatalisé plutôt qu’un aggomérat n + j, la forme vieil sindarine aurait été **phina.

  • phuine « nuit ».

Dérivé du radical PHUY221), lui-même non défini, mais le terme quenya apparenté fuinë, huinë signifie « ombre profonde » plutôt que « nuit » (tandis que les mots quenyarins pour « nuit » sont dérivés du radical PHUY sans addition : Fui, Hui). Phuine (et le q. fuinë, huinë) doit provenir d’une forme primitive #phuinë ou possiblement #phuini. Cependant, aucune terminaison primitive –ni n’est mentionnée dans les papiers de Tolkien, alors qu’une terminaison –nê apparaît dans quelques-unes de ses formes primitives « reconstuites ». Dans neinê « larme » (dérivé du radical NEI de signification similaire, LRW, p. 376), il semble s’agir d’un simple suffixe nominatif. Un autre nom en –nê est slignê « toile d’araignée, arantèle »222). Le mot ornê « arbre (mince) » pourrait être notre meilleur indice quant à la signification de –nê : puisque ornê est dit être apparenté à l’adjectif ornâ « se levant, grand »223), nous pouvons spéculer que –nê soit une terminaison nominale correspondant à la fréquente terminaison adjectivale –nâ, un ornê étant littéralement une « grande chose », faisant référence aux arbres minces. De même, il pourrait y avoir eu un adjectif #phuinâ « sombre » ou « ombreux », avec le nom correspondant #phuinê, donnant le vieux sindarin phuine « nuit » et le quenya fuinë, huinë « ombre profonde ».

  • phuióbe « ressentir du dégoût envers, abhorrer ».

Une formation entièrement parallèle à buióbe : le radical PHEW, de signification similaire224) aurait donné un verbe primitif #pheujâ-, avec la commune terminaison verbale –jâ, qui n’ajout ici rien à la signification du radical lui-même. Comme dans buióbe, le euj primitif devient ici ui (quoique eu par lui-même devienne io ou iu ; voir bioro, biuro). #Pheujâ- isolé apparaîtrait normalement sous la forme #phuia-, mais lorsque la terminaison –be est présente, â n’est plus fina, et devient régulièrement ó, d’où phuióbe.

  • pikina « minuscule ».

Dérivé du radical PIK, qui n’est pas défini dans « Les Étymologies »225), mais semble être en rapport avec la petitesse : le quenya pitya « petit » (comme dans Pityafinwë « Petit Finwë », PM, p. 353) représente probablement le #pikjâ primitif, c’est-à-dire PIK avec une terminaison adjectivale (voir aussi Pitya-naucor ou Picinaucor pour « Petit-nains », WJ, p. 389 ; la forme du préfixe pici- confirme que le radical est PIK). Cependant, pikina ne saurait représenter #pikjâ ; ce mot vieux sindarin doit venir de #pikinâ, avec une autre terminaison adjectivale (voir malina à ce propos).

  • póre « poing ».

Le radical est KWAR, qui dans « Les Étymologies » est défini par « main agrippant, poing »226). Póre, comme le quenya quárë, pointe vers un mot primitif kwârê ou moins probablement kwâri. (Dans « Les Étymologies », le quenya quárë était une modification de quár, mais quár réapparaît dans une source tardive publiée dans PM, p. 318). La forme póre démontre la présence du changement lindarin commun kw > p (voir alpha, panta) et du changement vieux sindarin des â non finaux en ó (voir abóro). Cependant, dans PM, p. 318, le radical KWAR est défini par « presser ensemble, compresser, tordre » et la forme primitive donnée est kwâra (probablement, la terminaison –a est simplement la voyelle radicale suffixée). En vieux sindarin, cela aurait donné #pór à la place (cf. le telerin pár), puisque les –a finaux courts ont disparu à la période eldarine commune. Póre et #pór seraient cependant devenus paur (-bor) en sindarin.

  • poto, pl. poti « pied d’animal »227).

L’entrée des « Étymologies », POTÔ, est clairement un mot reconstruit complet par lui-même, représentant un radical court #POT. Il n’y a pas grand chose à dire concernant la forme primitive potô, que Tolkien n’expliqua pas plus avant ; la terminaison –ô est normalement masculine ou agentale, mais pourrait ici simplement être la voyelle radicale suffixée et allongée, ou simplement une terminaison nominale (comme dans panô ; voir pano). Potô donne régulièrement le vieux sindarin poto, mais le pluriel poti est intéressant. La forme plurielle primitive #potôi apparaîtrait probablement sous la forme potoi à la période précédant immédiatement le vieux sindarin, mais il semble que les diphtongues finales (excepté –ui) furent simplifiées à ce stade, et que les noms se terminant par une voyelle formaient leur pluriel en abandonnant celle-ci avant que la terminaison plurielle –i ne soit ajoutée. Par conséquent, poto, pl. poti plutôt que #potui pour potoi (oi devint ui, cf. muina, Uigolosse). Cependant, un mot vieux sindarin, pano « planche », présente de façon surprenante le pluriel panui (plutôt que #pani) et ne suit donc pas ce schéma. Voir pano.

  • puióbe « cracher ».

Dérivé du radical PIW, aussi défini par « cracher »228). Le verbe primitif était manifestement #puijâ- (comparer avec tuio, q.v., dérivé du radical TIW, où le terme quenya apparenté tiuya- pointe clairement vers une forme primitive #tiujâ-). La terminaison –jâ est un fréquent suffixe verbal (mais le quenya puita, signifiant aussi « cracher », doit représenter #piutâ- avec une terminaison différente). #Piuj- s’écrivait probablement #piui à un certain point, mais la « triphtongue » iui fut simplifiée en ui en vieux sindarin (cf. euj- devenant également ui ; il est en effet probable que euj- soi devenu iuj, tui à une certaine période, étant ensuite simplifiée en ui ; voir buióbe pour un exemple possible de ce changement). Par lui-même, #piujâ apparaîtrait sous la forme vieil sindarine #puia-, mais lorsque la terminaison infinitive –be (au suet de laquelle se référer à buióbe) est présente, l’ancien â n’est pas final et devint régulierement la forme ó, produisant le forme puióbe.

R

  • ragme « brasse ».

Dérivé du radical RAK « étendre, atteindre »229) ; la forme primitive est dite être rakmê, avec une terminaison servant à former des noms abstraits. Comparer avec certaines formes mentionnées en WJ, p. 416 : julmê « beuverie, bacchanale », dérivé du radical JULU « boire »230) ou labmê « l’action de *LABA », c’est-à-dire un radical en rapport avec l’action de lécher ou de bouger la langue (WJ, p. 416). Ainsi, rakmê est littéralement un nom verbal « atteignant », plus tard utilisé sous le sens « brasse ». K devient le g voisé par assimilation au m le suivant : en effet, toutes les plosives sourdes deviennent voisées devant une nasale. Comparer avec ndagno, tulugme, yadme.

  • ragna « tordu ».

La forme primitive est dite être ragnâ, c’est-à-dire le radical non-défini RAG231) avec une terminaison –nâ qui est soit adjectivale soit sert à former des participes passés (voir khalla). Cela pourrait suggérer que le radical RAG ait une signification verbale « #tordre, courber ».

  • randa « cycle, âge » (100 années valiennes).

Dérivé du radical RAD « en arrière, retour »232). La forme primitive randâ présente une infixation nasale et une terminaison en –â qui est ici utilisée pour former un nom ; pour un exemple de dérivation similaire, comparer avec rundâ, dérivé de RUD (voir runda). Étant donné la signification du radical, il semble que randa renvoie littéralement à quelque chose qui retourne ou revient, donc un cycle temporel (et par conséquent aussi utilisé pour désigner un âge ou époque).

  • ranko, pl. rankui « bras ».

Dérivé du même radical RAK « étendre, atteindre » que ragme ci-dessus ; un « bras » est donc conçu comme « ce qui s’étend, atteint ». La forme primitive est donnée sous la forme ranku. La terminaison est intéressante ; plusieurs mots primitifs dénotant des parties du corps présente la terminaison –u ; en-dehors de ranku, nous avons mbundu « museau, mufle, nez »233) et tûgu « muscle, tendon » (LRW, p. 394 s.v. TUG ; voir túgo pour ce dernier ; la forme vieil sindarine de mbundu n’est pas donnée, mais aurait été #mbundo). Dans les cas de tûgu et mbundu, la terminaison en –u pourrait simplement être la voyelle radicale suffixée, mais ce ne peut être le cas pour ranku, puisque la voyelle radicale est a dans ce cas. Ce mot est donc intéressant, car il établit qu’il existe réellement une terminaison indépendante –u qui est parfois utilisée pour les noms des parties du corps. Outre cette terminaison, ranku présente aussi une infixation nasale, qui semble rendre cette forme entièrement parallèle avedc mbundu « museau, mufle, nez » (dérivé du radical MBUD « projeter », donc « ce qui se projette », exactement comme ranku est « ce qui s’étend, atteint » < radical RAK « s’étendre, atteindre »). Ranku devient le vieux sindarin ranko, parce que les –u finauc courts deviennent –o à la période eldarine commune ; ala qualité originelle de la voyelle est cependant préservée devant la terminaison plurielle –i, créant une diphtongue ui qui ne fut pas modifiée. Comparer avec malo pl. malui, et orko pl. orkui.

  • rattha « cours, lit de rivière ».

Dérivé du radical RAT « marcher » (LRW, p. 383). La forme primitive donnée est rattâ (ou ratta, il y a un diacritique indiquant que la voyelle finale peut être brève ou longue – mais rattha doit dériver de rattâ, car les -a finaux courts disparurent à la période eldarine commune). Le doublement du t peut simplement être vu comme un affermissement médian d’un certain type ; le –â final pourrait avoir ici une signification locative, dénotantun endroit où quelque chose (de l’eau, en l’espèce) « marche » ou cours. Comparer avec son synonyme yura (#jurâ), dérivé d’un radical signifiant « courir » au moyen de la même terminaison. L’ancien tt devient tth en vieux sindarin ; cf. batthô, dérivé de battâ.

  • rauda « creux, caverneux ».

Dérivé du radical ROD « caverne »234). Ce mot doit dériver d’une forme eldarine commune #raodâ, avec la terminaison adjectivale –â ajoutée à une variante avec infixation en A du radical ROD. Cela semble être notre seul exemple attesté de l’eldarin commun #ao donnant le vieux sindarin au. Dans VT 39, p. 10, Tolkien suggère que ao devint un â long dans la branche telerine (lindarine) de la famille des langues elfiques. S’il en est ainsi, la forme vieil sindarine de #raodâ devrait peut-être s’écrire #róda plutôt que rauda, puisque les â primitifs devinrent ó en vieux sindarin, mais en sindarin classique, rauda comme #róda deviendraient raudh de toute façon. (Comparer avec le VT 39, p.10, où Tolkien dérive le sindarin caul « grande charge » de kâlô, lui-même représentant une forme antérieure avec infixation en A du radical KOL, évidemment supposée être #kaolâ. Dans ce schéma, la forme vieil sindarine intermédiaire entre kâlô et caul serait #kólo ; dans le concept antérieur de Tolkien en place dans « Les Étymologies », cette forme aurait été #kaulo. Mais comme nous l’avons déjà mentionné, la différence n’occasionne aucune différence sur la forme sindarine « finale » de ce mot.)

  • rauta métal (signification modifiée ; Tolkien l’avait initialement glosé « cuivre »).

Le « radical » donné dans « Les Étymologies », RAUTÂ235), semble être un mot reconstruit complet. Cependant, on ne peut l’analyser plus avant avec certitude. Parmi plusieurs possibilités, il pourrait représenter une variante avec infixation en A d’un radical simple #RUT.

  • ríge « couronne ».

Dérivé du radical RIG, qui n’est pas défini dans « Les Étymologies »236) ; cependant, PM, p. 347 nous informe que RIG signifie « tresser, entrelacer, couronner ». Dans « Les Étymologies », la forme primitive de ríge est dite être rîgê, que l’on peut comprendre comme étant originellement une formation abstraite « tressage, entrelacement, couronnement », plus tard appliquée à une guirlande concrête, et donc une « couronne ». (Voir síre pour un exemple d’un possible développement similaire). Cependant, PM, p. 347 donne la forme primitive rîgâ (définie par « couronne, guirlande »). Ce –â serait une simple terminaison nominale. Rîgê comme rîgâ donneraient en sindarin (= rhi dans le « noldorin » des « Étymologies »), mais la forme vieil sindarine de rîgâ serait #ríga.

  • rimba « fréquent, nombreux ».

Dérivé du radical non défini RIM237) ; la forme primitive est donnée sous la forme rimbâ, avec affermissement médian m > mb et –â adjectival.

  • rimbe « foule, troupe ».

Dérivé du même radical RIM que rimba ci-dessus ; la forme primitive est dite être rimbê, avec affermissement médian m > mb et terminaison nominale –ê, qui peut avoir de nombreuses significations. Elle se voit dans nombre de mots désignant des substances (voir kelepe pour une liste d’exemples) et puisqu’une « foule » ou « troupe » est considérée être une masse plutôt qu’une collection d’individus, cette signification pourrait être appropriée.

  • ringe « froid ».

Le « radical » ou tête d’entrée des « Étymologies », RINGI (LRW, p. 383, simplement défini par « froid ») semble être un mot « reconstruit » complet en lui-même. Il présene la terminaison adjectivale –i (fréquente dans les adjectifs de couleur ; voir barane). Les –i courts finaux donnèrent –e dès l’eldarin commun ; par conséquent, le quenya possède de même ringë « froid » (mais aussi ringa, avec une autre terminaison adjectivale, quoique cette forme quenya ne soit pas listée dans « Les Étymologies » — sa contrepartie vieil sindarine, si elle existait, aurait aussi été #ringa).

  • rista- « lacérer, déchirer ».

Dérivé du radical RIS « lacérer, déchirer » ou « couper, fendre »238). Dans la deuxième entrée RIS-, une forme primitive rista- est donnée ; la forme la plus ancienne doit avoir été ristâ-, avec une voyelle finale longue (un –a court aurait disparu dès l’eldarin commun, et ne serait pas apparu en vieux sindarin). La terminaison –tâ est un suffixe verbal courant ; il peut être causatif, mais n’ajoute ici rien à la signification du radical de base. Un nom rista peut être observé dans le composé ekla-rista (q.v.) ; celui-ci serait dérivé du verbe. Il renvoit à une coupure dans le paysage, donc une faille ou un ravin. Pour un autre cas de radical verbal en –ta étant (aussi) utilisé comme nom, comparer avec hwesta ; cf. aussi phasta.

  • , pl. rówi « lion ».

Dérivé du radical RAW239), lui-même non défini ; la forme primitive donnée est râu, avec allongement de la voyelle radicale et un changement W > U quelque peu surprenant. Puisque les â longs devinrent ó en vieux sindarin (voir abóro), une forme #róu doit être apparue, mais le u fut à l’évidence assimilé par la voyelle précédente : #róu > #róo > . (N.d.T. : omission d’une astérisque devant présente dans la verison originale de l’article, manifestement une coquille.) Cela n’a pas lieu au pluriel, où nous avons manifestement : #râwî (#râuî?) > rówi.

  • romba « cor, trompette » (ce mot se trouve aussi en quenya).

Dérivé du radical ROM « bruit fort, sonnerie de cor, etc. »240). La forme primitive serait #rombâ, qui en relation avec le radical ROM présente un affermissement médian m > mb et la terminaison –â (ici nominale). La signification d’un mot dérivé de cette manière n’est pas prédictible ; comparer avec rimba, où un adjectif est dérivé du radical RIM exactement de la même manière.

  • róna « Est », dérivé du radical « s’élever »241), lui-même une variante de ORO « dessus ; s’élever ; haut ; etc. »242).

Cela identifie l’Est comme la direction du soleil levant. Il est cependant possible que róna ait originellement signifié « est » en tant qu’adjectif plutôt que nom ; la forme primitive doit être #rônâ, avec ajout de la terminaison adjectivale –nâ. Puisque le ô primitif donne normalement le vieux sindarin ú, û (cf. brûna, dérivé de b’rônâ), nous aurions pu nous attendre à #rúna à la place. Róna donna le sindarin rhûn, qui comporte le changement O > U, il nous faut donc peut-être supposer que róna est une forme vieil sindarine primitive, devenant plus tard #rúna. Bien entendu, il est également possible que róna soit simplement une erreur de lecture pour #rúna dans le manuscrit de Tolkien. – Il se pourrait que le sindarin rhûn ne puisse après tout être dérivé de róna. Dans le « noldorin » des « Étymologies », les r- initiaux primitifs deviennent rh-, donc en « noldorin », róna pourrait aisément donner rhûn. Cependant, Tolkien révisa sa phonologie lorsque le « noldorin » devint du sindarin ; désormais, les r- primitifs restent inchangés en gris-elfique classique. Un mot vieux sindarin róna, #rúna devrait donc devenir **rûn en sindarin, non pas rhûn. Rhûn requiert désormais une forme antérieure #sróna, #srúna. Il se pourrait que Tolkien, lorsqu’il révisa la phonologie « noldorine » / sindarine, ait désiré conserver rhûn comme mot sindarin pour « Est » (plutôt que de le changer en rûn), et imagina quelque explication historique à ce sujet243).

  • rostóbe « évider, excaver ».

Dérivé du radical ROD, lui-même défini par « caverne »244). La forme primitive serait #rodtâ-, avec la fréquente terminaison verbale –tâ, parfois causative (voir bértha- à ce propos) ; par conséquent, #rodtâ- est en rapport avec « causer » l’apparition une caverne ou simplement « excaver ». Ce mot est le seul à démontrer explicitement que le dt primitif devint st en vieux sindarin (mais voir aussi le sindarin hast, dérivé du primitif sjad-ta245) ; la forme vieil sindarine n’est pas donnée, mais aurait été #hyasta). #Rodtâ- isolé apparaîtrait sous la forme #rosta en vieux sindarin, mais lorsque la terminaison infinitive –be est présente (voir buióbe à ce sujet), le â primitif n’était plus finale et donnait régulièrement la forme rostóbe.

  • rúma « son bruyant, sonnerie de trompette ».

Dérivé du radical ROM « bruit fort, sonnerie de cor, etc. »246). Ce mot, comme le terme quenya apparenté róma, pointe vers la forme primitive #rômâ, avec allongement de la voyelle radicale et ajout de la terminaison –â, servant ici à former un nom (mais plus communément utilisée pour dériver des adjectifs). Pour la transformation ô > û, comparer avec brûna, dérivé de b’rônâ.

  • runda « bâton ».

Dérivé du radical RUD247), lui-même non défini, la forme primitive est dite être rundâ, avec infixation nasale et terminaison –â, ici utiliser pour former un nom (cf. rúma ci-dessus). Runda donna le sindarin grond ; Grond est mieux connu comme le nom de la masse d’arme de Morgoth248)

  • ruska « marron, brun ».

La tête d’entrée RUSKÂ donnée dans « Les Étymologies »249) semble être un mot primitif reconstruit plutôt qu’un simple « radical ». Elle présente la fréquente terminaison adjectivale –â, ou peut-être même la terminaison adjectivale longue –kâ (voir par exemple poikâ « propre, pure », dérivé de POY, LRW, p. 382). Cependant, si la terminaison –kâ est présente, il nous faut postuler l’existence d’un nouveau radical #RUS (clairement différent de RUS « éclair, scintillement de métal » en LRW, p. 384). – Initialement, sk devient skh en vieux sindarin (voir skhalia), mais il ne semble pas que ce changement ait eu lieu médialement (nous n’avons donc pas **ruskha).

  • russe « métal poli ».

Dérivé du radical RUS « éclair, scintillement de métal ». La forme primitive, très probablement #russê, doit présenter une terminaison simple –ê, qui apparaît parfois dans le nom de substances (voir kelepe), combiné avec un doublement du S médian, semblant être une sorte d’affermissement (voir le terme primitif rossê « rosée »250), dérivé du radical ROS ; cf. LRW, p. 384, où le rossê primitif n’est pas mentionné, mais où son descendant quenya rossë l’est). Si une terminaison plus longue –sê est présente, la signification de ce mot est obscure. Une terminaison –sê apparaît bien dans certains mots ; à l’entrée brasse, nous argons qu’elle peut être utilisée pour dériver des mots désignant quelque chose étant effectuée par l’action définie dans le radical, mais dans ce cas, le radical ne contient aucune signification verbale.

S

  • salape « herbe, plante verte comestible ».

Le « radical » ou tête d’entrée donnée dans « Les Étymologies », SALÁK-(WÊ)251), semble être une reconstruction complète d’un mot primitif #salakwê. Originellement, ce mot semble avoir signifié « herbe », ce qui est toujours la signification du quenya salquë et de l’ilkorin salch. La terminaison –wê sert manifestement à former un nom dans le présent cas (peut-être s’agit-il de la contrepartie nominale de la terminaison adjectivale –wâ, voir les commentaires au sujet de katwâ dans l’entrée katwe). Comme d’habitude, kw devient p (voir alpha). – Aucune information n’est fournie concernant l’élément radical de base SALAK ; il est probable qu’il signifie simplement « herbe » (dans le premier lexique « qenya » de Tolkien apparaît déjà le mot salki « herbe » ; voir le « Qenya Lexicon », p. 84).

  • salpha « nourriture liquide, soupe, bouillon ».

Dérivé du radical non défini SÁLAP252) ; le quenya salpa- « lécher, souper » pourrait donner un indice quant à sa signification basique. Ce verbe quenya et le nom vieux sindarin dérivent probablement d’une forme #salpâ. Comme d’habitude (cf. alpha), les p suivant les l deviennent ph en vieux sindarin.

  • síre «rivière », dérivé du radical SIR « s’écouler ».

Síre (avec allongement de la voyelle radicale et terminaison –e) est en fait un nom abstrait ou verbal signifiant littéralement « #écoulement », mais appliqué à quelque chose de concret (une rivière). Des formations similaires sont fréquentes en quenya (langage qui possède en effet sírë, doté de la même signification). La forme primitive aurait été soit #sîrê, soit #sîri. Comparer avec ríge, dérivé de rîgê ; voir aussi slíwe, représentant slîwê.

  • sirya- « s’écouler ».

Dérivé du radical SIR253), de signification similaire : forme primitive #sirjâ-, avec la fréquente terminaison verbale –jâ, qui n’ajoute ici aucune signification supplémentaire (en quenya était utilisé le verbe simple sir-, dérivé du radical sans augment). À la lumière du verbe skhalia-, dérivé de skaljâ, nous aurions plutôt pu nous attendre à siria- ; voir skhalia-.

  • skhalia- « voiler, dissimuler, soustraire à la lumière ».

Dérivé du radical SKAL1 « masquer, protéger (de la lumière) »254) ; la forme primitive serait #skaljâ-, avec la fréquente terminaison verbale #-jâ. (L’adjectif skhalla, voir ci-dessous, provient d’un ancien participe passé directement dérivé du radical.) Pour d’autres exemples d’un sk- initial primitif devenant skh- en vieux sindarin, voir skhalla, skhella. La terminaison #-jâ donne ici –ia, la semi-voyelle #j (= anglais y) devenant la voyelle pleine i ; dans le mot sirya- (< #sirjâ) ci-dessus, la semi-voyelle demeure. Nous aurions pu nous attendre à #siria. Puisque ce verbe devint sirio « s’écouler » en sindarin, le y finit également par devenir une voyelle pleine dans ce cas. Peut-être #sirjâ-, #sklajâ- devinrent-ils sirya-, #skhalya- au début du vieux sindarin, devenant plus tard (mais toujours à cette même période) #siria-, skhalia-.

  • skhalla « voilé, caché, assombri, ombreux »

Dérivé du radical SKAL1 « masquer, protéger (de la lumière) »255) ; la forme primitive est dite être skalnâ, avec une terminaison –nâ qui est parfois simplement emloyée pour former des adjectifs (comparer avec magnâ), mais fonctionne souvent aussi comme terminaison de participe passé. Dans ce cas, skalnâ signifierait littéralement « caché », participe passé du radical verbal « cacher » (mais n’étant probablement plus reconnaissable comme tel à la période vieil sindarine). Pour d’autres exemples de l’assimilation #ln > ll, voir khalla (> khalnâ) et skhella (< skelnâ).

  • skhapa, pl. skhapati « côte ».

Dérivé du radical SKYAP256), lui-même non défini. La forme primitive est dite être skjapat- (skyapat-), le tiret final indiquant à l’évidence qu’il exista à l’origine une voyelle finale brève ne pouvant être reconstruite (le mot compet aurait pu être #skjapata, possiblement #skjapate ou #skjapato ; il ne pourrait s’agir de skjapatu ou skjapati, puisque ces formes auraient respectivement donné skhapato ou skhapate en vieux sindarin). La voyelle finale (#-a, #-e ou #-o) fut perdue dès l’eldarin commun, générant une forme skjapat. Il a été suggéré que t est un type de marque du duel (comparer avec la terminaison quenya –t), skjapat se référant alors aux deux rives d’une rivière. Cependant, nous pouvons aussi bien supposer un radical primitif étendu #SKYAPAT (avec un T suffixé à #SKYAPA, qui est simplement SKYAP avec ómataina, redoublement de la voyelle radicale). Comparer avec des variantes comme ESE > ESET257), ou ORO > ÓROT258). – Le groupe initial skj- fut simplifié en sk- à la période lindarin commune, lorsque les consonnes palatalisées originelles furent dépalatalisées (voir kelepe). En vieux sindarin, sk- devint régulièrement skh- ; comparer avec skhalia, skhalla ci-dessus et skhella ci-dessous. En partant de la seule forme vieil sindarine, il est donc impossible de déterminer si le mot originel possédait sk- ou skj-. En v. sind., la consonne finale de skjapat disparaît au singulier (skhapa), mais le t persiste dans la forme plurielle, puisqu’il y était « protégé » par la terminaison plurielle –i (primitif –î) et n’était donc pas final. Comparer avec nele, pl. neleki ; oro, pl. oroti ; pele, pl. pelehi ; thele, pl. thelehi.

  • skhella « nu ».

Dérivé du radical non défini SKEL259) ; la forme primitive est dite être skelnâ, avec une terminaison –nâ qui est parfois utilisée pour former des adjectifs (comparer avec magnâ), mais fonctionne souvent souvent aussi comme terminaison au participe passé. Si l’on assigne au radical non défini SKEL une signification verbale « #dénuder, déshabiller », skelnâ peut se comprendre comme un participe passé (mais qui serait probablement considéré comme un adjectif à la période vieil sindarine). Pour d’autres exemples de l’assimilation #ln > ll, voir khalla (< khalnâ) et skhalla (< skalnâ).

  • slaiwa, plus tard thlaiwa, « maladif, malade, souffrant », dérivé du radical SLIW « maladif »260).

La forme primitive donnée est slaiwâ. La terminaison adjectivale –â est fort commune. L’infixation en A changeant le radical SLIW en slaiw- est moins habituelle, mais il existe un certain nombre de formations parallèles, comme thausâ « immonde, nauséabond, putride », dérivé du radical THUS261) et taurâ « magistral, puissant », dérivé de TUR262) ; en-dehors des « Étymologies », nous avons encore maikâ « aigu », dérivé du radical MIK, voir WJ, p. 337, et naukâ « #rabougri », dérivé de NUKU, WJ, p. 413. – On voit que slaiwa possède une forme alternative (apparemment plus tardive) thlaiwa ; comparer avec slíwe / thlíwe ci-dessous. Dans « Les Étymologies », le scénario de Tolkien était que le sl initial devenait d’abord thl-, et aussi fl- ultérieurement en noldorin : slaiwa devint d’abord thlaiwa puis le « noldorin » thlaew (ou thloew – Tolkien ne cessa d’hésiter à propos du devenir du son ai en noldorin, ne sachant pas d’il devait donner ae ou oe), et en « noldorin » tardif thlaew devint à son tour flaew. Slíwe « maladie » devint de même thliw (via thlíwe), qui donna ensuite fliw. En sindarin, comme on le vit plus tard émerger des notes de Tolkien, certaines révisions prirent place : les anciens sl- donnent désormais le sindarin lh- (l sourd), et les descendants sindarins de slaiwa et slíwe seraient donc #lhaew et #lhiw (ou mieux #lhîw) plutôt que flaew et fliw comme en « noldorin ». Si nous voulons conservons autant que possible les matériaux des « Étymologies », nous pouvons admettre que le vieux sindarin sl devint d’abord thl, lequel se transforma ensuite en lh en sindarin.

  • slíwe, plus tard thlíwe « maladie ».

Dérivé du même radical SLIW « maladif »263) que slaiwa ci-dessus, mais sans infixation en A. La forme primitive est dite être slîwê, avec allongement de la voyelle radicale et terminaison abstraite en –ê. Si nous osons assigner une signification verbale au radical SLIW, spécifiquement « #être malade », slîwê pourrait être vue comme un genre de nom verbal, pour lequel il existe plusieurs parallèles : voir síre. – Concernant la variation sl / thl, voir slaiwa ci-dessus.

  • sniuma, également snýma « piège » ou « collet » si ce mot signifie la même chose que le terme sindarin dont il est l’ancêtre.

Tolkien écrivit d’abord núma, puis le changea en sniuma, snýma (la formulation de la note entre crochets de Christopher Tolkien en LRW, p. 387 s.v. SNEW, n’est pas entièrement claire, mais sniuma, snýma sont clairement sensées être les formes « n[oldorines] a[nciennes] », non pas « n[oldorines] »). Le radical SNEW signifie « emmêler » ; sniuma renvoit clairement vers une forme primitive264) #sneumâ (comparer avec le quenya neuma). La terminaison –mâ est souvent utilisée pour dériver des mots pour des instruments ; voir parma. Un sneumâ est ainsi une « chose pour emmêlement ». – La diphtongue eu devient ici iu ; comparer avec biuro (ou bioro), dérivé de beurô. Il semblerait que sniuma devint ultérieurement snýma, indiquant un développement additionnel iu > ý ; nous nous attendrions en effet à ce que sniuma donne ultérieurement #nýw en sindarin (et non hniof, comme dans le « noldorin » des « Étymologies »). La forme vieil sindarine rejetée, núma semblerait indiquer que eu devint plutôt ú, mais il n’existe aucun autre parallèle clair à un tel développement ; peut-être s’agissait-il simplement d’une erreur, rapidement corrigée. La forme núma indiquerait aussi que le sn initial fut simplifié en n dès cette période, mais le sn primitif initial persiste dans sniuma, et ceci fut évidemment la décision finale de Tolkien. (Le sindarin ultérieur ne possède de toute façon que n ; l’une des révisions que Tolkien effectua sur les matériaux « noldorins » des « Étymologies » – transformer les sn, sm primitifs en hn, hm dévoisés – fut plus tard annulée. Voir la note de Christopher Tolkien en LRW, p. 387, indiquant que même dans les Étym. elles-mêmes, cette révision ne fut pas appliquée de façon systématique).

  • sóba « jus », dérivé du radical non défini SAB265).

Le mot quenya apparenté sáva pointe vers une forme primitive #sâbâ. Comme d’habitude, le â long, non final, devient ó en vieux sindarin (voir abôro). La terminaison –â est souvent adjecctivale, mais aussi assez fréquente pour des noms désignant des objets inanimés (mais pas tellement habituelle pour des noms de substances comme « jus »).

  • sphanga « barbe ». Dérivé du radical SPÁNAG266), lui-même non défini : primitif spangâ.

La terminaison –â pourrait simplement être la voyelle radicale suffixée et allongée, ou une terminaison indépendante utilisée pour former un nom inanimé. Exactement comme sk devient skh- (voir skhalia), sp devient sph. D’autres exemples sont listés ci-dessous : spharasse, spharóbe, sphinde, sphíndele. Les formes alternatives de spharasse et spharóbe, en l’espèce pharasse et pharóbe semblent indiquer que le s était perdu devant ph au cours de la période vieil sindarine, donc sphanga « barbe » apparut-il peut-être plus tard sous la forme #phanga. La forme sindarine était dans tous les cas fang.

  • spharasse (également pharasse) « chasse, chassant » (concernant la variation sph- vs. ph-, voir sphanga ci-dessus).

Dérivé du radical SPAR « chasser, poursuivre »267). La forme primitive serait #sparassê, c’est-à-dire le radical SPAR + une terminaison #-assê ayant diverses fonctions. La forme vieil sindarine –asse est explicitement attestée uniquement dans ce mot, mais la terminaison sindarine ultérieure –as (spharasse > faras) se trouve dans des noms collectifs, des noms verbaux et des noms dérivant d’adjectifs. Il s’agit ici manifestement d’un nom verbal. Comparer par exemple avec le sindarin galas « croissance » (vieux sindarin #galasse) vs. Le verbe galo « grandir » (v. sind. #galóbe) ; voir LRW, p. 357 s.v. GALA. – Il est possible que la terminaison #-assê soit d’une certaine manière connectée à la terminaison locative quenya –ssë, quoique leur relation précise soit obscure.

  • spharóbe (également pharóbe) « chasser ».

Concernant la variation sph- vs. ph-, voir sphanga. Dérivé du radical SPAR « chasser, poursuivre »268). La forme naróbe présente la terminaison vieil sindarine –be (voir buiobe). Spharó- semblerait représenter un radical verbal primitif #sparâ-, c’est-à-dire le radical SPAR avec un –â suffixé qui est apparemment une terminaison verbale ici ; de telles formations sont assez rares (voir naróbe pour un autre exemple). On s’attendrait plutôt à ce que le radical SPAR fonctionne comme un radical verbal « basique », avec un verbe ayant simplement la forme **sphar- (aoriste **sphare), avec l’infinitif **spharie plutôt que spharóbe.

  • sphinde « boucle de cheveux ».

Dérivé du radical SPIN269), lui-même non défini, mais la forme primitive spindê est définie par « tresse, natte de cheveux ». Spindê est formé à partir de SPIN, avec l’affermissement médian n > nd et la terminaison –ê (qui semble ici n’être ni abstraite ni féminine, ses fonctions habituelles ; elle semble être simplement nominative). Dans une source beaucoup plus récente que « Les Étymologies », Tolkien dériva cependant les mots eldarins pour « tresse » de phindê plutôt que de spindê270). En vieux sindarin, Phindê deviendrait #phinde, non sphinde – mais cela entre à son tour en conflit avec un mot pour « talent » listé dans « Les Étymologies ». Voir phinde.

  • sphíndele« chevelure (tressée) »271).

L’accent sur le i indique probablement qu’il s’agit simplement de la syllabe accentuée, pas que la voyelle est longue. Ce mot est sphinde « boucle de cheveux » ou « #tresse » (voir ci-dessus) avec la terminaison –le, elle-même indubitablement la forme sinarine ancienne (et quenya) de l’ancienne terminaison abstraite –lê272). Bien sûr, « chevelure (tressée) » n’est pas un nom abstrait à proprement parler, mais nous pouvons supposer que sphíndele signifie littéralement quelque chose comme « #tressant », utilisée pour faire référence aux cheveux arrangés en tresses.

  • stabne, sthamne « salle, chambre ».

Dérivé du radical STAB273), lui-même non défini. Les mots en étant dérivés suggèrent que la signification basique pourrait avoir été en rapport avec le bois. Deux formes primitives sont proposées : stabnê et stambê, l’un présentant la terminaison indépendante –nê, l’autre une infixation nasale et le suffixe court –ê. Les terminaisons –nê, –ê semblent simplement avoir une fonction nominale dans ce cas ; bien qu’elle puissent être des terminaisons féminines, ce n’est clairement pas leur fonction ici. Il semblerait que stabne et sthamne descendent de stabnê, non pas stambê : en vieux sindarin, le mb primitif reste inchangé ; voir par exemple rimba, dérivé de rimbâ274), donc stambê aurait donné le v. sind. stambe > sthambe. Il semble donc que stabnê ait d’abord donné le v. sind. stabne (le seul changement étant l’abrégement normal de la voyelle finale), mais que plus tard le b fut assimilé au n le suivant, devenant m. Un autre développement v. sind. transforma le st initial en sth. (Comparer avec les mots listés ci-dessous : sthabro/sthabrondo, sthalga, sthanka, stharna, sthina, tous dérivés de radicaux en ST- ; l’exemple stabne suggère que les formes v. sind. les plus reculées conservaient inchangé l’agglomérat originel st- : #stabro, etc.) La transformation st > sth ne semble cependant pas avoir lieu médialement ; cf. des mots comme hwesta, nestak-, rista (pas **hwestha, **nesthak-, **ristha).

  • sthabro, sthabrondo « charpentier, artisan, constructeur ».

Dérivé du même radical STAB275) comme stabne, sthamme ci-dessus. Si STAB est basiquement en rapport avec le bois, comme nous l’avons suggéré au-dessus, un sthabro est de même quelqu’un qui fait des constructions en bois. La forme primitive serait #stabrô, avec la terminaison agentive / masculine –rô (WJ p. 371 ; comparer avec bioro) ; la signification la plus littérale pourrait être quelque chose comme « #forestier », donc un charpentier. Dans la forme longue sthabrondo, la terminaison –ro a été allongée par ajout d’une nouvelle terminaison masculine à la fin : -ndo, primitif –ndô : comparer avec un mot primitif comme la(n)sro-ndo (lire peut-être #ndô) « auditeur »276), où le tiret de Tolkien indique que les deux terminaisons distinctes sont présentes. La terminaison –ndô pourrait être une version nasalisée de la temrinaison –dô vue dans la forme primitive du mot Noldo, ñgolodô (vieux sindarin ngolodo, q.v.) Comme les premiers Lindar étendaient si souvent la terminaison agentive –rô, -ro en –ro-ndô, des mots primitifs en –rô se terminent souvent en –ron en sindarin. Sthabrondo lui-même donna le sindarin thavron (tandis que la forme courte sthabro aurait donné #thavr, ultérieurement #thavor, mais ces formes ne sont pas attestées).

  • sthalga « vaillant, stable, ferme ».

Dérivé du radical STÁLAG277), lui-même non défini. La forme primitive est dite être stalga, mais la forme la plus ancienne doit avoir été #stalgâ avec la terminaison adjectivale normale –â. (Aucun –a final court en quendien primitif ne survécut en vieux sindarin ou dans toute autre langue eldarine ; ce type de voyelles disparut dès l’eldarin commun.)

  • sthamne (< stabne) « salle, chambre » ; voir stabne.
  • sthanka « fendu, séparé ».

Dérivé du radical STAK « séparer, insérer »278). Deux formes primitives sont suggérées ici : stankâ et staknâ. La deuxième aurait plutôt donné le vieux sindarin #sthagna, il nous faut donc adopter stankâ ; peut-être Tolkien voulait-il indiquer qu’une forme primitive staknâ subit très tôt une métathèse donnant stankâ (un développement qui n’était pas régulier). Il est probable que les gloses « fendu » et « séparé » doivent être compris dans un sens adjectival / participial, et pas comme des noms « une fente, une séparation »279) Dans ce cas, staknâ doit clairement se comprendre comme un participe passé dérivé de STAK, avec la fréquente terminaison –nâ (voir khalla). Si stankâ n’est pas simplement une variante avec métathèse de staknâ, on pourrait le considérer comme un adjectif (ayant globalement le même sens que le participe passé) dérivé par infixation nasale et ajout de l’habituelle terminaison adjectivale –â. (Comparer avec sthinta.)

  • stharna « sec, roide, rigide, désséché ».

Dérivé du radical STAR « rigide »280) ; la forme primitive serait #starnâ, avec la fréquente terminaison adjectivale –nâ. Ici, la terminaison ne modifie par la signification du radical, qui est déjà adjectival.

  • sthinta « court ».

La tête d’entrée STINTÂ des « Étymologies »281), elle-même définie par « court », semble être un mot complet par elle-même. Il pourrait s’agir d’une variante avec infixation nasale d’un radical plus simple #STIT-, avec une terminaison adjectivale –â. – Quelques exemples suggèrent qu’à une étape du vieux sindarin, sthinta pourrait avoir eu la forme #sthintha ; voir thintha.

  • sulkha « racine » (particulièrement si elle est mangeable).

Le radical SÚLUK n’est pas défini. La forme primitive serait sulkâ (cf. quenya sulca) ; ici, fonctionne à nouveau comme terminaison nominative. Après l, le k primitif donne kh ; voir alpha.

T

  • taika « frontière, limite, ligne frontière ».

Cette forme, mentionnée en WJ, p. 309, comme une forme ancienne de l’élément taeg dans Taeglin (= Teiglin) n’est pas explicitement identifiée être du vieux sindarin. Cependant, la forme la plus primitive aurait probablement eu un –â final long, c’est pourquoi nous incluons taika ici. Contrairement à la plupart des mots des « Étymologies », cette forme est astérisquée comme si elle n’était pas attestée (mais Tolkien pensait dès le départ à ce mot comme l’ancêtre d’un terme sindarin, tandis que les mots « vieux noldorins » des « Étymologies » étaient initialement pensés avoir été parlés au Royaume Béni, où l’écriture fut inventée à une période très précoce). Le radical est dit être taya « marque, ligne frontière », avec une forme alternative tayak qui doit probablement être comprise comme une extension. La forme primitive dont taika dérive serait probablement #taikâ (pour #taykâ), avec –â utilisé comme suffixe nominatif (bien qu’il puisse simplement s’agir de la voyelle radicale suffixée et allongée).

  • tára « élevé ».

La forme primitive est dite être târâ, dérivée du radical TA/TA3 « haut, élevé, noble »282), avec la terminaison adjectivale –râ (pour cette dernière, comparer avec un mot primitif comme wa3râ « souillé, sale », dérivé du radical WA3- « souiller, salir », LRW, p. 397 ; voir wóra). La forme la plus ancienne de târâ pourrait avoir été #ta3râ, plus tard, la spirante postérieure disparut, et la voyelle précédente allongée pour compenser cette perte. – Il est surprenant que târâ n’ait pas donné #tóra en vieux sindarin, puisque les â non finaux devenaient normalement ó (voir abóro). Il se pourrait que tára soit une erreur de lecture pour #tóra dans le manuscrit original de Tolkien : la formulation « q. tára, v. nold. tára » que l’on trouve en LRW, p. 389 semble assez répétitive ; Tolkien aurait simplement pu écrire « q., v. nold. tára » à la place. Il semble donc probable qu’il écrivit en fait (ou qu’il ait au moins eu l’intention d’écrire) « q. tára, ON tóra ». Comparer la dérivation de wóra (q.v.), de wa3râ, qui aurait été entièrement parallèle à #tóra, dérivé de #ta3râ.

  • targa « solide, dur, roide ».

Dérivé du radical non-défini TÁRAG283) ; la forme primitive est dite être targâ, avec la fréquente terminaison adjectivale –â.

  • tarsa « trouble ».

Dérivé du radical non défini TARAS284) ; la forme primitive aurait été #tarsâ. La terminaison –â est utilisée ici pour former un nom (elle est plus communément adjectivale). Les noms abstraits comme « trouble » présentent rarement cette terminaison ; un suffixe abstrait plus courant est –ê. Peut-être –â est-il simplement ici la voyelle radicale suffixée et allongée. Le descendant sindarin de tarsa (tars, tass) a en efft pris une signification un peu moins abstraite : « tâche » (mais aussi « labeur, labour »).

  • tektha marque (isolé du terme andatektha, q.v.).

Dérivé du radical TEK- « faire une marque, écrire ou dessiner »285) ; la forme primitive serait #tektâ. Le suffixe –tâ est la plupart du temps une terminaison verbale, mais il est ici utilisé pour former un nom. Il s’agit du seul exemple explicite démontrant que le #kt primitif devint kth en vieux sindarin. Le terme quenya apparenté à tektha, tehta, est aussi utilisé pour faire référence à des marques diacritiques (en particulier les marques vocaliques de l’écriture fëanorienne).

  • thele, pl. thelesi, ultérieurement thelehi « sœur ».

Dérivé de THEL, THELES, également défini par « sœur » (LRW, p. 392 ; comparer avec wathel). On voit que le radical basique THEL possède une forme étendue THELES, formée par addition de la terminaison –S à l’ómataina (voyelle radicale redoublée, ici E). Tolkien comparait ceci avec la dérivation de toron « frère » à partir d’un radical court TOR. Il doit y avoir eu une forme primitive #theles (possiblement avec une voyelle finale brève qui disparut ultérieurement). #Theles devient le vieux sindarin thele, la consonne finale étant perdue. Au pluriel, le s persiste, protégé par la terminaison plurielle et n’étant donc pas final : #thelesi > thelesi. Des cas parallèles sont nele, pl. neleki ; oro, pl. oroti ; skhapa, pl. skhapati286). Plus tard, la forme plurielle thelesi devint thelehi, puisque les s intervocaliques devinrent h (cf. baraha, représentant l’ancien barasa). Pour un cas entièrement parallèle, voir pele, pl. pelesi, ultérieurement pelehi.

  • thintha- « disparaître ».

Dérivé du radical THIN, qui n’est pas lui-même défini, mais le premier mot listé dans cette entrée, thindi « pâle, gris, blême » indique probablement la signification de base287). Le verbe vieux sindarin thintha- doit provenir de #thintâ-, avec la fréquente terminaison verbale –tâ ; la signification littérale de ce verbe est peut-être « devenir gris ». Chose intéressante, le nt primitif devient ici nth (voir aussi wintha-, dérivé de winta-, quoique wintha fut biffé). Dans les mots panta « plein », sthinta « court » et wanta « partir, s’en aller, mourir », aucun changement nt > nth n’est observé. (Wanta- n’est pas explicitement identifié comme du vieux sindarin, mais les deux autres le sont.) Peut-être ces mots étaient-ils #pantha, #sthintha, #wantha- à une certaine étape du vieux sindarin. Pour résumer nos observations de transformations similaires dans ce lexique : on constate que les plosives t, p, k devinrent th, ph, kh après un autre t, p ou k (voir batthô), après un k (voir tektha), après l et r (voir alpha), après un s- initial (voir skhalia), et désormais aussi après un n, quoique pour la plupart de ces règles, il y ait aussi des mots pour lesquels ces changements ne se matérialisent pas. Il est tentant de généraliser une règle « t, p, k deviennent th, ph, kh après n’importe quelle consonne » — avec quelques règles supplémentaires listant les environnements où th, ph, kh redevinrent rapidement t, p, k (e.g. « les sth, sph, skh médians ne survécurent qu’en position initiale, redevenant ailleurs st, sp, sk »). De façon intéressante, le mot sthinta « court » montre bien la transformation st > sth, mais pas le changement nt > nth. Peut-être le stintâ primitif apparut-il brièvement sous la forme #sthintha en vieux sindarin, comme le suggère thintha, avant de donner sthinta-, parce que nth redevint nt médialement ? S’il en était ainsi, le présent mot thintha- « disparaître », pourrait être devenu #thinta- ultérieurement.

  • thlaiwa < slaiwa « maladif, malade, souffrant » (SLIW).

Une forme n’étant peut-être pas valide dans les conceptions ultérieures de Tolkien à propos du vieux sindarin (par opposition au « vieux noldorin ») ; voir slaiwa.

  • thlíwe < slíwe « maladie » (SLIW).

Une forme n’étant peut-être pas valide dans les conceptions ultérieures de Tolkien à propos du vieux sindarin (par opposition au « vieux noldorin ») ; voir slíwe.

  • #thoron « aigle », seul le gén. sing. thoronen est attesté en vieux « noldorin » / sindarin288).

Cependant, la terminaison génitive –(e)n, qui apparaît aussi en quenya des « Étymologies » (e.g. Ar Manwen « le Jour de Manwë », LRW, p. 368 s.v LEP), n’est plus valide dans la vision ultérieure de Tolkien concernant l’elfique. En quenya, il changea la terminaison génitive de –(e)n en –o au cours de la rédaction de « Namarië » pour le SdA, et dans WJ, p. 370, il argua que le sindarin possédait la terminaison correspondante *-ô au cours de « la période primitive » (qui doit ici signifier l’étape du lindarin commun : en vieux sindarin, après l’abrégement des voyelles finales, nous aurions eu #-o). Par conséquent, nous devrions probablement lire #thorono pour thoronen. (N.d.T. : mais noter les « traces d’un marqueur génitif –m en telerin, qui arguerait en faveur de la présence de deux marques du génitif différentes à la période primitive, possiblement avec des significations légèrement variables.) – Le mot thoron lui-même représente THORON, une forme étendue du radical THOR, formée par ómataina (voyelle radicale redoublée et suffixée, ici O) et la terminaison –N. (Comparer avec boron « homme loyal », dérivé de BOR ; toron « frère », de TOR.) D’après LRW, p. 393, le radical THOR lui-même signifie « venir en piqué » ; Christopher Tolkien a indubitablement raison lorsqu’il estime qu’il s’agit de « une indication de la signification racine de THOR ». Il semble donc que thoron signifie étymologiquement parlant « quelqu’un qui vient en piqué », utilisé pour faire référence aux aigles.

  • ? « cela, ça ».

La formulation de LRW, p. 389 s.v. TA devrait normalement être comprise comme indiquant que a la même signification que le quenya tar, et donc « vers là ». Cependant, peut difficilement être apparenté à tar. Tar est dit représenter le primitif tad ; il doit s’agir d’eldarin commun pour le quendien primitif #tada, c’est-à-dire le radical démonstratif TA « cela », avec la terminaison allative primitive –da « vers »289), donc « #vers cela ». Mais le q. pr. #tada resterait tad en vieux sindarin (et donnerait #tadh en sindarin, qui n’est pas attesté). La forme semblerait réquerir une forme primitive #tâ (comparer avec , dérivé de ). pourrait-il en fait être apparenté au quenya ta « cela, ça » ?

  • #tóra possible correction de tára, q.v.
  • toron, pl. toroni « frère ». Dérivé du radical TOR, qui est similairement glosé290).

Toron représente clairement un radical étendu #TORON, avec ómataina (voyelle radicale redoublée et suffixée, ici, O et la terminaison –N. Comparer avec thele « sœur », dérivé de THEL291) ; dans ce dernier cas, Tolkien lista explicitement le radical étendu THELES (avec ómataina, ici E, et terminaison –S ; peut-être cette terminaison est-elle perçue être féminine, tandis que –N serait masculine). Dans l’entrée THEL « sœur », Tolkien renvoyait le lecteur à « cf. tor, toron- frère », indiquant qu’il s’agissait aussi d’un exemple de radical étendu. Pour des formations similaires, voir boron et #thoron.

  • tre- (préfixe inaccentué) « #à travers »292).

Concernant l’étymologie de ce préfixe, voir trí. Ce préfixe apparaît dans les mots tre-batie « traverse »293), évidemment aussi dans trenare « il relate jusqu’à la fin » et dans le nom correspondant trenárna « rapport, conte »294). Dans tre-batie « traverse », ce préfixe apparaît avec sa signification basique « à travers » (comparer avec la préposition indépendante trí) ; il s’agit littéralement d’une « marche à travers ». Dans trenare « il relate jusqu’à la fin », le préfixe indique la complétude : « #il relate à travers [tout] », raconte l’histoire entière. Le nom trenárna renvoit de même à une histoire complète, un « rapport, compte-rendu ».

  • trenare « il raconte, relate jusqu’à la fin », infinitif trenarie.

Dérivé du radical NAR2 « dire, relater »295) ; pour plus d’informations concernant ce radical et sa relation avec le quenya nyar-, voir naróbe. Concernant la signification qu’a ici le préfixe tre-, voir l’entrée séparée c-dessus ; pour son étymologie, voir trí. En ôtant ce préfixe, il nous reste le verbe nare, un aoriste qui doit descendre de #nari, le –i final devenant –e à la période eldarine commune, mais demeurant i lorsqu’il n’est pas final : comparer avec yurine « je cours », qui apparaîtrait sous la forme #yure « [il] cours » si l’on ôtait le suffixe pronominal –ne ; inversement, « je raconte, relate jusqu’à la fin est indubitablement #trenarine. – Tandis que trenare est traduit par « il raconte, relate jusqu’à la fin », aucun élément pronominal « il » n’est en fait présent. Il se pourrait que la forme dépourvue de terminaison pronominale ait parfois été employée par elle-même comme une troisième personne du singulier (ou spécifiquement une troisième personne masculine du singulier), mais il se pourrait aussi que Tolkien ait simplement inclus le pronom « il » dans la traduction pour indiquer qu’il s’agit de la forme de la 3ème pers. sing. – L’infinitif trenarie présente une terminaison infinitive –ie fort bien attestée, que l’on trouve aussi en quenya ; voir bronie. – Tandis que nar- dans trenare / trenarie semble se comporter comme un radical verbal « basique », la racine NAR2 génère aussi un verbe « dérivé » plus long, #narâ- ; voir naróbe.

  • trenárna « rapport, conte »296).

Il est probable que l’accent de trenárna indique simplement que la syllabe médiale reçoive l’accent tonique, et pas que la voyelle soit longue. Trenar- est manifestement le radical du verbe trenare « raconter, relater jusqu’à la fin » discuté ci-dessus (en ôtant la terminaison aoriste –e). On voit que le suffixe –na ajouté au radical sert ici à former un nom abstrait ou verbal. Indubitablement, il s’agit à proprement parler d’un participe passé « #rapporté, dit, conté » qui fut subséquemment utilisé comme nom : quelque chose qui est rapporté ou dit, donc un « rapport » ou un « conte ». La terminaison –na descend manifestement de la fréquente terminaison adjectivale ou participiale –nâ (voir khalla, représentant khalnâ). Tandis que trenárna a fini par être utilisé comme nom, il semble que les mots en –na gardent normalement lur signification adjectivale originelle en vieux sindarin (voir par exemple muina).

  • trí « à travers ».

Dérivé du radical TER « percer », avec une variante étendue TERES présentant une voyelle radicale redoublée (ómataina) et un –s suffixé297). Comme nous le voyons, TER est lui-même un radical verbal, mais est l’ancêtre dùune préposition – l’idée pour « à travers » ayant évidemment évoluée à partir de « perçant ». Trí pourrait représenter #terês, accentué sur la syllabe finale (pour le ê long, comparer avec les adjectifs primitifs terêwâ « perçant, aiguisé » et terên(ê) « mince », listés dans la même entrée dans « Les Étymologies »). Autour de la période du lindarin commun, la première voyelle de #terês, inaccentuée, pourrait avoir disparu, réduisant le mot à t’rês (comparer avec brasse, dérivé de b’rás-sê, radical BARÁS). En vieux sindarin, les ê longs primitifs devinrent des í longs (comparer avec dîr, khíril), tandis que les –s finaux disparaissaient (comparer avec des mots comme pele, thele, dérivés des radicaux PELES, THELES). Par conséquent, t’rês devint trí. Il est aussi possible que la forme primitive ait simplement été #terê (sans s final disparaissant plus tard) ; comparer avec le quenya ter, terë (le s final ne disparaissait pas sans laisser de trace en quenya). Une forme #terê représenterait la forme la plus simple du radical, TER. – Comme préfixe inaccentué, trí apparaît sous la forme tre-. Cela doit représenter #tere(s)-, le ê long de #terê(s) étant abrégé lorsqu’il n’est pas accentué, et les e courts ne se transformaient pas en i en vieux sindarin. (Dans le sindarin ultérieur, nous trouvons les préfixes tre- et tri-, ce dernier étant manifestement reconstruit par analogie avec trî, le descendant de trí.)

  • túgo « muscle, tendon, vigueur, force physique ».

Dérivé du radical TUG, lui-même non défini298). La forme primitive est dite être tûgu, avec allongement de la voyelle radicale et ajout de la terminaison –u. Il pourrait simplement s’agir de la voyelle radicale suffixée, mais il nous faut noter que plusieurs mots primitifs désignant des parties du corps se terminent par –u ; voir ranko (lui-même dérivé de ranku) à ce propos. La signification la plus basique serait donc ici « muscle, tendon », avec « vigueur » et « force physique » comme sens secondaires, plus abstraits. (Ces gloses ne s’appliquent pas nécessairement à túgo ou tûgu mais plutôt aux mots ultérieurs : quenya tuo, sindarin , ilkorin tûgh ou .)

  • tuio- « gonfler, devenir gras ». Dérivé du radical TIW « gras, épais »299).

Le terme quenya apparenté, tiuya-, pointe clairement vers une forme primitive #tiujâ- (pour #tiwjâ-), avec la fréquente terminaison verbale –jâ. Il semble que #tiuj- se changea en #tiui- à une certaine période, mais la « triphtongue » iui fut simplifiée en ui en vieux sindarin (cf.euj- devenant aussi ui ; il est effectivement probable que euj- devint iuj, iui à un certain point, avant d’être simplifié en ui ; voir buióbe pour un exemple possible de cette transformation). Cependant, tiujâ- aurait dû donner le vieux sindarin #tuia-, non tuio-. Il se pourrait que Tolkien ou que le transcripteur ait confondu #tuia avec tuio, la forme sindarine ultérieure. Mais noter le tiret après tuio-, suggérant qu’il ne s’agissait pas d’un mot complet en lui-même ; il pourrait s’agir d’une abréviation pour #tuióbe, le même verbe avec la terminaison –be. Lorsque celle-ci est présente, le –â de #tuijâ n’est plus final, et donne donc -ó-plutôt que –a en règle générale. Le sindarin ultérieur tuio doit être dérivé du vieux sindarin #tuióbe, pas juste de tuio.

  • túka épais, gras. Dérivé du radical TIW « gras, épais ».

La forme primitive donnée est tiukâ (pour #tiwkâ), avec la terminaison adjectivale bien attestée –kâ (comparer par exemple avec phauka). Il semble que tiuk- soit devenu #tjûk- à une époque ancienne (mais après l’eldarin commun, puisque le quenya a tiuca plutôt que **tyúca). Après un t, le i de la diphtongue iu devint une semi-voyelle j (= y comme dans l’angl. you), mais la nouvelle monophtongue u devint un û long afin de maintenir la longueur prosodique de la diphtonge originale iu. (Comparer avec #siulê > #sjûlê ; voir hyúle.) La nouvelle combinaison initiale tj fusionna manifestement en un son unique, un t palatalisé, qui fut régulièrement dépalatalisé pour devenir un t normal en lindarin commun (cf. kelepe) ; après ce changement, le ú long resta la seule trace du iu originel, maintenant le longueur de cette diphtongue disparue : d’où túka en vieux sindarin.

  • tulugme « support, étai ».

Dérivé du radical TULUK300), lui-même non défini mais signifiant apparemment « ferme, constant » ou comme verbe « rendre ferme ». La forme primitive est dite être tulukmê, avec une terminaison –mê normalement utilisée pour former des noms abstraits ou verbaux (voir ragme). Il semble par conséquent que tulukmê était originellement un « support » abstrait, plus tard utilisé comme un étai concret (dans sa signification concrète, nous nous serions plutôt attendus à #tulukmâ > #tulugma ; voir parma concernant la terminaison –mâ, souvent utilisée pour former des mots pour des instruments). – Devant une consonne nasale, les plosives sourdes sont voisées en vieux sindarin, donc km > gm. Comparer avec ndagno, ragme.

  • Túna, nom d’une cite elfique de Valinor, ou de la colline sur laquelle elle fut bâtie (un mot qui pour des raisons historiques pouvait exister en « vieux noldorin », mais difficilement en vieux sindarin).

Dans Le Silmarillion publié, la cité elle-même est appelée Tirion, tandis que Túna était la colline sur laquelle elle était bâtie ; dans une certaine mesure, les noms seraient interchangeables. Le radical TUN301) n’est pas défini ; les mots en étant dérivés suggèrent qu’il est basiquement en rapport avec les collines, les tertres ou simplement avec le fait d’être grand. La forme primitive de Túna est dite être Tûnâ ; en fait, la voyelle finale –â possède un diacritique indiquant qu’elle peut être aussi bien longue que brève, Tûna ou Tûnâ. Túna doit être dérivé de la deuxième, puisque les –a courts finaux avaient déjà disparu à la période du lindarin commun (comparer avec le quenya Tún, une forme alternative courte de Túna).

U

  • uia « enveloppe », en particulier de la Mer Extérieure ou de l’Air englobant le monde à l’intérieur des Ilurambar ou murs du monde.

Dérivé du radical WAY « envelopper »302) ; la forme primitive donnée est wâjâ (wâyâ). La terminaison –â pourrait être substantive ou simplement une suffixation de la voyelle radicale. Puisque la voyelle radicale est aussi allongée en â à sa place normale, elle devint d’abord ô (= ó) en vieux sindarin, comme n’importe quel â non final (voir abóro). La forme vieil sindarine la plus antique était donc wôya, marquée d’une astérisque par Tolkien comme si elle était « non attestée ». Il se pourrait que wôya devint plus tard #woia, et lorsque l’ancien oi devint ui (comparer muina < #moina), #wuia fut simplifié en uia, la semi-voyelle w étant perdue devant la voyelle correspondante u.

  • Uigolosse « Neige éternelle » = Taniquetil (Oiolossë), ultérieurement Uilos en sindarin (Taniquetil étant appelé Amon Uilos, le Mont éternellement blanc).

Uigolosse est listé en LRW, p. 379 à l’entrée OY, radical signifiant « toujours, éternel ». L, p. 278 mentionne de même oio comme élément « elfique primitif » signifiant « toujours », avec une forme sindarine ultérieure ui. Comme démontré par le mot Uigolosse, l’ancienne diphtongue oi devint déjà ui à cette période (comparer avec muina ; voir aussi nui). Le deuxième élément est golosse « neige », mot vieux sindarin étant uniquement attesté dans ce composé. Le radical est manifestement GOLÓS « neige »303). La forme primitive serait #golossê, le doublement du s étant peut-être simplement un affermissement médian. La terminaison –ê intervient dans plusieurs mots primitifs dénotant des substances ; voir kelepe. Le v. sind. golosse serait ainsi un parent du quenya olossë. – Dans l’entrée GOLÓS, Tolkien mentionna aussi un adjectif sindarin gloss « blanc-neige » (RGEO, p. 70 a glos(s) « blanc éclatant »). Celui-ci est clairement dérivé d’une forme du radical ayant perdue sa première voyelle, inaccentuée : g’lossê (concernant la voyelle finale, comparer avec le quenya lossë « blanc-neige »304)). La forme vieil sindarine serait #glosse. Puisque Tolkien affirma aussi dans RGEO, p. 69, que le radical était los (« appliqué à la neige tombée ») plutôt que le GOLÓS des « Étymologies », nous pourrions reconstruire la forme primitive comme étant simplement #lossê, en assumant qu’un g- fut préfixé ultérieurement (le l initial étant souvent élaboré en gl en sindarin ; voir WJ, p. 411 n. 13 ; en effet, Tolkien affirma dans RGEO, p. 70, que c’était le cas pour le mot gloss). La forme vieil sindarine pourrait alors simplement être #losse. Comme Tolkien traduisit dans des sources plus tardives le sindarin Uilos et le quenya Oiolossë par « Éternellement blanc » ou « Éternellement blanc-neige »305) plutôt que par « Neige éternelle », nous devrions désormais peut-être supposer que la forme vieil sindarine était #Uilosse (ou moins probablement #Uiglosse) plutôt que Uigolosse.

  • Uinenda, nom d’une Maia, la femme d’Ossë ; quenya Uinen.

Dans « Les Étymologies », ce nom est listé à l’entrée UY306). Le radical UY n’est pas défini en tant que tel, mais les quenya uilë, sindarin uil signifie « algue ». (Comparer avec la description d’Uinen dans le « Valaquenta » du Silmarillion, selon lequel sa « chevelure gît étalée au travers de toutes les eaux sous le ciel » et qu’elle aime « toutes les végétaux qui y poussent ».) D’après « Les Étymologies », l’élément final de ce nom doit se référer au radical elfique pour l’eau, NEN307). Dans cette entrée, la forme sindarine Ui-nend est connectée à l’adjectif nend « aqueux », à son tour apparenté au quenya nenda, pointant vers une forme primitive #nendâ, avec affermissement médian n > nd et ajout de la fréquente terminaison adjectivale –â. Une forme primitive #Uinendâ donnerait le sindarin Uinenda (tandis que le quenya Uinen pourrait représenter #Uinenda avec un –a final court). Précisément comment devrait se traduire ou s’interpréter ce nom n’est pas clair : « #algue aqueuse » ? Après la rédaction du SdA, Tolkien cessa de s’efforcer à interpréter ce nom : dans l’essai « Quendi and Eldar », datant d’environ 1960, il fit remarquer par Pengolodh que Uinen était l’un de ces noms qui « ne sont point elfiques, pour autant qu’on puisse aujourd’hui en juger […] [ils] pourraient représenter des titres dans la langue valarine, ou telle partie de titre que les Eldar furent en mesure d’adapter »308).

W

  • wa- [préfixe] « ensemble ».

Comme élément vieux sindarin, ce préfixe est mentionné dans « Les Étymologies » à l’entrée TOR (LRW, p. 394, Tolkien expliquant le premier élément dans le mot wator), mais TOR n’est manifestement pas le radical dont wa- dérive. Ce radical est « ensemble »309) ; Tolkien note que si wo (avec un o court) recevait l’accent, il devenait déjà wa en « eldarin », désignant manifestement par là l’eldarin commun. Le préfixe wa- se trouve dans les mots wanúre, wanúro, wator, wathel, q.v.

  • waide « lien, promesse, pacte, serment ».

Dérivé du radical WED « attacher »310). Une forme primitive wæ̂dê est donnée. La terminaison –ê dénote ici clairement un nom abstrait. Il se pourrait que æ ne représente pas la voyelle [æ] (= le a de l’anglais cat) dans ce cas, mais plutôt une diphtongue ae, produite par infixation en A dans le radical WED (#waed-). Pour un autre exemple d’un « æ » primitif donnant ai en vieux sindarin, voir ndairo. Un tel développement ne serait pas entièrement en accord avec le scénario esquissé par Tolkien dans VT 39, p. 10, où il indique que ae devint un â long dans la branche telerine (lindarine) de la famille des langues elfiques. S’il en était ainsi, la forme vieil sindarine de #waedê (plus tard #wâdê) devrait peut-être s’écrire #wóde plutôt que waide, puisque les â primitifs devinrent ó en v. sind. (eux-mêmes donnant au dans le sindarin ultérieur : **gwaudh – mais le véritable descendant sindarin de wæ̂dê était gwaedh). Mais comme le VT 39, p. 10 reproduit un document antérieur d’environ 25 ans aux « Étymologies », il n’est pas surprenant de constater certains changements dans le scénario linguistique de Tolkien.

  • wanta- « partir, s’en aller, mourir ».

Ce mot n’est pas dit explicitement être du vieux sindarin, mais est mentionné comme forme ancestrale du sindarin gwanno et semble par sa forme appartenir à l’étape v. sind. de l’évolution linguistique. La forme primitive est manifestement #wantâ- c’est-à-dire le radical WAN « partir, s’en aller, disparaître, s’évanouir » (il est dit qu’en sindarin, ou « noldorin », ce radical avait remplacé KWAL pour les aspects renvoyant à la mort et à l’action de mourir ; comparer avec LRW, p. 366 s.v. KWAL). Wanta- est le radical WAN avec la fréquente terminaison verbale –tâ, qui n’ajoute ici rien à la signification du radical lui-même. L’infinitif sindarin ultérieur gwanno ne saurait descendre directement de wanta-, mais représente #wantóbe avec la terminaison infinitive –be (voir buióbe). – On peut noter qu’un mot descendant de ce radical WAN, le quenya vanwa « parti, disparu » se voit assigné une étymologie fort distincte dans une source ultérieure ; dans ce cas, le radical est simplement ou AWA311). Nous pourrions toujours choisir d’accepter les mots des « Étymologies ». – Quelques exemples suggèrent qu’à une étape de la période du vieux sindarin, wanta aurait pu s’écrire #wantha ; voir thintha.

  • wanúre « parente ».

Mentionné dans « Les Étymologies » à l’entrée THEL/THELES312), mais il ne s’agit pas du véritable radical de ce mot. Wanúre doit descendre de #wonôrê, l’équivalent féminin du masc. #wonôrô313) ; voir wanúro ci-dessous.

  • wanúro « frère »314) ou « parent »315).

Le radical n’est pas TOR mais « enfanter ». Wanúro représente clairement #wonôrô, littéralement « #celui qui est enfanté ensemble », quelqu’un enfanté « avec » un autre, donc un frère ou un parent (quelqu’un né dans la même famille). Concernant le préfixe wo- « ensemble », voir wa-. #Nôrô est le radical avec la terminaison masculine –rô. Cette terminaison est surtout utilisée pour dériver les formations agentives316), mais #nôrô signifie « persnne enfantée » non « enfanteur ». La variante courte –ro fonctionne simplement comme terminaison masculine dans le mot primitif târo « roi » (dérivé de , TA3 « haut, élevé, noble », LRW, p. 389 ; donc littéralement « personne élevée, noble ») et il semble que –rô ait une signification non agentive similaire dans nôrô. Wanúro « parent » possède une contrepartie féminine wanúre « parente », elle-même représentant #wonôrê. La terminaison féminine –rê ne se retrouve que dans un mot primitif listé par Tolkien, weirê « tisseuse, tisserande », dérivé de WEY « tisser »317). Ici elle est agentive, exactement comme –rô l’est habituellement, mais dans #wonôrê elle jouerait simplement le rôle d’une terminaison féminine. #Wonôrô et #wonôrê étaient encore des mots distincts en vieux sindarin, wanúro et wanúre (ô devenant régulièrement ú, voir brûna), mais en sindarin, après la perte des voyelles finales, ces mots fusionnèrent en gwanur, un mot neutre pour désigner les membres d’une famille (« parent ou parente », LRW, p. 392 s.v. THEL-, THELES-).

  • warie « trahir, tricher ».

Il s’agit simplement du radical WAR « laisser passer, céder, ne pas supporter, laisser tomber, trahir »318) avec la terminaison infinitive –ie (voir bronie à ce propos). Contraster avec la formation plus complexe awarta, dérivée du même radical.

  • wasse « tache », nom (cf. son synonyme watte).

Dérivé du radical WA3 « tacher, souiller » (ou « tache, souillure » : on ignore si ces gloses doivent se comprendre comme des noms ou des verbes ; peut-être représente-elles les deux). La forme primitive donnée est wahsê, dans laquelle la lettre h représente probablement [x], c’est-à-dire le ach-Laut allemand : le 3 (la spirante postérieure gh) du radical WA3 est manifestement dévoisé par contact avec le s sourd qui le suit (peut-être la forme la plus ancienne était-elle #wah3sê), l’agglomérat hs [xs] étant assimilé en ss en vieux sindarin (comparer avec ht donnant de façon similaire tt ; voir watte). La terminaison –sê pourrait dénoter quelque chose qui est produit par l’action décrite par le radical verbal (voir brasse), d’où wahsê « quelque chose qui est fait par l’action de tacher ou de souiller » = « une tache ».

  • watha « ombre », nom.

Dérivé du radical WATH qui est aussi glosé par « ombre ». La forme primitive aurait été #wathâ ; ici, fonctionne comme suffixe nominal (peut-être avec une sorte de signification locale dans ce cas ; comparer avec rattha, yura).

  • wathel « sœur, associée ».

Il semble qu’il s’agisse simplement du radical THEL « sœur »319) avec l’élément wa- « ensemble » (q.v.) préfixé. La forme masculine correspondante, wator « frère », était « spécifiquement usitée de ceux n’étant pas frères par le sang mais des frères ou associés jurés »320). Puisque wathel est glosé « associé » aussi bien que « sœur », il nous est permis de supposer que ce mot également renvoyait principalement à des relations autres que familiales. Voir wator.

  • wator « frère » (« spécifiquement usité de ceux n’étant pas frères par le sang mais des frères ou associés jurés »).

Littéralement « #ensemble-frère » ; tor est essentiellement identique au radical TOR « frère »321), et l’élément wa- « ensemble » (q.v.) a été préfixé. Ce mot est ainsi entièrement parallèle à wathel « sœur, associée » ci-dessus. Dans les deux cas, le préfixe wa- « ensemble » semble suggérer que ce mot renvoit à un « frère » ou une « sœur » qui a été jointe « ensemble » avec une autre personne par le biais d’une relation étroite autre que celle du sang.

  • watte « une tache » (cf. le synonyme wasse).

Dérivé du radical WA3 « tache, souillure »322). Une forme primitive wahtê est donnée : il s’agit probablement d’eldarin commun pour un quendien primitif #wa3tê (comparer avec wattóbe ci-dessous concernant ce développement). La terminaison –tê est très rare, mais wahtê « une tache » semble être un nom forgé sur le verbe wahtâ- « souiller, salir » (voir wattóbe infra). On peut le comparer avec un mot primitif (dit être un « dérivé verbal ») mentionné en WJ, p. 396 : kirtê « coupant » (l’origine du sindarin certh « rune »). La terminaison –tê semble ici dénoter quelque chose de fait par l’action exprimée dans le radical (ici manifestement KIR « couper, trancher » ; concernant la signification de ce radical, listé mais non défini dans « Les Étymologies », voir kir- dans l’Appendice du Silmarillion). Si nous considérons les gloses de Tolkien au sujet de WA3 – comme des verbes « tacher, souiller » plutôt que des noms323), wahtê aurait approximativement la même relation avec sa racine WA3 que kirtê avec KIR. – Le groupe médian ht a été assimilé en tt en vieux sindarin. Nous nous serions attendus à ce que tt devienne à son tour tth (comparer avec matth-, dérivé de maht- [voir matthô-be], probablement par l’intermédiaire de matt-). Nous devons supposer que watte représente une étape primitive du vieux sindarin, et qu’il devint plus tard #watthe (comparer avec le sindarin ultérieur gwath).

  • wattóbe « souiller, tacher ».

Dérivé du même radical WA3 « tacher, souiller »324) que watte ci-dessus. Une forme primitive wahtâ- est donnée. Il s’agit à l’évidence d’eldarin commun dérivant du quendien primitif #wa3tâ, dont le 3 fut assourdi en h (probablement = ach-Laut allemand ici) par contact avec des sons sourds comme t. Comparer avec LRW, p. 371 s.v. MA3, où un verbe primitif ma3-tâ donne l’eldarin commun mahtâ- (vieux sindarin matthô-be, q.v.) #Wa3tâ-, wahtâ- présente la fréquente terminaison verbale –tâ. Noter que dans watte ci-dessus, le ht antérieur est assimilé en tt en vieux sindarin. Nous manquons à nouveau de la transformation ultérieure tt > tth (comme dans mahtâ > #mattô-be > matthô-be), et il nous faut à nouveau supposer qu’il s’agit du début du vieux sindarin, la forme plus tardive étant #watthóbe (comparer avec le sindarin ultérieur gwatho). #Wahtâ- par lui-même donnerait normalement #watta- (#wattha-), mais lorsque la terminaison infinitive –be est présente, le â n’est pas final et devient ó de manière régulière, d’où wattóbe.

  • weda « lien, attache ».

Dérivé du radical WED325), défini par « attacher ». La forme primitive donnée est wedâ, qui est un bon exemple de –â fonctionnant comme terminaison nominative. Cependant, la signification d’un tel dérivé n’est pas entièrement prédictible de par sa relation avec la signification du radical : un wedâ est simplement un nom en rapport avec l’action d’attacher. Dans ce cas, indique un agent impersonnel, une attache est une chose qui attache. Mais contraster par exemple avec yura (#jurâ) dérivé du radical YUR « courir » ; ce nom ne dénote pas un « coureur » impersonnel, mais l’endroit où la course (de l’eau) a lieu : yura renvoit au « cours » d’une rivière.

  • -wega [forme composée] « -homme » comme élément dans les noms masculins, comme Bronwega (q.v.)

Dérivé du radical WEG « vigeur (virile) »326). La forme primitive wegô présente la terminaison masculine –ô et signifiait apparemment « homme » (c’est tout au moins la signification du mot quenya vëo, descendant de wegô). Tolkien mentionne aussi une « forme composée » -wego, avec abrégement du –ô final en –o. On trouve des parallèles à cela tant dans « Les Étymologies » que dans les sources plus tardives ; l’abrégement des voyelles finales longues dans les noms où ils fonctionnent comme second élément d’un composé semble être une règle générale. En LRW, p. 395 s.v. TUR, tûrô « seigneur » est dit avoir la forme turo (ou juste tur) dans les composés (par exemple dans Spanturo « Seigneur des nuages », LRW, p. 387 s.v. SPAN). Voir aussi WJ, p. 403, pour khînâ « enfant », apparaissant sous la forme –khîna dans les composés. La forme composée vieil sindarine –wega doit représenter –wego (quoique le –o court soit normalement perdu à l’étape eldarine commune ; il s’agit de notre seul exemple où il devient –a à la place).

  • wende « demoiselle », uniquement attesté dans le composé Bana-wende (voir Bana), mais clairement dérivé du radical WEN, également défini par « demoiselle »327).

La forme primitive serait #wendê, avec la terminaison féminine –ê ; le d pourrait provenir d’un radical étendu WENED (et une telle forme est effectivement listée en LRW, p. 398) ou être due à un affermissement médian n > nd.

  • [wintha] « cela disparaît, advesperascit » [latin : « le soir approche »].

Ce mot, listé en LRW, p. 399 s.v. WIN, WIND, fut biffé en même temps que la totalité de cette entrée des « Étymologies ». Le radical WIN (dont la variante avec affermissement médian est WIND) n’était pas lui-même défini, mais la glose du premier terme primitif listé dans cette entrée, windi « gris-bleu, bleu ou gris pâle », est probablement plus ou moins semblable à la signification basique du radical. D’autres dérivés primitifs, comme winjâ (winyâ) « soir », semblent développer l’idée de base qu’est « gris » (utilisé pour le crépuscule dans winjâ). Wintha était dérivé de la forme primitive winta- ; à la période la plus primitive, elle devait avoir été #wintâ-, car les –a courts finaux auraient déjà disparu à la période eldarine commune. #Wintâ- serait le radical WIN « #gris » avec la fréquente terminaison verbale –tâ ; la signification littérale serait peut-être « devenir gris » (et donc « disparaître »). La forme wintha présente l’intéressante transformation nt > nth, par ailleurs mal attestée ; voir thintha pour quelques éléments à ce propos. Le verbe thintha « disparaître »328) est en effet similaire à wintha par sa forme et sa signification ; lorsqu’il biffa l’entrée WIN, WIND, Tolkien nota une référence croisée vers THIN, comme pour suggérer que WIN devait être supprimé en faveur de THIN. La glose de wintha, « cela disparaît » (angl. « it disappears »), plutôt que « disparaître », est intéressante : elle indique que wintha- est à proprement parler une forme au présent plutôt qu’un infinitif (lequel serait #winthóbe). Il en va certainement de même pour d’autres verbes vieux sindarins en –a, quoiqu’ils soient traduits par des infinitifs : awartha « rejeter, abandonner », rista- « rompre, déchirer », sirya- « s’écouler », skhalia- « voiler, conceler », thintha « disparaître ». Le « cela » de la glose « cela disparaît » n’indique pas qu’un élément pronominal « cela » est présent (il s’agirait de –s, comme dans persôs « cela affecte », q.v.) « Cela disparaît » signifie ici « #il est en train de faire sombre » (comparer avec la glose latine advesperascit, le soir approche), donc le « cela » est une simple concession à l’idiome anglais et n’a pas de véritable signification ici.

  • wôia « enveloppe », en particulier de la Mer Extérieure ou de l’Air enveloppant le monde à l’intérieur des Ilurambar ou murs-du-monde.

Dans la source329), cette forme est marquée d’une astérisque comme n’étant pas attestée. Voir uia (la forme ultérieure).

  • wóra « souillé, malpropre ».

Dérivé du même radical WA3 « tacher, souiller »330) que watte ; la forme primitive donnée est wa3râ avec une terminaison adjectivale bien attestée (voir tára). La spirante 3 fut perdue très tôt, mais la voyelle la précédant fut clairement allongée par compensation, produisant une forme intermédiaire #wârâ (d’où le quenya vára) ; comme d’habitude, le â long non final donne le vieux sindarin ó (voir abóro).

Y

  • yadme « pont », uniquement attesté dans le composé elyadme « pont du ciel » = arc-en-ciel331).

Dérivé du radical YAT « joindre »332). La forme primitve donnée est jatmâ (yatmâ), avecune terminaison –mâ qui est souvent utilisée pour former des mots pour des équipements (voir parma ; comparer avec sniuma). Devant une consonne nasale, les plosives sourdes deviennent voisées en vieux sindarin, d’où tm > dm (pour d’autres exemples de ce phénomène, voir ndagno, ragme, tulugme). Puisque le –â long final devient normalement –a en vieux sindarin, nous pourrions nous attendre à #yadma à la place. Cependant, il semble que les terminaisons –mâ, -wâ furent altérées en –mê, -wê après les t ; comparer avec katwe (q.v.), dérivé de katwâ. Cette transformation jatmâ > #jatmê devait avoir déjà eu lieu en eldarin commun, puisqu’elle se retrouve dans le quenya yanwë.

  • yaiwe « moquerie, mépris ».

Dérivé du radical YAY « moquer »333) ; la forme primitive devait être #yaiwê, où la terminaison –wê est vue former ce que l’on peut considérer être un gérondif. Parmi d’autres mots primitifs présentant cette terminaison « reconstruits » par Tolkien lui-même, on compte et-kuiwê « éveil », dérivé de KUY « éveiller »334) et wanwê « mort », dérivé de WAN « partir »335). Dans LRW, p. 398 s.v. WEG, Tolkien affirme explicitement que –wê est un suffixe abstrait.

  • yen-panta « âgé, doté de longue vie », littéralement « #plein d’ans »336).

Ce mot n’est pas dit explicitement être du vieux sindarin, mais il est listé comme forme ancestrale du sindarin ifant (qu’il est préférable d’orthographier iphant si nous utilisons l’orthographe décrite dans l’Appendice E du SdA), c’est pourquoi nous l’incluons ici. De plus, le mot panta « plein » (q.v. pour l’étymologie) est lui-même attesté comme mot vieux sindarin. L’élément yensignifie ici « année », représentant la radical YEN lui-même (d’après « Les Étymologies », ce radical signifie aussi « année », mais dans le SdA, Tolkien usa son dérivé quenya yén pour désigner une « année longue » ,un siècle elfique de 144 années solaires – mais ce n’est apparemment pas la signification voulue ici). Tolkien esquisse une évolution yen-panta > impanta > in-fant (devenant évidemment iphant à son tour). Cela ne saurait être accepté de façon littérale ; en particulier, nous ne pouvons guère passer de impanta à in-fant. Peut-être Tolkien voulut-il simplement indiquer que le sindarin ifant (iphant) représente in (forme brève de în « année ») et fant (phant), une forme avec mutation nasale de pant « plein »337). L’évolution réelle du sindarin iphant doit plutôt s’imaginer comme suit : au quenya yén correspond le vieux sindarin #yín (puisque le é long devint í en v. sind.). Un composé #yín-panta devient impanta lorsque le i est abrégé devant un groupe consonantique, y disparaît devant i, et n est assimilé au p le suivant, devenant m. Plus tard, mp est un peu plus assimilé en pp, qui donne ph = f en sindarin. D’où ifant, iphant.

  • yura « course ».

Formé à partir du radical YUR « courir »338), se référant ici à la course de l’eau, quoique ce radical ne soit pas spécifiquement associé avec cet élément – contraster avec KEL, défini par « aller, courir (en particulier pour l’eau) »339). La forme primitive devait être #yurâ, avec –â comme terminaison nominale dénotant ici l’endroit où l’activité désignée par le radical a lieu – c’est-à-dire là où quelque chose, nommément l’eau, court. Comparer avec le synonyme rattha (q.v.), dérivé de rattâ, présentant la même terminaison (comme yura, rattha est dérivé d’un radical en rapport avec le mouvement : RAT « marcher »).

  • yurine « je cours ».

Formé à partir du même radical YUR « courir »340) que dans yura ci-dessus. La partie yuri- est simplement le radical en i primitif #yuri sans modification. Il s’agit d’un simple aoriste « cours / courons / courez / courent » (par opposition avec la forme continuative # yûrâ « est en train de courir »). En lui-même, ce mot apparaîtrait sous la forme #yure en vieux sindarin (comparer avec la terminaison –e dans trenare), puisque les –i courts finaux devenaient –e en eldarin commun. Lorsqu’elle n’est pas finale — devant une terminaison, comme le suffixe pronominal –ne « je » — la voyelle finale reste inchangée. L’évolution précise du suffixe lui-même est incertaine. La terminaison quenya –nye pourrait pointer vers une ancienne forme #-njê ; celle-ci donnerait –ne en vieux sindarin : les sons palatalisés primitifs étaient dépalatalisés en lindarin commun341) ; voir kelepe. Ainsi, nj deviendrait un n normal, et le –ê long final serait abrégé en –e. Cependant, il est aussi possible que le suffixe –ne ait eu à l’origine la même forme que le radical NI2 « je »342). #Yurini deviendrait yurine en vieux sindarin, le –i court final se transformant à nouveau en –e en eldarin commun. (S’il en est ainsi, le quenya –nye pourrait s’expliquer comme étant une élaboration ultérieure d’une terminaison –ne plus simple, peut-être pour éviter toute confusion avec la terminaison passée –ne.)

Voir aussi

Sur Tolkiendil

Sur le net

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21) , 200) , 287) , 291) , 297) , 312) , 319) LRW, p. 392.
22) L, p. 425.
23) , 24) , 25) , 26) , 29) , 30) , 43) , 44) LRW, p. 351.
27) LRW, p. 351 s.v. BARATH.
28) PM, p. 345.
31) LRW, p. 351 s.v. BAR.
32) , 33) , 34) , 35) , 38) , 51) , 61) LRW, p. 352.
36) , 96) , 272) VT 39, p. 16.
37) , 41) , 48) , 50) LRW, p. 353.
39) , 53) , 131) , 133) , 136) , 138) , 139) , 144) , 145) , 146) , 173) LRW, p. 375.
40) , 42) LRW, p. 353 s.v. BOR.
45) , 108) LRW, p. 364.
46) , 65) , 68) , 196) , 282) LRW, p. 389.
49) LRW, p. 353 s.v. BORÓN, p. 398 s.v. WEG.
52) , 58) LRW, p. 354 s.v. DER.
54) , 161) , 190) , 191) , 192) , 193) , 194) , 197) , 220) LRW, p. 380.
55) cf. LRW, p. 371 s.v. MA3-.
56) , 64) , 134) LRW, p. 354.
59) , 303) LRW, p. 359.
60) N.d.T. : lire « précoce ».
62) , 141) , 169) , 342) LRW, p. 378.
63) LRW, p. 375, 354.
66) LRW, p. 357.
67) , 113) , 115) , 116) , 120) , 123) , 124) , 127) LRW, p. 371.
70) WJ, p. 365.
71) , 92) LRW, p. 372.
72) MR, p. 387.
75) WJ, p. 368—369.
77) LRW, p. 360 s.v. 3EL.
78) , 257) LRW, p. 356.
79) LRW, p. 368 s.v. LED.
80) N.d.T. : en anglais, exile peut signifier aussi bien « exil » que « exilé ».
81) LRW, p. 368 s.v. LED.
82) , 198) , 252) , 253) , 265) LRW, p. 385.
83) LRW, p. 381 s.v. PHIN.
84) , 101) LRW, p. 362.
85) , 266) , 267) , 268) , 269) , 273) , 275) LRW, p. 387.
86) PM, p. 361—362.
87) , 88) , 89) , 156) , 158) LRW, p. 358.
90) WJ, p. 400.
91) PM, p. 363.
93) LRW, p. 358 s.v. GÁYAS.
94) , 277) , 278) , 280) , 281) LRW, p. 388.
97) LRW, p. 357 s.v. EZDÊ.
98) LRW, p. 400 s.v. YEN.
99) , 235) , 237) , 239) LRW, p. 383.
100) LRW, p. 361 s.v. ID.
102) , 143) LRW, p. 361.
103) , 125) LRW, p. 371 s.v. MASAG.
104) , 165) MR, p. 350.
105) , 339) LRW, p. 363.
106) LRW, p. 365 s.v. KHYEL(ES).
107) , 270) PM, p. 362.
109) N.d.T. : une erreur de lecture du manuscrit donnait « ku, kua », orthographe erronnée reprise dans la version originale de cet article, ce qui explique également certains des raisonnements développés dans la deuxième partie de cet article, qui ont été mis éditorialement entre accolades.
110) LRW, p. 365.
111) LRW, p. 368.
112) LRW, p. 369.
114) LRW, p. 371 s.v. MA3.
117) LRW, p. 376 s.v. NEI.
118) LRW, p. 382 s.v. PHOR.
119) LRW, p. 396 s.v. UR.
126) LRW, p. 373.
128) WJ, p. 368.
129) , 130) , 137) , 209) , 295) LRW, p. 374.
132) N.d.T. : en anglais fish-watcher, littéralement « guetteur de poisson ».
135) N.d.T. : la version originelle de l’article donne « nd », clairement une coquille.
140) LRW, p. 375 s.v. NDIS-SÊ/SÂ.
147) , 148) , 150) , 307) LRW, p. 376.
149) WJ, p. 413.
151) LRW, p. 388 s.v. STAK.
152) SD, p. 129.
153) LRW, p. 376, 356.
154) LRW, p. 367.
155) WJ, p. 394.
157) Version originale : « refers to sounds, especially to vocal sounds, but was applied only to those that were confused or inarticulate. It was generally used to describe the various cries of beasts. » WJ, p. 416.
159) LRW, p. 381 s.v. PHIN.
162) LRW, p. 377 s.v. ÑGOL, ÑGOLOD.
164) , 166) WJ, p. 383.
168) LRW, p. 378—379.
170) , 309) LRW, p. 399.
171) N.d.T. : alternativement, nous pouvons faire l’hypothèse qu’il s’agit d’une erreur de lecture du transcripteur du manuscrit, et qu’au lieu d’un accent circonflexe marquant une voyelle longue, il s’agisse d’un accent aigu, identifiant une voyelle accentuée, voir même un accent aigu combiné avec une brève, laquelle marquerait spécifiquement qu’il s’agit d’une voyelle brève.
172) N.d.T. : la traduction anglaise « lament » peut aussi bien représenter un nom qu’un verbe.
174) LRW, p. 379 s.v. SNEW.
176) , 183) , 234) , 238) , 240) , 241) , 244) , 246) , 247) , 251) LRW, p. 384.
177) LRW, p. 363 s.v. KHAL2.
180) WJ, p. 390.
184) LRW, p. 400 s.v. YAG ; p. 394 s.v. TUB ; p. 395 s.v. TUN.
187) , 226) , 334) LRW, p. 366.
188) WJ, p. 375, cf. p. 407 n. 5.
189) WJ, p. 392.
195) LRW, p. 380 s.v. PEL.
199) , 204) , 205) , 208) , 210) , 212) , 213) , 214) , 216) , 218) , 224) LRW, p. 381.
201) N.d.T. : foam peut aussi bien signifier « écume » que « écumer » en anglais.
202) LRW, p. 387 s.v. SPAR.
203) LRW, p. 387 s.v. SPAR.
206) LRW, p. 381 s.v. PHAY.
207) LT1, p. 253.
211) PM, p. 352.
215) LRW, p. 381 s.v. PHIN.
217) N.d.T. : Dans le PE 17, Tolkien envisagea d’abord la dérivation SPIN- « un cheveu, filament » > q. phin- id., phindelë « masse de longs cheveux », avant de la rejeter en faveur de SPIN- « fil fin, filament » donnant *spindē > q. finë, sind. find, finn « cheveu », ainsi que *spindilā > sind. †findel. Cette base restait différente de PHIN « talentueux, habile », quoiqu’ayant un lien avec elle ; cf. PE 17, p. 17, 119, 181, 185.
219) PM, p. 340.
221) , 225) , 228) , 229) , 231) , 232) , 236) LRW, p. 382.
222) LRW, p. 386 s.v. SLIG.
223) UT, p. 266.
227) LRW, p. 382 s.v. POTÔ.
230) WJ, p. 416.
233) LRW, p. 372 s.v.MBUD.
243) N.d.T. : la raison pour laquelle Tolkien souhaitait ne pas modifier Rhûn est que ce mot apparaissait dans les deux premiers tomes du SdA, publiés à une époque où le « noldorin » des Étym. n’était pas encore devenu du sindarin et où l’évolution phonologique était toujours v. nold. r- > nold. rh-.
245) LRW, p. 389 s.v. SYAD.
248) N.d.T. : et comme nom du bélier plus tard utilisé par les forces du Mordor pour briser les portes de Minas Tirith lors de la bataille des Champs du Pelennor.
249) LRW, 385.
261) LRW, p. 393.
262) , 300) , 301) LRW, p. 395.
264) N.d.T. : la version originelle portait un « form » excédentaire, supprimé à la traduction.
271) LRW, p. 387 s.v. SPIN.
274) LRW, p. 383 s.v. RIM.
276) LRW, p. 368 s.v. LAS2.
279) N.d.T. : les termes angl. cleft, split peuvent aussi bien se comprendre comme noms que comme adjectifs ou participes passés.
283) LRW, p. 390.
284) , 285) LRW, p. 391.
286) N.d.T. : la version originale donnait « skapati », clairement une faute de frappe.
288) LRW, p. 392 s.v. THOR, THORON.
289) WJ, p. 366.
290) , 298) , 299) , 321) LRW, p. 394.
292) LRW, p. 392 s.v. TER/TERES.
293) LRW, p. 352, dans l’entrée BAT.
294) LRW, p. 374 s.v. NAR2.
296) LRW, p. 374 s.v. NAR2.
304) , 305) RGEO, p. 69.
306) , 335) LRW, p. 396.
308) WJ, p. 404.
311) WJ, p. 365—366.
313) N.d.T. : la version originale donnait ici wonôrê, clairement une coquille.
314) LRW, p. 378 s.v..
315) LRW, p. 394 s.v. TOR.
317) , 326) , 327) LRW, p. 398.
320) LRW, p. 394 s.v. TOR.
323) N.d.T. : stain et soil peuvent être aussi bien des verbes que des noms en anglais.
328) LRW, p. 392 s.v. THIN.
329) LRW, p. 397 s.v. WAY.
331) LRW, p. 360 s.v. 3EL.
336) LRW, p. 400 s.v. YEN.
337) LRW, p. 366 s.v. KWAT.
341) N.d.T. : lire « telerin commun ».
 
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